22 septembre 1960 : Le Président Modibo Kéita : "La République du Mali est née.
![Défilé devant les troupes de l’armée le 20 janvier 1961 © maliweb.net](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2013/09/Modibo_Keita.png)
© maliweb.net[/caption] 22 septembre 1960-22septembre 2013, la république du Mali à 53 ans. Le discours de proclamation de l’indépendance que nous vous proposons de long en large, fut prononcé par Modibo Kéita, le 22 septembre 1960, lors du congrès extraordinaire de l'Union soudanaise-RDA à Bamako. Chers camarades, A la conférence territoriale du parti, il y a trois semaines, nous nous sommes contentés d'un exposé objectif du déroulement des événements de Dakar, sans en tirer les conséquences. Nous avons par la suite pris un certain nombre de contacts qui ont projeté plus de lumière sur les origines plus ou moins lointaines desdits événements. C'est ainsi que j'ai répondu à l'appel du président de la République française, aux invitations du roi du Maroc et du président de la République du Ghana. D'autre part, des missions ont été envoyées à l'extérieur : USA, ONU, Allemagne fédérale, pays de l'Est, Afrique occidentale. Pour mieux suivre le sens de notre action politique pendant ces derniers mois, il est indispensable que nous examinions la situation créée en Afrique depuis le référendum du 28 septembre 1958. Le 28 septembre, les conditions politiques intérieures nous imposèrent un vote favorable à l'entrée dans la Communauté. En outre, nous avons pensé et pensons encore que les chances de réalisation de l'unité sont très aléatoires pour des Etats accédant à l'indépendance, car, devenus souverains, ils affirment leur personnalité aussi bien sur le plan intérieur que sur le plan extérieur. Aussi avions-nous espéré que l'autonomie était pour les Etats africains la période la plus favorable de leur évolution pour la réalisation de leur unité. Evidemment, cela supposait de la part des dirigeants de ces Etats, une indépendance totale à l'égard des puissances d'argent et des autorités des anciennes métropoles. Résister à l'action destructrice des anciennes puissances coloniales ! Par ailleurs, nous avons estimé et estimons encore que c'est dans l'unité que l'Afrique pourra résister à l'emprise des forces impérialistes et renforcer le camp de la paix. A l'exclusion de la République arabe unie dont on ne peut pas encore tirer toutes les conclusions sur le plan africain, mais qu'il faut néanmoins saluer comme une volonté de l'Afrique de réaliser son unité, et de la Fédération du Mali dont l'existence fut précaire par la trahison des dirigeants sénégalais, les Etats indépendants d'Afrique en sont encore à la recherche des bases de coopération sur le plan économique et culturel. Mais nous pensons qu'il faut aller au-delà de ces formules pour que l'Afrique puisse résister à l'action destructrice des anciennes puissances coloniales qui, ayant perdu la domination politique, veulent asseoir une domination économique et culturelle. Certes, il faudra du temps et des efforts. Dans ce domaine, aucun pays ne peut nous donner des leçons de patience et de courage. D'aucuns peuvent penser que notre association avec le Sénégal a été un échec. C'est voir subjectivement le problème, ce qui empêche d'en saisir toutes les conséquences. Tout d'abord, la Fédération du Mali a permis au Sénégal d'aller à l'indépendance parce que tout le monde sait que les dirigeants sénégalais, empêtrés dans leurs difficultés intérieures, isolés du reste de l'Afrique, et pour cause, ne pouvaient pas, seuls, y conduire leur pays. D'autre part, l'accession à la souveraineté internationale de la Fédération du Mali a conduit certains Etats africains, jusqu'alors hostiles à toute idée d'indépendance, à faire usage de leur droit à l'indépendance. Faudrait-il rappeler que la création du Mali et son accession à l'indépendance ont considérablement contribué à la réalisation de l'unité politique au Soudan? Nous avons pu ainsi nous assurer du contrôle politique et administratif de la République soudanaise. J'estime également que la sécession du Sénégal a été le ferment de la mobilisation générale des populations soudanaises. Elle permettra à la République soudanaise de réaliser pleinement ses objectifs politiques, économiques, sociaux et culturels sur la base d'un véritable socialisme, et uniquement en fonction des intérêts des couches les plus défavorisées. La démonstration sera également faite aux dirigeants sénégalais que la République soudanaise était le principal marché des industries et entreprises sénégalaises, que notre République n'était pas pauvre et que le Sénégal était riche de notre richesse. Nous entendons garder nos richesses, mêmes humaines, pour accélérer le développement économique de notre république. Les mesures prises, tant à l'intérieur de la République soudanaise qu'à l'extérieur, nous imposeront pour une certaine période des sacrifices qui sont, je le sais, déjà acceptés. Il faut prévoir un isolement possible du Soudan, par la force des choses et par l'évolution des événements politiques. Il s'agit donc dès maintenant, face à cette éventualité, d'envisager les voies et moyens pour une économie socialiste planifiée. Nous ne nous arrêterons pas aux slogans, aux formules toutes faites, nous innoverons, partant des réalités maliennes greffées sur les expériences réussies ailleurs. Est-il besoin de préciser que la modification de nos structures économiques, n'entravera en rien les activités normales du secteur privé ? Problème algérien, socialisme, responsables français, dirigeants sénégalais et la sécession ! Vis-à-vis de la République française, nous avons fait preuve de loyauté. Je ne veux pas ici reprendre les arguments développés dans certains journaux qui précisent les origines, les causes réelles de la sécession du Sénégal. Notre position sur le problème algérien, notre détermination à construire un véritable socialisme, notre volonté de réaliser, avant toute autre association, une véritable communauté africaine, ont déterminé certains responsables français à conduire les dirigeants sénégalais à la sécession. Je n'en veux pour preuves que quelques faits :
- 1. Le refus systématique de la France, en application des accords franco-maliens, d'apporter son appui pour que soit assurée la sécurité intérieure de la Fédération du Mali ;
- 1. A appréhender les compétences transférées par la République soudanaise à la Fédération du Mali
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