Libération de l’otage et ex-leader de l’opposition malienne : Soumaïla Cissé tirera-t-il profit de sa captivité ?

Malgré quelques intrigues et interrogations sur sa détention durant presque 6 mois dans le « Grand Sahara », l’ex-leader de l’opposition malienne, libéré et arrivé à Bamako le jeudi dernier, semble avoir du vent en poupe pour tirer profit de sa mésaventure.

Ce qui n’a pas empêché le leader de l’URD de remercier longuement les nouvelles autorités du pays, sans oublier de souligner les efforts déployés par le régime défunt d’IBK pour sa libération et la communauté internationale pour son implication et assistance. Et Soumaïla Cissé de souligner son statut de détenu « respecté » auquel aucune « violence physique ou verbale » n’a été faite. Sans omettre de se féliciter de la diligence et de l’efficacité de l’intervention du président de la Transition, Bah N’Daw et de son vice-président, le Colonel Assimi Goïta.

Par ce retour en force sur la scène politique, l’ex-leader de l’opposition malienne, qui a recouvré sa liberté grâce à un échange de plus de 200 prisonniers jihadistes et sûrement le payement d’une rançon, semble reprendre du poil de la bête. M. Cissé est dans la posture du leader auquel les joutes du débat politique manquent visiblement qui veut se rattraper, conscient du contexte favorable de cette transition politique, après la chute du président IBK le 18 août dernier. N’est-ce IBK qui apparaissait justement comme une sorte de bête noire électorale en 2013 et en 2018, après son échec à sa première élection présidentielle en 2002 contre un certain ATT ?

En effet, dans au plus 17 mois, « Soumi Champion », comme l’appellent affectueusement ses partisans devra se retrouver sur le ring de sa quatrième candidature à une élection présidentielle. Cette fois, il pourra se réjouir qu’il n’y aura pas IBK sur ce ring ; il n’y aura aucune autre grosse pointure de l’échiquier politique malien. Soumi sera certainement face à des poids plumes comme Modibo Sidibé des FARE AnkaWuli, Moussa Mara de YELEMA, Aliou Boubacar Diallo de l’ADP-Maliba, Tiéman Hubert Coulibaly de l’UDD et peut-être Cheick Modibo Diarra du RpDM. Des prétendants au fauteuil présidentiel que le chef de file de l’opposition a toujours battu à plate-couture, son parti étant devenu le plus important de contre-pouvoir à IBK. Mais, Soumaïla Cissé doit-il jubiler déjà d’un boulevard tout nettoyé pour lui vers le palais présidentiel de Koulouba ? Rien n’est moins sûr, par ces temps de décrédibilisation profonde de la vieille classe politique. Sans oublier la soif de changement d’un peuple malien meurtri devant peu glorieux des trente ans de sa démocratie.