Malgré l’arrestation du colonel Abdine Guindo, commandant du 33ème Régiment des commandos parachutistes (RCP), l’affaire des bérets rouges consécutive au contre-coup manqué, le 30 avril dernier, continue de fragiliser la paix sociale du pays. Les épouses des commandos ont décidé de voler à la rescousse de leurs époux ‘’injustement’’ détenus, selon leurs propres termes en organisant une grande marche ce lundi.
![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/05/berets-rouges.jpg)
Lassées des arrestations arbitraires et des exactions perpétrées à l’encontre de leurs maris, les épouses des bérets rouges du 33è Régiment des Commandos Parachutistes et leurs consœurs du Camp de Koulouba ne décolèrent plus. Elles l’ont fait savoir à haute et intelligible voix, vendredi dernier, à l’émissaire du chef d’Etat major général des armées, l’officier Kadiatou Cissoko, venue écouter leurs doléances : « Trop, c’est trop, nous avons attendu, démarché et prié pour que cessent les arrestations arbitraires et les exactions contre nos maris. En vain. Nous ne permettrons plus qu’on vienne les arrêter arbitrairement comme des malfrats » ont prévenu les épouses des bérets rouges.
Abordant le sort réservé aux militaires détenus et à l’ensemble du Régiment, les épouses des commandos exigent : la libération de tous les militaires arrêtés, l’arrêt immédiat des arrestations par les hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo et la restitution des biens (motos, téléviseurs, sacs de riz etc.) volés au lendemain des événements du 30 avril au Camp Para. Sur la question d’affectation des éléments du Régiment au sein d’autres corps de l’armée, la position des épouses est identique à celle de leurs maris. « Il est hors de question que nos maris soient répartis entre d’autres corps après plusieurs années de service dans ce corps d’élite. Les éléments du Régiment ne bougeront pas d’ici. Nous préférons être radiés de l’armée que d’être repartis dans les autres corps. La répartition dans les autres corps n’est ni plus ni moins qu’un plan d’élimination programmée des éléments » ont affirmé les différentes intervenantes.
« Personne n’ira chercher son salaire ailleurs »
L’émissaire du CMGA a tenté de rassurer ses interlocutrices d’une oreille attentive des autorités militaires quant aux différentes préoccupations exprimées. Elle a informé les épouses de bérets rouges qu’elles auront, comme d’habitude, leur ration (riz et sucre). Quant aux salaires et PGA, l’émissaire du CMGA a expliqué que ceux qui sont mutés à Kati iront chercher leur salaire à Kati et ceux mutés dans les régions toucheront, contrairement à leurs collègues envoyés à Kati, leur salaire au Camp para.
Ces propos de l’émissaire ont provoqué une vive réaction de la part des femmes commandos qui ont affirmé que personne n’ira chercher son salaire ailleurs. « Ils doivent percevoir tout, ici au Camp para, sans exception : leurs salaires et PGA. Nous ne comprenons rien dans ça, pourquoi certains seront payés à Kati et d’autres à Bamako ?» s’interrogent-elles. En tout cas, la grande marche de protestation annoncée pour aujourd’hui marquera, selon les épouses des commandos parachutistes de Djicoroni et de Koulouba, le début d’une lutte qu’elles entendent mener jusqu’au bout.
Affaire des militaires portés disparus : Amnesty international enquête !
La chasse aux bérets rouges enclenchée au lendemain des événements du 30 avril s’est traduite par l’arrestation de plusieurs éléments du RCP. Les militaires embastillés sont l’objet de poursuites judiciaires selon un communiqué du gouvernement pour atteinte à la sûreté de l’Etat.
Dans la foulée, certains éléments sont portés disparus puisque ne figurant pas parmi les prisonniers et n’ayant donné aucun signe de vie. L’ONG internationale de défense des droits de l’homme, Amnesty international, s’est rendue vendredi dernier au 33ème RCP pour plus d’informations sur ces personnes. Mais la rencontre a été interrompue par l’intervention d’hommes armés qui ont fait irruption sur les lieux de la rencontre.
Par Daouda T. Konaté