Abdoulaye Diop, ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la coopération internationale Les "mouvements Mnla, Hcua et Maa ont remis sur la table leur projet de fédération"
- Abdoulaye Diop, Ministre malien des Affaires Étrangères, de l’Intégration Africaine et de la Coopération Internationale qui conduit la délégation gouvernementale revient dans cet entretien sur une évaluation du processus de dialogue inclusif devant aboutir à la signature d’un accord de paix durable et définitif.
![Pour mettre fin aux attaques terroristes au nord du Mali : Une force onusienne d'intervention rapide en cours de préparation](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2014/08/Abdoulaye-Diop-.jpg)
- Abdoulaye Diop : Ces rencontres font suite aux précédentes surtoutla dernière qui s’est tenue en octobre à Alger et au cours de laquelle, la médiation a élaboré un document appelé “éléments pour un accord pour la paix et la réconciliation au Mali”. A cette étape que nous venons d’entamer l’objectif essentiellement est de discuter de ce document et partager nos points de vue et nos observations. Vous savez nous sommes aussi dans un processus de négociation où il est illusoire que chaque partie se retrouve dans le document à 100%.
- Abdoulaye Diop : Il y a quelques aspects qui sont des points à approfondir encore pour nous.
- Abdoulaye Diop : Sur la question politique et institutionnelle, dans le document présenté par la médiation nous avons porté quelques observations. Essentiellement sur la notion des régions intégrées qui tend à intégrer plusieurs régions du pays. Nous avons pensé que cette proposition pouvait être attentatoire à l’unité du pays parce que cela avait tendance à considérer que les trois régions de Tombouctou, de Gao et de Kidal doivent constituer ensemble une entité unique que certains pouvaient appeler Azawad. En créant des régions intégrées, cela pouvait être le début d’une atteinte à l’unité nationale du pays. Mais que nous n’étions pas contre que les régions puissent travailler ensemble même dans le cadre de l’inter-régionalité, sur certains projets d’intérêt commun, que cela soit dans le domaine de la santé ou des questions de développement. Il est aussi question de la mise en place d’une zone de développement avec aussi une structure chargée de chapeauter la zone qui elle aussi ressemble à une entité.
- Abdoulaye Diop: C’est un point important qu’il faudra lever. Nous ne comprenons pas pourquoi les frères remettent ce projet sur la table .Premièrement dans la feuille de route ils ont accepté tous ces principes et c’est la feuille de route qui gouverne ces discussions. D’ailleurs nous les saluons pour cet effort qu’ils avaient fait. Et quand on était là en octobre, ils avaient mis sur la table ce projet de fédération que l’équipe de médiation dans son ensemble avait formellement rejeté en indiquant que cela sortait du cadre des négociations et cela n’était pas envisagé dans le cadre de la feuille de route. Vous savez le Mali est un État unitaire. Aller dans le sens de la fédération cela veut dire créer un autre État parce que pour qu’il ait une fédération, il faut deux États.
- Abdoulaye Diop : Nous n’allons pas dire cela. Parce que quand vous venez à une négociation, il faut donner en espérant recevoir quelque chose. Nous sommes venus dans le cadre de cet état d’esprit. Nous ne venons pas dans le cadre d’un diktat. Mais nous avons seulement indiqué qu’il y a des choses sur lesquelles nous ne pouvons pas céder. Et cela sont des principes clés que nous avons affirmé avant d’entrer dans le processus et que nous avons constamment rappelé. Nous pensons que dans le cadre des offres faites par le Gouvernement, nous pouvons éventuellement réaménager en fonction des demandes de l’équipe de médiation ou des frères. Nous avons assez d’espace si on sort des concepts préfabriqués ailleurs et qui ne sont pas adaptés à notre situation.
- Abdoulaye Diop : L’équipe de la médiation tient le même langage vis-à-vis du Gouvernement en estimant qu’il faut que chacun doit faire les efforts nécessaires et les concessions qu’il faut pour pourvoir aller de l’avant. Justement nous voulons avoir cette conversation avec les frères qui sont maintenant à un niveau de discussion. Si on arrive à sortir de ce schéma de fédération on pourra vraiment regarder et examiner en détail l’offre de la partie gouvernementale on peut enregistrer des avancées.
- Abdoulaye Diop : Cette crise est multiforme. Nous avons conscience aussi à commencer par l’arrivée d’éléments consécutifs aussi à la crise libyenne où certains éléments ont quitté avec armes et bagages et sont venus dans le nord du Mali. Cela a constitué l’élément déclencheur. Mais nous savons qu’il y a certainement beaucoup d’implication, mais ne nous voulons pas aller sans avoir d’éléments précis pour accuser qui que ce soit. Mais nous savons qu’il y a cet élément extérieur qu’il faut prendre en considération.
- Abdoulaye Diop : Dès le début il y avait cette urgence. Et elle nous interpelle chaque jour davantage. Pourquoi ? Regardez la souffrance de la population sur le terrain. Beaucoup de nos compatriotes qui sont dans les camps de refugiés ou qui sont dans des personnes déplacées ou même ceux qui sont dans le pays, ne vont pas à l’école, ils n’ont pas accès aux soins, il n’y a pas de routes nécessaires, il y a également l’élément terroriste. Vous aves vu ces dernières semaines la recrudescence des menaces terroristes avec beaucoup de pertes en vies humaines du côté de l’armée malienne, des populations mais aussi du côté des forces internationales. Tout ceci nous interpelle et nous indique que la situation sur le terrain est préoccupante et que ceci exige de nous d’aller vite. Parce qu’il y a aussi des groupes terroristes et des groupes de narcotrafiquants qui sont hostiles à la paix et qui vont jouer contre le processus qui est en cours.
- Abdoulaye Diop : Si je m’en tiens aux déclarations des uns et des autres, c’est partagé. Mais nous devons aller au-delà des déclarations. Il faut aujourd’hui des actes. Si certains estiment qu’il y a des parties du pays qui sont sous leur contrôle cela exige une responsabilité. Vous ne pouvez pas avoir le contrôle d’une partie du pays et que vous soyez en même temps dédouanés des responsabilités qu’impliquent la présence de certains actes. Ils doivent s’sngager et prendre les mesures nécessaires pour pouvoir coopérer avec la communauté internationale pour que les actes criminels ou terroristes qui se passent sur les territoires qui sont sous leur contrôle puissent cesser.
- Abdoulaye Diop : Il est difficile de se projeter en termes de temps. Nous sommes tous pressés. Il y a urgence pour tout le monde mais en même temps, aucun de nous ne doit sous estimer la difficulté et la complexité de la tache dans laquelle nous sommes engagés. Tout est possible si chacun de nous continue à démonter un engagement sans faille. Un engagement sincère. si nous continuons aussi à bénéficier de l’amitié, du soutien et de l’intérêt de la communauté internationale avec l’Algérie en tête. J’avoue que nous sommes très reconnaissant au président Bouteflika au Ministre Lamamra et à toute son équipe, mais aussi à l’ensemble du peuple algérien qui a consenti des efforts extrêmement importants de se dédier à ce processus. Nous pensons que pour réaliser des choses dans le calendrier que nous souhaitons, cela demande une conjonction d’efforts.
- Abdoulaye Diop : Ce genre de processus n’est jamais un fleuve tranquille. Chacun de nous souhaite que les acquis soient préservés et que nous puissions les renforcer et aller de l’avant. Il est vrai que souvent on a le sentiment que les engagements sont remis en cause et que nous faisons un pas en avant et deux en arrière. Mais il ya eu des avancées parce que personne ne tend à remettre en cause le processus lui-même. Il y a des tactiques de négociations. Mais ce qui est important c’est que les engagements qui sont signés soient tenus. Nous sommes tous signataires de la feuille de route et nous savons ce qu’il y a à l’intérieur comme engagements et tous les engagements sont respectés. C’est ce qui permet de consolider les choses et qu’il faut à chaque fois rappeler aux uns et aux autres. Vous avez raison ce sentiment peut être inhérent à ce type de processus.
- Abdoulaye Diop : Je suis confiant et je suis certain que nous allons aboutir à un accord de paix. Je ne peux pas vous dire exactement quel jour. Nous espérions et nous prions dieu que cet accord soit le plus proche possible et que les quelques points qui sont encore à approfondir pourraient être aplanis, assez rapidement pour nous permettre d’avancer. Mais ce n’est pas simple. Nous sommes engagés et nous pensons tenir le bon bout et nous pensons parvenir à cet accord et nous avons cette responsabilité chacun de nous de faire les efforts qui sont nécessaires pour aller vers l’accord qui est en fait qu’une étape. Parce que l’accord va ouvrir une étape vers une paix qui va exiger encore d’autres efforts supplémentaires. Sa mise en oeuvre sera un nouveau chantier mais l’accord permettra de consolider les choses et de donner cet espace pour renforcer chaque jour la confiance entre les parties.
- Abdoulaye Diop : Nous partageons plus de 1.200 kilomètres de frontières, l’Algérie qui a toujours été impliquée dans les différents processus de paix au Mali, à une bonne connaissance des enjeux politiques et stratégiques et est impliquée dans ce sens où l’instabilité au Mali c’est l’instabilité en Algérie. Il y a beaucoup de raisons pour que l’Algérie doit jouer ce rôle. Ces éléments ont favorisé le fait que notre Président se soit tourné vers l’Algérie, qui est un partenaire naturel pour nous, pour aider à ramener la paix et la stabilité. L’Algérie est un acteur régional extrêmement important, respecté dans le monde et je crois qu’avec cette présence importante la crédibilité qu’elle a au plan africain et au plan international lui donne de atouts supplémentaires pour pouvoir travailler avec chacune des parties et utiliser son influence auprès des uns et des autres pour faire avancer les choses.
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