Aménagement de Taoussa : Une chimère ?

Sep 6, 2013 - 09:30
Sep 6, 2013 - 08:36
 0  49

Ce vieux rêve, le barrage de Taoussa tarde à devenir une réalité. Et pourtant, depuis le 5 février 2010, la première pierre de l’ouvrage a été posée. A quand Taoussa ?

Pour la zone sahélienne en général et pour la boucle du Niger en particulier, la détérioration des conditions climatiques des dernières décennies a entraîné des sécheresses récurrentes avec la dégradation du couvert végétal, la modification des conditions de ruissellement et d’infiltration.

A celles-ci s’ajoutent l’ensablement du fleuve Niger chevaux, la chute des niveaux de crue l’assèchement des lacs situés sur les deux rives. Sur le plan écologique, les espèces végétales et animales ont été affectées au point où certaines sont menacées de disparition et sur le plan socio-économique par un déficit céréalier important et par un niveau de pauvreté plus élevé.     En raison de cette évolution alarmante de la vie dans cette zone et face aux perspectives limitées de développement des actions, le gouvernement du Mali, dans la recherche constante de l’atteinte des objectifs du PDES, s’est impliqué pour la concrétisation du projet d’aménagement de Taoussa.     Ce projet qui s’inscrit dans le cadre du plan quinquennal prioritaire du programme d’investissement pour le développement durable du bassin du Niger consiste essentiellement à ériger un barrage hydroélectrique sur le fleuve à droite de Taoussa dans la région de Gao.     L’aménagement de Taoussa devra permettre de réguler le cours moyen du fleuve afin de minimiser les aléas climatiques en vue d’une reprise de la production agro-sylvo-pastorale et une restauration de l’écosystème tout en garantissant un débit d’étiage minimum de 75 m3/seconde à la sortie du Mali.     Le projet vise aussi l’aménagement de 139 000 ha de périmètres agricoles pour augmenter les revenus, l’autosuffisance et la sécurité alimentaire ; l’accroissement de la disponibilité énergétique avec la production annuelle de 188 GWH d’hydroélectricité pour alimenter  Bamba en amont et Gao via Bourem en aval, soit 87% des 135 GWH de la demande totale d’énergie dans la zone. A ceux-ci, il faut ajouter la création de conditions pour une meilleure recharge des aquifères adjacents et la garantie de continuité du transport en faisant la jonction entre le tronçon routier Taoussa-Gao et le transport fluvial Tombouctou-Taoussa.     La description de l’ouvrage Le barrage et ses ouvrages annexes comprennent une digue en enrochement à noyau étanche de 800 m de long fermant le bras principal de la rive gauche ; un quai de 100 m x 30 m avec cale de déchargement pour pinasses ; une écluse de 12 m de large ; une centrale hydroélectrique de 5MW x 5 pour une production annuelle de 118 GWH ; deux lignes Haute Tension (90 KV) de longueur respectives de 90 et 120 km qui partiront de la centrale hydroélectrique pour alimenter Bamba en amont et Bourem et Gao en aval avec des postes de transformation dans chacune des trois villes.     Cet ouvrage électrique comprend également un évacuateur de crue de 10 passes ayant une capacité totale de 3300 m3/seconde ; un remblai d’enrochement à noyau étanche comme ouvrage de raccordement à l’appui à la rive droite ; une retenue d’eau dont le volume est de 3,15 x 109 m3 et une route en crête du barrage avec pont mobile au-dessus de l’écluse. Cette route devra relier le site du barrage à la ville de Gao en passant par Bourem. Avec une largeur de 10 m dont 1,5 m x 2 d’accotements et une longueur totale d’environ 130 km, elle compte 125 ouvrages de franchissement et de drainage.    

Retombées du barrage

En outre, il ressort qu’après l’étude d’impact que ce projet devra contribuer à un meilleur approvisionnement en intrants et l’écoulement des produits agricoles, d’élevage, de la pêche qui verra une augmentation de son rendement…     Au nombre d’impacts négatifs, on peut retenir entre autres, le déplacement involontaire des personnes affectées par le projet ; le risque de diminution de la qualité de vie des populations déplacées ; les pertes de ressources végétales sur des terres de production céréalière ou de bourgoutières occupées par la retenue, l’accroissement de la pression foncière.     D’un coût total de 130 milliards de FCFA, le financement du barrage de Taoussa est assuré en plus de l’Etat du Mali, par la Banque Islamique de Développement, le fond Saoudien de Développement, la BOAD, le fond Koweitien pour le Développement Economique Arabe, le fond de l’OPEP, la banque d’investissement et de développement de la CEDEAO, la banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique et d’autres partenaires. Hélas, à ce jour encore, le Mali est loin de voir Taoussa devenir une réalité.  

Malick Camara

Quelle est votre réaction ?

like

dislike

love

funny

angry

sad

wow