Appel au sursaut citoyen pour la défense des institutions issues de la révolution du 26 mars 1991

Mar 25, 2012 - 08:15
Mar 25, 2012 - 09:51
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Les faits Chers compatriotes, Notre cher pays, le Mali, s’est réveillé ce 22 mars 2012 avec une gueule de bois. En effet, vingt ans de progrès démocratique, social et économique venaient d’être effacés, comme d’un revers de main, par un groupe de soldats qui se sont investis de la mission de redressement de la démocratie. Prétextant de l’incapacité des autorités légitimes et légales à gérer la crise au nord du pays, ils ont contraint le Président de la République à quitter sa résidence et à entrer dans la clandestinité. Les causes Chers compatriotes, Force est de reconnaître que la gestion du pays depuis quelques temps avait franchi le seuil de l’incompétence et du laxisme pour entrer dans une phase assimilable à de la haute trahison. Je pèse mes mots. En effet, nombreux avons-nous été à ressentir un profond sentiment de gêne lorsqu’une cargaison de drogue a disparu dans le nord-est du pays sans aucune explication convaincante du Gouvernement. S’y est ajoutée une profonde honte lorsque le Président de la République, ayant abandonné le septentrion malien aux groupes terroristes et aux trafiquants en tous genres, n’a eu comme toute réaction à l’intrusion d’armées étrangères sur le territoire national, accompagnée de morts de citoyens maliens que de prétexter qu’il n’en était pas informé. Les massacres perpétrés par les rebelles du nord en janvier dernier, ajoutés à l’abandon du camp de Tessalit par nos troupes restées sans ravitaillement pendant des semaines, ont fini par faire éclater l’indicible colère qui couvait dans nos cœurs depuis bien longtemps. Bien entendu, je vous ai fait grâce du règne de l’impunité et de la corruption dans toutes les sphères de notre société qui avait fini par assombrir les perspectives économiques et sociales du pays. Les conséquences Cependant, chers compatriotes, je vous exhorte à un sursaut citoyen et de patriotisme et j’en appelle à votre sens de l’Histoire car, n’en doutons point, le remède proposé, c’est-à-dire ce coup de force mené par des sous-officiers et hommes du rang, est pire que le mal du régime d’Amadou Toumani TOURE. Et cela, nous devrions le savoir. Que ceux qui ne semblent pas encore tout à fait réaliser ce qui est en train d’arriver au pays sachent que :

  • Le Mali est ou sera suspendu de toutes les organisations internationales comme l’Union Africaine, la CEDEAO, etc. ;
  • L’Union Européenne, la France, la Banque Mondiale et d’autres institutions financières internationales et partenaires au développement ont suspendu ou vont suspendre leurs financements au Mali ;
  • Les soldats pillards et vandales ont commencé à ou vont remplir leurs poches avec tout ce qu’ils trouveront comme ressources publiques ;
  • L’activité économique est et sera encore plus perturbée ;
  • Le chômage va augmenter et le coût de la vie va se renchérir, etc.
Et ce n’est qu’un début, nous le savons que trop bien ! Le sursaut Citoyens, ressaisissons-nous et dressons-nous par tous les moyens contre cette aventure sans lendemain aux conséquences incalculables. Les scènes de pillage et de braquage que nous avons commencé à subir, qui se sont traduites par des situations de pénuries et le renchérissement des produits de consommation courante, ne sont que le début des malheurs du pays. Les arrestations arbitraires en cours traduisent à souhait, pour peu qu’on soit lucide, les véritables intentions de ce groupe de militaires. Pour la survie du Mali, que nous chérissons tant, il faut immédiatement mettre un terme à cette situation car demain, il sera trop tard ou trop couteux de le faire. Que quiconque, ayant un quelconque moyen ou opportunité d’agir dans ce sens, décide de se refugier derrière des illusions, des faux prétextes ou la recherche du gain facile, sache qu’il le fait au détriment de son honneur de Malien et compromet l’avenir de ses enfants. Ceux qui, pensant que c’est leur tour de se remplir les poches, ou leur chance de se positionner pour un hypothétique avenir, doivent savoir qu’ils sont du mauvais côté de l’Histoire. Tôt ou tard, ils devront répondre de leurs actes. Toute collaboration avec ces aventuriers d’une autre époque ne saurait être qu’une forfaiture. Citoyens, n’oublions jamais qu’il ne s’agit pas de se préoccuper du sort d’un homme, mais de préserver le futur de notre pays dont la prospérité dépend assurément d’institutions stables. Que des individus, fussent-ils soldats, puissent décider unilatéralement de la suspension des institutions qui ont été bâties sur le sang et la vie de nos martyrs est une insulte à notre Histoire. Aucun digne Malien ne saurait l’accepter ou s’y associer car, comme l’a dit un illustre homme, les peuples n’ont que les dirigeants qu’ils méritent. Notre seul rempart contre les dérives autocratiques en tous genres réside dans notre détermination, en tant que citoyens, d’user de tous les moyens légitimes pour les stopper ! Que ceux qui, en dignes fils ou filles du Mali, feront le choix de l’honneur et de la responsabilité sachent qu’il n’est pas nécessaire d’écraser un serpent pour le neutraliser, lui couper la tête serait tout aussi efficace. Les raisons justifiant une action immédiate et salutaire Ce groupe de soldats :
  • est  isolé sur le plan international ;
  • est  incompétent pour combattre la rébellion au nord du pays à cause de ses limites professionnelles, de son appât du gain personnel et du manque de moyens pour soutenir une guerre qui s’annonce longue et difficile ;
  • a commencé à plonger le pays dans une crise économique qui pourrait être tout aussi longue et difficile ;
  • se montre incapable de maintenir l’ordre public en se rendant coupable d’actes de pillage et de vandalisme ;
  • n’a pas l’intention de céder le pouvoir ni aujourd’hui, ni demain, comme l’attestent le refus du meneur du coup de force de s’engager sur un calendrier pour la tenue des élections et ses nouvelles prétentions de redresseur de torts (corruption, impunité, favoritisme, conditions de service et de vie des militaires, etc.).
Mettre fin à cette situation et éviter au pays une catastrophe encore plus grande par tous les moyens légitimes est une action justifiée et sera salutaire et saluée. Chers compatriotes, Après chaque jour passé sous l’arbitraire de ce groupe de militaires, qui parade dans nos rues au lieu de combattre au front, en train de piller et de vandaliser les propriétés privées au lieu de les protéger et de terroriser la population au lieu d’assurer sa défense, que chacun de nous se regarde dans le miroir et réponde honnêtement à la question suivante : « Ai-je vraiment fait tout ce qui est en mon pouvoir pour rétablir l’honneur de mon pays et préserver son futur ? ». Une contribution de Bakary Camara (Addis Abeba)  

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