« L’on doit supposer à raison que le vainqueur de l’élection présidentielle malienne a mené une bonne campagne électorale au regard du résultat obtenu… L’absence de suspens est cependant de nature à faire admettre l’existence de zones d’ombre dans le processus ».
![Elections-2](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2013/08/élections-2.jpg)
Il s’appelle ZAKARI GBESSIA. Et il est le président de l’ONG togolais
« Chez Soi Togo ». Comme à l’issue du premier tour du scrutin malien, il a accepté, au second, nous livrer ses impressions.
Il a tout d’abord félicité le vainqueur de l’élection.
« On suppose qu’il a réussi une bonne campagne électorale ». Et d’ajouter qu’il s’agit bien d’une élection propre.
Mais, poursuit-il,
«l’absence de suspens est de nature à faire admettre l’existence de zones d’ombre dans le processus… On avait l’impression que les résultats étaient connus d’avance… Ce manque de suspens a entamé l’engouement et a conduit à une certaine morosité par rapport au 1er tour… ».
Mais qu’entend M. GBESSIA par « zones d’ombre » ? «
Des aspects que les observateurs internationaux n’ont certainement pas compris », précise-t-il. Et d’ajouter que la mission des observateurs doit s’effectuer avant, pendant et après le scrutin. Ce qui n’a pas été le cas.
Existe-t-il une différence entre une élection propre et une élection bien faite ? Oui, à en croire, M. GBESSIA !
« Une élection bien faite comporte toujours une dose de suspens surtout pour une élection historique comme celle malienne. Bien entendu, aucune élection n’est propre à 100%».
S’agissant des observations à proprement parler, le visiteur note avec satisfaction que la CENI (Commission électorale Nationale Indépendante) s’est très bien rattrapée en corrigeant les imperfections du 1
er tour. Il existait cependant des couacs en certains endroits :
« des mandataires ne connaissant pas souvent le nom du parti qu’ils représentaient sur place ou ne se montraient pas disposés à l’endroit d’électeurs qu’ils soupçonnaient d’appartenir à l’autre camp ; pas de fiche de passage des observateurs dans les bureaux de vote… La présence de ces observateurs internationaux est pourtant de nature à rassurer les électeurs… Ils (les observateurs internationaux) leur donnent confiance puisque n’étant pas partie prenante du processus».
Mais comment se déroule en général un scrutin au Togo ?
«Ici, les électeurs sont toujours présents. Le suspens aussi. Sur le plan électoral, le peuple Togolais a acquis une maturité certaine. Tenez : c’est à cause de l’engagement des citoyens que les organisateurs des scrutins ont limité le nombre d’électeurs à 400 par bureau de vote. Mais j’avoue qu’aucun de ces bureaux ne désempli du début jusqu’à la fin des opérations… Et je profite de l’occasion pour suggérer notre expertise à nos frères maliens. Je signale que les membres de l’ONG –Chez Soi Togo- sont également des formateurs attitrés de l’Ecole de Base EMMAÜS – PARIS spécialisée dans la bonne gouvernance ».
Parlant de la démarche du vaincu, M. Soumaïla Cissé, notre interlocuteur se dit heureux d’être, ce jour, africain.
«Le Mali, à travers ce geste de M. Cissé, a donné une bonne leçon au monde entier… Au Togo, le vaincu de l’élection présidentielle de 2010, Jean Pierre Fabre n’a pas reconnu sa défaite à fortiori se rendre chez le vainqueur pour le féliciter… Disons-le franchement : Soumaïla Cissé a posé là un acte majeur… Mais que se serait-il passé si la tendance était inversée ? Qu’aurait-il advenu si M. Cissé n’avait pas reconnu sa défaite ? J’insiste sur ce point : il est important de procéder à une formation adéquate de tous les acteurs, avant, pendant et après le processus».
Quels conseils pourrait-on éventuellement donner aux organisateurs maliens dans la perspective des prochaines législatives ? Pour M. GBESSIA,
«il est tout d’abord important que tous les citoyens soient régulièrement inscrits et en possession de leurs cartes d’électeurs. Quant à la CENI, elle doit davantage sécuriser et rendre plus accueillants ses locaux. Elle doit en outre s’appliquer à meilleure gestion des observateurs internationaux ».
Signalons que le Togo doit, à son tour organiser ses élections communales au mois d’octobre prochain. L’ONG « Chez Soi Togo » entend inviter des observateurs maliens pour les besoins de la cause.
B.S. Diarra