2011 ? Sale année !

Jan 4, 2012 - 18:30
Jan 4, 2012 - 18:30
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L’année 2011 aura vécu, riche en événements et en enseignements, riche également en problèmes et crises qui ne sont pas près de voir leurs solutions. Que doit-on en retenir ?

 

Il y a quelques jours, le Fonds monétaire international (FMI), récompensant un de ses bons élèves, créditait le Mali de plus de vingt milliards de FCFA, pour permettre à ce pays de réaliser certaines actions et réformes. Une véritable bouffée d’oxygène qui prédit une remontée de la croissance, malgré le contexte international toujours incertain : un taux de 5% est attendu par les experts. Mais ce cadeau de fin d’année n’efface pas tout le reste, c’est-à-dire la face visible de l’iceberg. Les prix qui grimpent, le panier de la ménagère qui reste introuvable, le front social qui grogne, l’inflation qu’on ne maîtrise pas, le salaire qui ne couvre pas les besoins, etc. 2011 aura été une sale année pour ATT. Et pas que sur le plan économique. En effet, le président sortant, avant de sortir, a du mal à faire passer «ses » réformes.

 

Sur le plan social. L’assurance maladie obligatoire (AMO) est un échec. Cette véritable modernisation du système de sécurité sociale, qui a pourtant connu un énorme succès dans d’autres contrées parce que présentant des avantages certains pour ses abonnés, l’AMO, a été mal accueillie au Mali. Le gouvernement précédent y est certes pour quelque chose. Les ministres concernés par le projet n’ont pas pu ou su se l’approprier, au point de l’expliquer correctement et de le faire avaler par la population. Comme d’habitude, on s’est contenté d’un simple « copier-coller », sans faire participer les principaux acteurs au processus. A cet amateurisme aveugle, on peut ajouter comme facteur d’échec la manipulation et la récupération politiciennes dont ont fait l’objet le projet et certains responsables syndicaux. Aujourd’hui, UNTM et CSTM se regardent plus que jamais en chiens de faïence, et la police, par exemple, est divisée. Pour finir, le gouvernement a fait montre d’une grande faiblesse en supprimant le caractère obligatoire de l’AMO.

 

Une autre réforme majeure sur laquelle ATT a cédé à la faiblesse, et pourrait bientôt se « coucher », c’est le code de la famille et des personnes. Adoptée en 2008 par l’Assemblée nationale, une version moderne, respectueuse des droits humains et des valeurs sociétales, avait été rejetée par le chef de l’Etat sous prétexte que les courants conservateurs et rétrogrades, véritables fléaux sociaux qui commencent, hélas ! à proliférer et à s’imposer sous nos cieux, n’étaient pas contents du fait que les femmes et les enfants bénéficient légitimement de droits universellement reconnus partout ailleurs. Ils ont si bien battu le pavé et vociféré à tue-tête qu’ATT a fini par leur concéder une seconde lecture parlementaire du projet. En fait de relecture, le projet de loi portant code de la famille et des personnes adopté récemment par les députés serait le fruit de responsables d’associations islamiques qui continuent à y défendre leurs chers privilèges. Et d’après ce texte, qui aurait été adopté sans lecture en plénière, on peut désormais s’offrir en mariage une gamine de 16 ans, et voler son héritage à un enfant né hors mariage, les femmes et les enfants ont beaucoup moins de droits et de libertés qu’avant 1962. ATT, qui a toujours peur du combat parce que connaissant la guerre, laissera-t-il faire, dans un « souci d’apaisement et de cohésion sociale » ? Va-t-il promulguer cette reculade ?

 

Un autre échec du gouvernement, c’est incontestablement celui de la politique sécuritaire, en général, au nord en particulier. Le septentrion connait une recrudescence de banditisme armé et de terrorisme, avec la multiplication des enlèvements. Une dizaine d’étrangers seraient encore entre les mains d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, la cellule terroriste qui, en commanditant des enlèvements d’Européens sur le sol malien, aura rompu le semblant de gentlemen agreement avec les forces armées et de sécurité. Contraignant les autorités maliennes à une riposte, pour le moment hésitante et inappropriée, qui ne prend pas en compte toutes les données relatives au retour de Libye d’hommes armés mais sans ressources.

 

2011 a également été émaillé de diverses contestations, d’ordre politique, liées à la révision du fichier électoral et à la configuration de la CENI.

 

Le gouvernement de mission, constitué en avril, semble avoir atteint ses limites, le Premier ministre n’ayant visiblement pas les mains libres pour gérer efficacement une équipe disparate et hétéroclite, que certains ont intégré pour des raisons personnelles et particulières, où d’autres roulent pour des causes partisanes, tous étant obnubilés par les futures élections.

Mais devant tous ces problèmes, le grand ATT a trouvé la solution-miracle du siècle : multiplier les jours fériés, chômés et payés sur toute l’étendue du territoire national. Une sinécure pour une fonction publique qui ne brille déjà pas par le travail, mais un calvaire pour le secteur privé qui ne voit toujours pas le bout du tunnel.

2012 ? C’est une autre paire de manches.

Cheick TANDINA

 

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