A propos du choix du fichier électoral : Ce qui plombe les « 32 »

Pour le choix du fichier devant servir de base à l’organisation des élections libres et transparentes en 2012, la classe politique est toujours agitée. Si le choix d’un Fichier électoral consensuel (FEC), qui n’est autre que le Race amélioré, a été adopté, 32 partis politiques veulent remettre en cause ce choix. Un combat difficile à gagner par eux à cause du retard de leur réaction et l’impertinence de leur revendication.

Le climat est en train de se détériorer entre l’administration et une frange de la classe politique au fur et à mesure qu’on s’approche des élections générales de 2012. Non contents du Race (Recensement administratif à caractère électoral) amélioré que certains appellent Fichier électoral consensuel (FEC), 32 partis politiques ont sonné la rébellion. Ces 32 partis que sont : ANC, BMDT, Cnid/FYT, Codem, COPP, FDM, MADI, MCRM, MDD, MPJS, Mplus/Ramata, MPR, Parena, Pari, PASD, PDM, PE du Mali,  PJD, PJDD, PPP, PRDT, PSDM, RCA, RDP, RDS, RPDM, SADI, UDM, UM-RDA faso Jigi, UNPR, URD, Yelema, rejettent toute idée de tirer le FEC en question du Race, source, selon eux de toutes les fraudes électives au Mali. Ils vont jusqu’à insinuer qu’au lieu du FEC, comme indiqué par les experts qui ont été commis à cet effet, l’outil doit s’appeler Fichier électoral consensuel et fiable (FECF). Et le Pr. Younouss Hamèye Dicko, porte-parole de cette coalition n’a pas manqué d’ironiser les tenants du Race amélioré le vendredi 8 juillet 2011 lors d’une conférence de presse à la Maison de la presse à travers une teinte d’humour du genre : "les élections ne sont pas l'élevage au niveau duquel on peut avoir des races ou des espèces de vaches à améliorer...".

C’est un fichier qu’ils disent biométrique qui n’est ni le Ravec et qui n’a rien de relation avec le Race. Et le Pr. Dicko de s’étonner de la propagande de ceux qui soutiennent que les tenants du Race ont eu victoire sur leurs adversaires du Ravec. Pour lui, le fichier proposé par les experts n’est ni le Ravec ni le Race, mais un fichier consensuel et fiable. Mais d’où nous viendra ce fameux fichier et dans combien de temps ? Il y a un mystère autour de cette interrogation, car ledit fichier imaginaire se trouvant quelque part dans les nuages bamakois, ne semble être connu que par les initiateurs du mémorandum. Eux aussi ne disent pas quand et comment est-ce qu’on pourra se faire un tel fichier, se contentant de rejeter toute la responsabilité au gouvernement. ‘’ Aujourd’hui  le Mali navigue sans boussole en matière de fichier électoral. C’est à ce titre que nous en appelons au président de la République, garant de la cohésion et de l’unité nationales, afin qu’en toute sagesse et clairvoyance, il prenne toutes les mesures pour doter le pays d’un fichier biométrique consensuel et fiable.  C’est au gouvernement de calculer les délais et de faire des propositions pour les respecter. Nous exigeons un fichier consensuel et fiable dans les délais.

Nous aimons notre pays et nous ne voudrions pas que les soubresauts qui ont émaillé la période postélectorale dans certains pays arrivent chez nous ‘’.

Il faut dire que la logique de ces 32 partis politiques reste à discuter. Le mémorandum date du 24 juin dernier au moment où la commission des experts était en pleins travaux. Ces mêmes experts dont certains sont venus de ces mêmes partis politiques ont, après évaluation, trouvé qu’il n’y aucun moyen de réaliser un fichier à partir de la biométrie. Ils ont opté pour le Race amélioré que certains appellent FEC (Fichier électoral consensuel) et leur choix a été adopté. Ce qui rend déjà caduc le mémorandum des 32 partis politiques. Que ces mêmes partis soient entrain aujourd’hui de battre le pavé à propos d’un fichier imaginaire laisse planer des doutes sur leurs réelles intentions qu’ils ont du mal à exprimer. Certains pensent même qu’en criant urbi et orbi que le Gouvernement doit chercher à intégrer dans le fichier actuel des données biométriques dans un laps de temps aussi court, Pr Younouss Hamèye Dicko et ses amis pourraient plutôt donner l'impression d'être des leaders agitateurs dignes d'une époque révolue. Au point que certains observateurs de la scène politique nationale se demandent si ces sautes d'humeurs, ces coups de gueule intempestifs sont des manœuvres politiciennes ou une tactique de pure diversion pour mettre ATT dans une position où le pays s'obligerait à une transition aux conséquences insoupçonnées. Est-ce que ce n’est pas ce que le chef de l’Etat lui-même perçoit dans l’attitude de ces politiciens en refusant purement et simplement de les recevoir ? C’est ce que pensent beaucoup d’observateurs, estimant qu’ATT préfère vaquer à d’autres occupations que de s’encombrer encore avec cette histoire de fichier supposée déjà tranchée. Mais les initiateurs du mémorandum ne désespèrent pas. Ils trouvent que c’est parce que le calendrier présidentiel est surchargé en ces temps-ci qu’ils n’ont pas leur audience et qu’au moment venu ATT recevra ses amis de la mouvance présidentielle. Il reste à savoir ce que le président de la République peut avoir à leur dire !
Abdoulaye Diakité