Affrontements meurtriers hier entre l'armée et les jihadistes : -Les islamistes ont pris Konna, l'armée se replie sur Sévaré - Paris a réitéré son vœu d'un déploiement rapide d'une force internationale au Mali

Depuis le début de cette semaine, les mouvements de troupes du côté des forces armées maliennes et des jihadistes ont été très intenses dans la région de Mopti autour de la ligne de front. Selon les informations en provenance de Konna, premier poste de positionnement de l'armée malienne, les affrontements ont opposé dans la nuit de mercredi à hier jeudi les militaires maliens aux islamistes. Des informations contradictoires faisaient étaient dans la mâtinée de la prise de Douentza par l'armée malienne et, dans l'après-midi, d'une avancée des rebelles qui ont pris Konna. On déplore des nombreux morts de part et d'autre.  C'est dans cette confusion que Paris, par la voix du porte-parole de Quay D'orsay, Philippe Lalliot, a réaffirmé son engagement au déploiement rapide d'une force internationale [caption id="attachment_96552" align="alignleft" width="400"] Des islamistes armées dans le Nord-Mali
© AFP[/caption] Tous les regards étaient tournés hier jeudi vers Mopti, où la situation était très tendue et Douentza, dans cette zone proche de la ligne de partition du pays. Depuis le lundi soir, suite à l'avancée provocatrice des fous du Dieu, la zone a été le théâtre de tirs à l'arme lourde par les forces armées maliennes.   Dans la matinée d'hier jeudi, une première information annonçait qu'une tentative d'attaque des jihadistes avait été repoussée par l'armée. Un officier malien, joint par l'AFP, disait ceci : "Nous avons évité une embuscade des islamistes, et nous les avons repoussés après de durs affrontements à partir de Konna, localité située à 70 kilomètres au nord de Mopti ". Un autre responsable militaire déclarait à la même agence : "Les accrochages de la nuit sont finis pour le moment. Il n'y a eu aucun dommage dans le camp de l'armée. Nous, on est sains et saufs". Selon des habitants de localités proches du théâtre des opérations, les tirs à l'arme lourde, qui ont été entendus plusieurs heures depuis mercredi soir, en provenance de Konna, se sont arrêtés dans la nuit, après avoir progressivement baissé d'intensité. La situation demeurait toutefois tendue dans la zone. "Nous sommes allés jusqu'au village de Dima, 20 kilomètres après Konna, en direction du nord" et jeudi matin, "nous sommes revenus à Konna, mais nous repartons tout à l'heure vers le village de Dima, abandonné par les islamistes", a expliqué l'officier joint dans la région. Si ces premières informations ont rassuré les Maliens, il a fallu attendre en début de soirée pour qu'on annonce la prise de Konna par les islamistes et le repli de l'armée sur Sévaré. La bataille de Konna aura duré mois d'une journée. Après les tirs du mercredi soir, les affrontements ont commencé hier vers 8h30 et,vers 16 h, les tirs avaient cessé, les rebelles étaient entrés dans la ville et paradaient à bord de leurs véhicules tout-terrain. On se demande donc jusqu'à quand la ville de Sévaré va résister. D'ores et déjà,  c'est la panique de la population. Ces informations, qui ont été confirmées par certaines sources contactées par nos soins, traduisent une défaite criarde pour l'armée qui démontre ainsi toute son l'impuissance à résister aux assauts des assaillants du nord. En effet, cette armée, qui avait évincé ATT en mars 2012, se remobilisait depuis lors pour résister à l'ennemi. Des troupes ont été envoyées ces derniers jours en renforts à Mopti. Récemment, l'armée malienne a reçu des équipements neufs qui étaient bloqués pendant des mois  dans les ports. La France, à travers le porte-parole du Quay D'orsay, Philippe Lalliot, a  réitéré son souhait d'un "déploiement rapide" de la force internationale au Mali. " Nous suivons toujours avec attention l'évolution de la situation au Mali, où des affrontements entre des groupes rebelles et les militaires maliens ont effectivement été signalés. Nous restons préoccupés par ces opérations, qui fragilisent le processus de sortie de crise au Mali, et renouvelons notre appel à une fin immédiate de la progression des groupes armés rebelles vers le sud du Mali. Il est urgent que des négociations politiques s'engagent dans les meilleurs délais, conformément aux exigences des dernières résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies. Ces derniers événements soulignent, une nouvelle fois, la nécessité de procéder au déploiement rapide d'une force africaine au Mali ainsi que de la mission européenne de formation et de conseil " a déclaré le diplomate français. Youssouf CAMARA