Après la survenue, le weekend dernier des événements de Kidal, le Président de la République avait pourtant privilégié la piste du dialogue, sans pour autant renoncer à celle de la force. La quelle ne devant advenir qu’en dernière instance pour régler la question. Comment sommes-nous donc subitement retrouvés hier dans une situation de guerre totale pour libérer Kidal, sans savoir au préalable que les forces de sécurité et de défense présentes sur place ne pouvaient tenir ?
Qu’est ce qui a motivé cette soudaine décision pour aller croiser le fer avec des groupes armés lourdement armés ?
Est-ce que ce sont les stratèges militaires qui se sont trompés où bien sont-ils les politiques qui les ont forcé à déclencher les hostilités ? Les forces Serval et la MINUSA ont-elles fermé les yeux en permettant aux groupes armés de s’armer lourdement pour qu’ils puissent faire face aux FAMA en cas de déclenchement des hostilités ? La logistique que ces groupes possèdent est tellement lourde et sophistiquée qu’elle ne pouvait pas passer inaperçue aux yeux des satellites et drones des puissances militaires occidentales qui sillonnent l’espace national. Pourquoi n’ont-elles pas, à défaut d’empêcher leur rentrée sur notre territoire, alerter nos autorités compétentes ? Quel a été le rôle des forces internationales ? Pourquoi, au lieu de l’extrême nord du Mali, les forces Serval ont préféré Gao, pourtant très loin des sanctuaires des forces terroristes, pour y cantonner la quasi-totalité du millier d’hommes qu’elles possèdent ? Gao serait-elle la frontière malienne, désormais dessinée par les puissances occidentales, d’autant plus que depuis la fin de la première opération Serval, l’armée régulière a été toujours empêchée ou interdite dans sa progression vers l’extrême nord, notamment à Kidal ? Les groupes armés dans la bataille d’ hier ont-ils bénéficié d’un soutien quelconque, notamment de renseignements de la part des forces étrangères ? Qui sont réellement derrière ces gens-là pour qu’ils arrivent, même après Serval, à tenir tête aux FAMA (une force régulière d’un Etat souverain) ?
Pourquoi nos autorités politiques, face à une situation complexe que grave, n’arrivent toujours pas à faire enfin de la prospective pour cerner tous les contours avant de prendre les décisions qui conviennent et ne pas se hâter ? La politique n’est-elle pas aussi définie comme l’art de prendre les meilleures décisions qui conviennent aux diverses situations ?
La perte de la bataille d’hier à Kidal, comme la reprise symbolique d’autres villes de la région comme Ménaka, Anderaboukane par les groupes armés ne doivent-il pas donner matière à réflexion à nos autorités politiques pour que dorénavant elles dotent enfin l’armée nationale de tous les moyens logistiques, humains que financiers afin qu’elle puisse s’adonner convenablement à sa mission régalienne ? Maintenant que les groupes armés ont désormais le dessus après la bataille d’hier et que la communauté internationale recommande un cessez-le-feu immédiat aux belligérants pour aller dans le sens du dialogue que va-t-il se passer ? Est-ce dans une telle situation de faiblesse de position, nos autorités vont aussitôt se mettre à table avec les groupes armés pour négocier ?
lambda, meurtri et écœuré par les dernières dures épreuves, est certainement en train de se poser et est en droit de poser aux autorités nationales comme aux forces étrangères. Vivement donc des réponses appropriées !
Par Gaoussou M. Traoré
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