C’est par ces propos crus que l’ancien chef de la junte militaire s’est érigé contre l’arrivée au Mali de la Force d’attente de la CEDEAO (FAC). En effet, le lundi 10 septembre, le Capitaine Sanogo a annoncé, à la télévision que le Président Dioncounda Traoré n’a pas demandé de troupes extérieures pour sécuriser les institutions de la République.
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Il y a des semaines que le capitaine de Kati ne s’est pas exprimé publiquement. On le disait fragilisé face à une partie de ses troupes, dont ses camarades de putsch. Aussi, beaucoup de gens doutaient de sa volonté de respecter ses engagements, et d’accompagner loyalement la Transition. Mais dans sa récente déclaration télévisée, il s’était présenté en défenseur des institutions de cette Transition et du Président Dioncounda Traoré en particulier.
«Le Mali n’a pas demandé de troupes étrangères pour sécuriser les institutions publiques !», avait-il martelé avant de préciser :
« Nous n’avons qu’une seule priorité pour être une armée capable de sauvegarder l’intégrité territoriale : l’équipement et la formation ».
C’est un Capitaine Sanogo tendu, mais concentré, qui s’est exprimé devant le peuple malien. Sans avoir recours à des notes, il s’est surtout évertué à donner aux Maliens l’image d’un militaire légaliste prêt à respecter les institutions de la Transition.
Aussi, tout en
citant à plusieurs reprises le Président Dioncounda, il s’est déclaré en phase avec lui et a salué sa largesse d’esprit. «
Je tiens à remercier le Président par intérim pour la largesse d’esprit, la considération et le sens élevé du patriotisme qu’il a su mettre en amont pour amener un apaisement sur le plan social », a-t-il souligner avant d’ajouter que le Président Dioncounda, le Premier ministre et lui échangent sur « les grandes décisions concernant la vie de la Nation ». S’adressant ensuite aux Maliens du Nord, le Capitaine Sanogo a déclaré: «
Le silence n’est pas un oubli. A un moment donné et à une phase critique, votre armée avait besoin de reculer pour mieux sauter. Nous saluons vivement tous les efforts et les sacrifices que vous avez eu à consentir depuis l’occupation jusqu’à maintenant. Vous vous êtes battus, souvent les mains nues, avec des occupants lourdement armés ». Tout en parlant aussi de la requête envoyée à la CEDEAO autorisant les Africains à venir soutenir militairement le Mali dans le Nord, le Capitaine Sanogo a rassuré : «
Les militaires africains viendront en renfort lorsque l’armée malienne en sentira le besoin ».
Le Capitaine Sanogo a surtout tenu à démontrer que c’est toujours lui le patron de l’ex-junte et qu’il peut compter sur ses troupes. «
Notre armée est plus que jamais unie comme un seul homme et nous ne donnons pas place aux rumeurs », affirme-t-il avant de poursuivre : «
Nos forces armées sont plus que jamais comme un seul homme. Il n’y pas de problème à Kati, ni dans les autres garnisons. Au contraire, nous n’avons actuellement qu’une seule priorité : restaurer l’intégrité territoriale ». En fin de semaine dernière, certaines rumeurs disaient le Capitaine Sanogo bien fragilisé face à une partie de ses troupes. A Kati, de nombreux officiers et sous-officiers, opposés à la requête de Dioncounda Traoré n’excluaient pas un nouveau coup de force. C’est par rapport à ces situations qu’il a tenté de persuader les Maliens qu’il restait toujours un chef loyal et discipliné vis-à-vis des institutions. Un chef qui, durant toute son intervention télévisée, a pourtant gardé un silence de carpe sur cette affaire de Diabali : le massacre des prêcheurs maliens et mauritaniens par l’armée justement. Et pourtant, tous les Maliens s’attendaient à ce qu’il en parle.
Jean Pierre James