Adam… : Le dernier Janjo

Mar 22, 2021 - 01:14
Mar 22, 2021 - 01:14
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Adam… : Le dernier Janjo
Adam,   tu auras vécu ta vie, comme tu l’entendais, dans le respect des autres, mais, sans compromis aucun. En homme libre, tu as vécu, ne célébrant que ce qui émancipait l’homme, l’autre, ton prochain de toute forme de servitude ! Tu étais à la quête permanente de lieux de liberté,  havre de quiétude et ces lieux étaient très souvent des lieux dédiés à la musique et à la littérature. Comme  dans un désir de suspendre le temps, je te revois dans mon bureau d’éditeur  où aussitôt arrivé, tu te prosternais devant nos deux maîtres en partage :  les poètes Aimé  Césaire et Rabindranath Tagore. Adam, tu étais à  chaque fois, terrassé par la beauté de leur verbe et bouleversé par la part du divin qui émanait de leurs vers. Cette part du divin, traduction de l’excellence, que tu as incarnée toute ta vie durant ! Au moment de ce dernier Janjo, j’ai juste envie de te chanter ces deux poèmes que tu scandais, avec le sourire médusé d’un adolescent qui s’éveille à la vie et à toutes ses promesses à venir. Hommage à mon père «Là où l'esprit est sans crainte et où la tête est haut portée Là où la connaissance est libre Là où le monde n'a pas été morcelé entre d'étroites parois mitoyennes Là où les mots émanent des profondeurs de la sincérité Là où l'effort infatigué tend les bras vers la perfection Là où le clair courant de la raison ne s'est pas mortellement égaré dans l'aride et morne désert de la coutume Là où l'esprit guidé par toi s'avance dans l'élargissement continu de la pensée et de l'action Dans ce paradis de liberté, mon Père, permets que ma patrie s'éveille.» L'Offrande lyrique,  Rabindranath Tagore, Gallimard 1963   Dorsale Bossale « il y a des volcans qui se meurent il y a des volcans qui demeurent il y a des volcans qui ne sont là que pour le vent il y a des volcans fous il y a des volcans ivres à la dérive il y a des volcans qui vivent en meutes et patrouillent il y a des volcans dont la gueule émerge de temps en temps, véritables chiens de la mer il y a des volcans qui se voilent la face, toujours dans les nuages il y a des volcans vautrés comme des rhinocéros fatigués dont on peut palper la poche galactique il y a des volcans pieux qui élèvent des monuments à la gloire des peuples disparus il y a des volcans vigilants des volcans qui aboient montant la garde au seuil du 
Kraal des peuples endormis il y a des volcans fantasques qui apparaissent et disparaissent (ce sont jeux lémuriens) il ne faut pas oublier ceux qui ne sont pas les moindres les volcans qu’aucune dorsale n’a jamais repérés et dont de nuit les rancunes se construisent il y a des volcans dont l’embouchure est à la mesure exacte de l’antique déchirure. » Aimé Césaire, Moi, laminaire, Editions du Seuil, 1982   Seidi Thiam ! Dors donc en paix ! Madame Dramé Kadiatou Konaré

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