Affaire des bérets rouges : Il ne sert à rien de remuer le couteau dans la plaie

Juin 30, 2012 - 07:53
Juin 30, 2012 - 07:53
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Ces derniers jours, plusieurs confrères ont traité de ce qui est désormais convenue d’appeler ‘’ l’affaire des bérets rouges’’. Il s’agit de la confrontation féroce et mortelle du 30 avril dernier entre le régiment para commando (RCP) de Djicoroni Para et les bérets verts. La célèbre guerre des bérets est aussi appelée le contrecoup raté du 30 avril. On se souvient que les bérets rouges commandés par le Lt-Col. Abdina Guindo ( de nos jours introuvable) ont fait irruption sur la scène ce jour-là en attaquant l’ORTM, puis l’aéroport et la garnison de Kati. Cette nuit fut sanglante et s’est conclue par plusieurs morts de part et d’autre. Plusieurs prisonniers ont été faits du coté des assaillants qui se sont fait aider de plusieurs mercenaires. Ces derniers jours, plusieurs journaux ont reparlé des bérets rouges et du mauvais traitement dont les prisonniers retenus à Kati ont été victimes, le tout sur fond de rapport d’Amnesty. S’agissant de ces allégations de mauvais traitements dont on parle, nous avons essayé de joindre certaines sources à Kati. Un officier qui a requis l’anonymat, n’ayant pas pris d’autorisation, dit : « ne pas comprendre cet intérêt brusque des hommes de la presse pour un sujet dont il n’ont jamais essayé de connaitre les tenants et aboutissants ». Pour l’officier : « cette affaire est purement militaire et tous ceux qui ont participé aux affrontements savent le sort qui les attend en cas de victoire de l’un ou l’autre camp . Car poursuit-il : « chez les militaires, il ya des règles trop loin de celles qu’on applique aux civils et les commandos sont bien placés pour le savoir car ils sont préparés à faire subir ou subir les mauvais traitements quand ils sont en mission. Donc si vous êtes sauf et fait prisonnier, vous devez vous estimer heureux». Pour expliquer leur détention à Kati, il nous explique que cela se comprend. « Depuis le 22 mars, nous sommes dans une situation exceptionnelle avec la venue de la junte sur la scène. Il va de soi que les choses soient réglées d’une autre manière qu’en temps normal. Le fait de retenir les prisonniers du 3 avril à Kati, se comprend par le fait que c’était clair que c’était Kati et ses hommes qui étaient visés. Il ne saurait être aussi facile de les voir les laisser à Bamako au risque de les voir s’évader quand on sait que sur ce plan, il n ya pas assez de garantie ». L’officier pense qu’a Kati : « les gens sont de bon cœur. Le capitaine a toujours prôné la réconciliation avant même le 30 avril. Et ce que beaucoup ne savent pas, il a envoyé ce jour, le chef d’Etat major de l’armée de Terre parler aux éléments du Régiment des commandos parachutistes pour  leur demander de rentrer dans les rangs et de ne pas faire ce qu’ils voulaient faire. Mais ils n’ont rien voulu entendre et ont attaché les émissaires. Oui ils ont attaché le chef d’Etat major de l’armée de Terre ! Et après, ils sont entrés en ville pour commettre leur forfait. Vous connaissez le reste » Il n’y a pas que les bérets rouges ! Notre interlocuteur est amer contre certains confrères. « Je crois que vos confrères sont manipulés et il y a des gens derrières ces sorties qui veulent simplement remuer le couteau dans la plaie. Il ne faut pas qu’ils tombent dans ce panneau. Dites leur de faire leur travail et de ne pas se fier aux rumeurs. D’ailleurs la plupart des articles que j’ai lus sont basés sur des suppositions. Pourquoi ils ne vont pas aux sources. Ils n’ont jamais demandé à venir à Kati pour s’enquérir des conditions, s’informer pour bien informer…Il y a des policiers, des gardes, des gens de l’armée de l’air, de terre qui ont perdu la vie, pourquoi ne pas s’intéresser à leur sort et celui de leurs familles. Un cas parmi tant d’autres: les assaillants du 30 avril ont exécuté sommairement un officier de la gendarmerie dont ils ont caché le corps dans un feuillis près du CICB. Qu’est ce que vous avez dit sur ça ? Ce sont toutes les forces armées qui ont pris un coup !» Puis évitant de s’énerver, il poursuit : « Sinon, le seul fait de prendre des armes, de tuer des gardes presque surpris et désarmés à l’ORTM, sous les yeux des civils est un crime. Souvenez-vous le 21 mars, quand les hommes de Kati sont venus à l’ORTM, c’était de manière pacifique. Ils ont fait comprendre aux gardes qui étaient là et ces derniers se sont rangés. Puis ils ont demandé à tout le personnel de rentrer. Ils ont gardé le DG de l’ORTM en sécurité avant de l’évacuer en le conduisant au pont des martyrs et le mettant dans un taxi pour qu’il regagne son domicile. Il n’y a pas eu de bavure ce jour là. Or le 30 avril, les bérets rouges et leurs complices sont venus  uniquement pour tuer et se venger. On aurait pu comprendre que ce soient quelques individus, mais c’est leur commandement et une bonne part des hommes. Cette nuit, ce ne sont pas les bérets verts qui les ont combattus, c’est l’ensemble des forces armées et de sécurité : infanterie, police, gendarmerie, garde, protection civile, armée de l’air car c’est tout ce monde qui a fait l’action du 22 mars. Les seuls qui n’y étaient, c’étaient les éléments du RCP. Alors s’ils sont matés, emprisonnés, ils doivent subir la justice militaire qui n’a jamais existé  et qui nous a amenés à cette situation. Il y a eu trop de choses qui ne marchaient pas et qui devront marcher désormais et c’est le cas dans l’armée ». Quid de la dissolution du régiment para ? Notre source est sans ambigüité : «  c’est un corps qui s’est rebellé contre l’armée et il aura une mauvaise réputation si elle reste. Ce qu’il a fait n’est pas glorieux et nous vous garantissons que ceux qui resteront feront la risée des autres et seront toujours mal vus. Vous savez au sein de toutes les forces, cet épisode a été mal vécu et les gens veulent tourner la page. Si le commandement dit qu’il doit disparaitre, il doit disparaitre car c’est la solution. Il n’appartient à personne. La plupart des éléments pacifiques du RCP se sont fait enregistrés selon les ordres donnés et ils ont été réaffectés. Après la disparition du RCP ne doutez pas un seul instant qu’une autre unité d’élite similaire sera bâtie avec les mêmes prérogatives au service de l’armée et du Mali. Ce sera une des taches du comité qui a été crée et qui doit conduire les reformes profondes et nécessaires à notre armée ». Et notre officier de conclure : «  la presse doit dire la vérité et non ne pas se laisser manipuler en remuant inutilement le couteau dans la plaie. L’armée va gérer tout cela en interne car elle en a besoin pour s’occuper à libérer le pays au Nord».    

Ardo

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