A propos du référendum constitutionnel : Les réformes d'ATT déjà prises dans l'étau du temps
Si ATT a aujourd'hui un ennemi juré, ce n'est ni IBK, qui vient de critiquer le manque de prévisibilité par rapport aux tergiversations du Gouvernement à propos du fichier électoral, ni Soumaïla Cissé, dont le parti est derrière le fichier RAVEC, encore moins Dioncounda Traoré de l'ADEMA qui a présentement des insomnies à cause des difficultés qu'il éprouve à être candidat de son parti à l'élection présidentielle de 2012. Son principal ennemi, c'est le temps. Qui ne fait que s’écouler et que rien ne peut arrêter.
Le fichier électoral constitue aujourd'hui une véritable épine dans le pied du Gouvernement de Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, dont le silence pourrait d'ailleurs être interprété comme un mea culpa. Mais face à la volonté du président ATT de doter notre pays d'une nouvelle Constitution avant la fin de son mandat, on se demande comment le Gouvernement pourrait matérialiser ce rêve. L'opinion nationale étant carrément indifférente au projet de réformes constitutionnelles. Aujourd'hui, ce qui peut intéresser le Malien moyen c'est bien les élections de 2012, notamment la présidentielle censée ouvrir d'autres horizons. Dans ces conditions, on se demande quel sera le taux de participation à un référendum qui se déroule dans un climat délétère.
Les coupes sombres (des milliards F CFA, mais combien ?) opérées dans les maigres budgets des ministères afin d'organiser le référendum seront des manques à gagner colossaux susceptibles de retarder voire d'interrompre carrément des investissements prévus dans divers domaines du développement socio-économique de notre pays. Une frange importante de Maliens estime , au vu du retard pris dans la concrétisation du projet, que les réformes envisagées sont sans intérêt voire inutiles. Les quelque 10 milliards FCFA (au lieu de 7 milliards à cause maintenant du retard) prévus pour la tenue de cette consultation électorale peuvent servir des choses beaucoup plus pressantes et plus importantes. Les priorités dans notre pays se bousculant à un rythme frénétique. Depuis presque trois mois que le Gouvernement de Cissé Mariam Kaïdama Sidibé est là, on ne voit rien venir pour conforter le fait que c'est avant tout un Gouvernement de mission qu'elle dirige. Embourbé dans l'histoire du fichier électoral, ballotté entre RACE et RAVEC, les observateurs se demandent où est le Gouvernement ? Et cela à huit petits mois de la présidentielle de 2012. Avec un fichier RAVEC en panne à cause du manque d'argent pour payer les agents chargés de son exécution ; le RACE décrié parce que bourré d'erreurs, le Général Kafougouna Koné, ministre en charge des élections, est désormais devant un véritable dilemme. Derrière la relative sérénité d'un militaire à la retraite se cache une anxiété plus que réelle. A telle enseigne que certains se demandent s'il ne va pas rendre le tablier.
En tout cas, il n’ y a aucune visibilité en ce qui concerne l'organisation du référendum si cher au président ATT. A vrai dire, c’est le cadet des soucis des Maliens y compris des partis politiques.
Le fichier entre le marteau et l'enclume de la classe politique
Malgré la quasi-unanimité de la classe politique pour le fichier RAVEC, le Gouvernement s'obstine (n'ayant certainement pas le choix) à vouloir, coûte que coûte, organiser les prochaines élections avec le RACE. Un fichier, aux dires d'un responsable politique, qu’il " est illusoire de vouloir nettoyer".
Pour IBK, il est impardonnable que c'est seulement maintenant que le Gouvernement s'échine pour poser la question portant sur le choix d'un fichier électoral. Quant à l'URD de Soumaïla Cissé, ce parti a été parmi les premiers à réclamer le RAVEC comme fichier de base aux prochaines élections, y compris donc au référendum. L'ADEMA-PASJ a opté pour le RACE et cela, si toutefois, ce ne sera pas possible de faire avec le RAVEC. Sa position est, d'ailleurs, délicate car pour l'opinion nationale c'est le parti de la ruche qui sera le plus grand gagnant au cas où l'option est faite sur le RACE. A considérer même que tous ces partis se rangent derrière le fichier qui a la préférence du Gouvernement, à savoir le RACE, on se demande où le Gouvernement ira prendre du temps pour rester dans les délais (pas moins de six mois avant la présidentielle) constitutionnels. Qui se réduisent comme une peau de chagrin. Si le Gouvernement a le loisir de couper dans les maigres budgets des départements ministériels, il n'a, au contraire, aucune emprise sur le temps. Comme d'ailleurs sur le climat ou le front social qui va, indéniablement, s'échauffer au fur et à mesure que l'échéance approche. Le temps n'attend pas.
Mamadou FOFANA
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