Le Premier ministre de pleins pouvoirs de la transition, Cheick Modibo Diarra veut postuler à la présidentielle de 2013. Pour son ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Moussa Sinko Coulibaly, "pas question, ça ne se fera pas". Les deux hommes entretiendraient une relation de "je t’aime, moi non plus".
[caption id="attachment_90979" align="alignleft" width="319"]

Moussa Sinko Coulibaly, ministre de l'Administration territoriale[/caption]
Cheick tiendrait à cette présidentielle de 2013 comme à la prunelle de ses yeux et se prépare désormais à un tel scénario. Il ne s’en cacherait même plus dans les actes et les discours. Et une délégation de l’Union européenne l’aurait appris à ses dépens à quelques jours de la fête de Tabaski.
Il aurait dit à ses hôtes qu’on ne lui avait pas dit le jour de sa nomination qu’il ne pourra pas se présenter à la présidentielle. Une pure diversion quand on sait que l’Accord-cadre qui a servi de cadre à la nomination du Premier ministre de pleins pouvoirs qu’il est, a clairement dit que ce dernier ne pourrait être candidat à la présidentielle qu’il doit organiser (2e mission d’ailleurs de ce gouvernement).
Mieux, de retour de Paris, le président intérimaire, Pr. Dioncounda Traoré, dans son discours à la nation, avait clairement déclaré que les autorités de la transition (président par intérim, Premier ministre, membres du gouvernement) ne seront candidats à aucune élection. Ce discours avait précédé la reconduction du PM.
En tout cas, son ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Moussa Sinko Coulibaly n’est pas prêt à oublier tous ces garde-fous qui ont été placés sur le chemin de la transition pour éviter qu’elle ne dérape.
Lors d’une réunion avec les représentants des partis politiques le jeudi 1er novembre2012 au gouvernorat du district, le ministre Moussa Sinko Coulibaly s’est prononcé clairement sur l’inéligibilité des acteurs de la transition. "Ni le président, ni le Premier ministre et les ministres ne seront candidats à la présidentielle de 2013. Il est écrit dans tous les documents que la transition doit être neutre. On ne peut pas être juge et partie", a-t-il déclaré.
Il a ajouté : "On ne peut pas être de cette transition et avoir des ambitions politiques. Ça ne se fera pas. Parce qu’en acceptant que des membres de la transition soient dans la course, nous courons le risque de fausser le jeu. Deux missions sont confiées au gouvernement de transition : la reconquête du Nord et l’organisation d’élections libres et transparentes. Chacun a des ambitions personnelles, mais le moment ne se prête plus à cela. A tous ceux qui sont membres des organes de la transition et qui nourrissent des ambitions politiques, vous attendrez 2018".
Voilà des propos qui ont sonné le glas des ambitions présidentielles de notre PM de pleins pouvoirs dont le travail consiste ces derniers temps, non plus à se consacrer à la libération du Nord et l’organisation des élections libres et transparentes, mais à mettre en place des artifices qui dénotent de ses réelles ambitions "pouvoiristes", comme le noyautage de l’administration par ses partisans.
Chef de l’administration de fait, l’homme serait en train de placer ses "pions" à tous les niveaux de la gouvernance au Mali. Certains expliquent la grande folie de nominations lors des conseils de ministres par cet état fait, l’homme voulant tout de suite phagocyter l’appareil administratif.
Peut-on rejeter un tel reproche quand on sait que l’homme dirige un gouvernement qu’il s’est taillé sur mesure ? C’est un secret de polichinelle de dire que le gouvernement actuel est constitué à 80 % de copains de "grins" et compagnons de parti de Cheick Modibo Diarra, s’ils ne sont pas simplement des membres de sa famille ! Et des indiscrétions émanant de son entourage indiquent qu’il serait même disposé à démissionner si l’occasion lui est offerte, afin de se libérer une bonne fois pour toutes de la clause interdictrice et se concentrer sur la présidentielle à venir.
C’est dire à quel niveau de dégradation peuvent se trouver les relations entre Cheick Modibo Diarra et son ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Moussa Sinko Coulibaly, lequel cherche à contrarier les ambitions du PM déloyales envers le Mali.
Certains disent que les deux hommes auraient une relation de "je t’aime, moi non plus". Et quand on sait combien de fois le PM tient à cette présidentielle de 2013 - sûr qu’il est de l’emporter - on comprend qu’il va falloir pour le ministre Sinko taper encore du poing sur la table comme il avait su le faire lors d’un conseil de ministres quand on avait voulu émietter les prérogatives de son département au profit du ministre des Affaires religieuses et du Culte.
Abdoulaye Diakité