Le président burkinabè, Blaise Compaoré, a reçu vendredi à Ouagadougou les islamistes d'Ansar Eddine et la rébellion des Touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA). But affiché de ce rendez-vous : faire avancer, si possible, une solution négociée. Cette rencontre intervient au moment où la question d'une intervention militaire au nord du Mali se précise. Le Conseil de sécurité de l'union africaine a adopté, la semaine dernière, le plan d'une intervention militaire. Le 25 novembre, le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait en principe l'adopter à son tour.
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Ansar Eddine, l'un des groupes islamistes armés qui occupent le nord du Mali, et la rébellion touarègue du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) se sont dits prêts, vendredi 16 novembre, à un "
dialogue politique" avec le pouvoir malien. Les deux groupes de bandits ont exprimé "leur disponibilité à s'engager résolument dans un processus de dialogue politique", selon une déclaration lue par le chef de la diplomatie burkinabé, Djibrill Bassolé, Ansar Eddine et le MNLA ont aussi "
formulé le vœu" que l'armée malienne s'engage "
à arrêter toutes formes d'hostilités militaires à l'encontre des populations civiles".
La main tendue des bandits armés ne semble pas avoir l'approbation générale. Les islamistes d'Ansar Eddine continuent jusqu'à preuve du contraire à entretenir le flou sur l'abandon de la charia. Ils ont déclaré renoncer à l'extrémisme et au terrorisme. En revanche, un des représentants a déclaré que faute de pouvoir appliquer la charia sur l'ensemble des régions du nord, Ansar Eddine l'appliquera à Kidal fief du chef des salafistes Iyad Ag Ghaly.
Par ailleurs, le MNLA a lancé dans la journée du vendredi une vaste opération visant à libérer, selon ses propres termes, les régions de l'Azawad des mains des islamistes. Le MNLA souhaite "
assainir " de nombreuses régions selon un porte-parole ajoutant que cette opération ne sera pas la dernière. "
Elle va être élargie aux environs de Gao puis à Tombouctou pour chasser tous les terroristes de l'Azawad " a-t-il déclaré.
Sans nul doute que les Touareg du MNLA qui ont subi une lourde défaite face aux islamistes du Mujao n'ont pas encore renoncé à leur revendication indépendantiste.
Ces indépendantistes touareg accueillis à bras ouvert dans la capitale du Burkina Faso et qui continuent à dicter leur vision au médiateur de la Cédéao, espéraient récupérer les zones perdues, en vue d'avoir un moyen de pression sur Bamako et de pouvoir mieux peser dans la négociation. Hélas, leurs alliés d'hier, à savoir les islamistes du Mujao, ont infligé une belle raclée aux séparatistes. Selon des sources sécuritaires, les pertes au sein du MNLA seraient en réalité plus importantes.
Tout porte à croire que la solution définitive à cette crise du nord reste purement militaire. Les autorités de Bamako doivent faire preuve de discernement et éviter de tomber dans les mêmes erreurs que leurs prédécesseurs.
Abdoulaye DIARRA