Amadou Toumani Touré : Vers la dissolution de l’Assemblée Nationale ?

Juin 20, 2011 - 18:30
Juin 20, 2011 - 18:30
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‘’Le bâton fou ’’ qui sévit depuis l’éviction du Premier ministre, Modibo Sidibé, semble à présent  être une épée de Damoclès au-dessus de la tête de nos honorables députés.

‘’J’avais la possibilité de consulter directement le peuple. La constitution me le permet. Même si c’est légal, je me suis dit qu’on pouvait mettre plus de démocratie pour une question aussi essentielle pour la nation malienne. C’est pourquoi j’ai proposé qu’après examen par le gouvernement, les textes de la révision constitutionnelle soient envoyés à l’Assemblée nationale’’

C’est en ces termes que, d’abord le 8 juin 2011 dans l’émission ‘’Baro’’ en bambara, ensuite dans sa traditionnelle conférence de presse à Koulouba décalée au 12 juin, le président de la République a annoncé l’impulsion définitive qu’il comptait donner à l’actualisation de notre acte fondamental.

Il est vrai que nombre de leaders politiques et de citoyens se demandaient si effectivement ces réformes auraient lieu. Cette interrogation était d’autant plus fondée qu’on se demandait pourquoi une telle inertie depuis le dépôt du rapport du Comité d’experts piloté par Daba Diawara. Pourtant, le président, qui dirige par des gestes symboliques précédant toujours ses décisions majeures, avait par la nomination de ce dernier comme ministre, montré clairement sa détermination à mener à bonne fin ces réformes.

Aux yeux d’ATT, il ne s’agit nullement d’un acte de gloire, il n’en a pas besoin dans la mesure où c’est lui qui avait présidé la Conférence nationale souveraine du Mali, mère de l’actuelle constitution et que c’est encore lui ATT qui l’a promulguée en 1992. En fait ces réformes, qui découlent des insuffisances constatées durant 19 ans de pratiques démocratiques, sont destinées à donner un nouveau souffle à notre pays avec des institutions conformes aux besoins de son ancrage politique et sociétal. Aussi dit, ainsi fait. Après l’examen des textes par le conseil de cabinet sous la présidence de Mme le PM, c’est le conseil des ministres de la semaine dernière qui a adopté le projet de révision constitutionnelle. La suite logique est l’examen par les honorables députés. Or, c’est là que le bât risque de blesser car certains attendent ces textes, le couteau entre les dents. Pour des raisons diverses et pas toujours objectives, ils prévoient de retarder l’adoption du nouveau projet. Ils se disent qu’à présent, c’est à eux de se faire valoir, se faire ‘’désirer’’, se faire ‘’courtiser’’.

Selon des sources proches d’ATT, ces députés risquent d’en faire les frais. D’abord, entre ATT et l’Assemblée nationale, depuis les tiraillements de la création du bureau du Vérificateur Général, il y a une sorte de gentlemen agreement. Le président est à l’écoute et aux petits soins pour les élus du peuple, tous et de façon équitable, même si bon nombre d’entre eux lui doivent leur élection.

Ensuite, pour ATT, ces réformes sont non négociables car constituant le socle d’une promesse électorale en 2007.

Enfin, ATT sait très bien que tout autre président, issu d’un parti politique pourra difficilement faire passer une telle réforme, pourtant indispensable. Alors, toujours selon notre source, le président ne laissera personne bloquer la réforme,  encore moins la vider de sa substance. Si tel était le cas, sans état d’âme, il procédera à la dissolution de l’Assemblée nationale. Le problème ne sera pas de savoir quelle en sera la suite, mais à l’évidence, en bon stratège, l’officier a toujours un plan ‘’B’’, voire ‘’ C’’.

Il a été clair. Il ne sera pas question de nouvelle transition au Mali, de même que de façon certaine le 8 juin prochain, il passera le témoin au nouveau président que le peuple se sera choisi. Les temps sont donc comptés, et à présent, c’est la cadence militaire qui est enclenchée. D’où le bâton fou’’ qui frappe imperturbablement depuis quelques semaines, à la grande satisfaction de Maliens qui se demandent encore pourquoi ATT a-t-il perdu tant de temps. C’est donc les honorables députés qui sont attendus au tournant. L’issue ne doit être que tactique, surtout lorsque l’on sait que ATT a toujours en tête de coupler le premier tour de présidentielles avec les élections législatives de 2012. Le Niger vient de le réussir, permettant à ce pays pas très gâté financièrement d’économiser plusieurs milliards. C’est donc largement à la portée du Mali, semble convaincue notre source.
Par Boy Siby

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