
Pays à vocation agro-sylvo pastorale, le Mali, selon les données statistiques, compte plus de 80% de sa population dédiée à l’agriculture. Le président de la République, élu sur la base d’un slogan populiste, à savoir «pour l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens, le Mali d’abord », était censé défendre les intérêts du peuple souverain du Mali. Mais du fait de son laxisme avéré dans la gestion de précédentes malversations financières, personne n’a plus peur de lui. Si l’on s’en tient aux révélations de Bafotigui Diallo, député élu en Commune VI, des brebis galeuses de la haute sphère de l’administration malienne tentent, en effet, de saper les efforts déployés pour la réussite de la campagne agricole 2015-2016. A en croire l’élu, le dossier dit «affaire d’engrais frelatés’’ révèle l’existence d’un véritable réseau mafieux, organisé autour de notre système agricole. Chargés de la bonne gestion du secteur, certains responsables n’ont trouvé mieux que d’inonder nos champs avec des engrais impropres à l’usage agricole, parce que ne contenant pas de fertilisant. En clair, ils n’apportent rien aux plantes en termes de développement ou de rendement.
Informé de ce scandale, apprend-on, l’honorable Diallo, soucieux de la santé de ses compatriotes, a envoyé hors du Mali des échantillons de l’engrais incriminé aux fins d’analyses. A l’issue desquelles, les résultats furent sans appel: 40 000 tonnes d’engrais importées au Mali, soit environ 40% du besoin national en engrais, sont déclarées de mauvaise qualité. Toute chose qui fut confirmée par le gouvernement. Nonobstant l’interpellation du ministre du Développement rural, Bocary Tréta, connu sous le sobriquet de ‘’vice-président de la République’’, aucune explication viable n’a été fournie. Seulement, des personnes de moindre importance ont déclaré sur les antennes de l’Ortm que ces engrais ne répondaient pas aux normes, mais qu’ils ne sont pas pour autant nuisibles à la santé humaine. Du côté du président du Groupement d’intérêt économique Un-Scpc/Cmdt /Ohvn, Bakary Togola, qui a signé tous les appels d’offres, c’est le silence radio. Même si les articles de presse publiés sur ce sujet ont miraculeusement disparu des sites et portails internet. L’intervention d’IBK qui a déçu le monde rural Désespérés de la gestion réservée à cette affaire, les Maliens comptaient sur leur Président qui, lors du Conseil supérieur de l’agriculture, tenu le mardi 26 mai 2015, a effleuré l’affaire. Mais sa réaction a déçu plus d’un. Au lieu d’instruire au Département de tutelle de retirer purement et simplement la quantité d’engrais distribuée des mains des producteurs, le Président IBK a raconté du déjà entendu. «Il faut que nous soyons sérieux. La question des intrants frelatés m’importe énormément. Je ne tolérerai aucune espèce de faiblesse dans ce domaine-là, que des gens puissent s’amuser à fournir à nos paysans des engrais frelatés. Non ! Il s’agit d’une question de santé publique, de morale et l’éthique avec laquelle je serai intraitable. Donc, tous ceux qui se cachent dans ce secteur-là et pensent pouvoir se jouer de nous, se jouent d’eux-mêmes. Ils se trompent parce que nous les démasquerons et ils auront le sort qu’ils méritent», a-t-il menacé. L’intelligence d’homme d’Etat devrait guider le chef de l’Etat à instruire le retrait de ces engrais. Surtout que dans les zones Cmdt, ils ne sont pas encore utilisés. Sinon, sanctionner les coupables de cette forfaiture après l’usage de leur pourriture, ce serait le médecin après la mort. Car le mal serait déjà fait. Et la sanction annoncée ne pourra dédommager les pauvres paysans victimes de cette situation.
Oumar KONATE