Quelques figures emblématiques de la musique africaine

Jan 15, 2016 - 20:14
Juin 7, 2024 - 08:59
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Salif Keïta: chanteur malien né en 1949 à Djoliba au Mali. Salif Keïta a trouvé, au fil des ans, une voie originale entre la tradition musicale mandingue et d’autres influences, piochant ici et là dans le rock, le soul ou le jazz rock. Ses admirateurs glorifient son «rock mandingue» et ses détracteurs l’accusent de s’être trop éloigné de ses racines, mais ils sont au moins d’accord sur un point: sa voix de griot, d’une puissance et d’une clarté exceptionnelle, est reconnaissable entre toutes. Adolescent, Salif penche davantage pour une carrière d’instituteur. Mais sa condition d’albinos lui en ferme les portes. Il se console donc en commençant à chanter des airs de folklore avec sa guitare dans les cafés de Bamako. Pas pour longtemps, puisqu’il est engagé par le Buffet Hôtel de la gare, où se produisent beaucoup d’artistes locaux. Dans les années soixante-dix, il devient la vedette du Rail Band, qui mêle folklore afro-cubain et chanson française, avant de passer dans un groupe concurrent, les Ambassadeurs du Motel. C’est avec cette formation que sa carrière va décoller. En 1978, l’album Mandjou enregistré à Abidjan remporte un important succès. Primpin, réalisé à Washington deux ans plus tard, suscite le même enthousiasme. Mais Salif Keïta a déjà la tête ailleurs. En 1983, il s’installe à Paris. Après quelques années difficiles, il rencontre le producteur Ibrahim Sylla qui lui permet d’enregistrer Soro, l’album qui l’a fait connaître auprès du public français, en 1988. Ce mélange réussi de sons mandingues, de rock et d’afrobeat arrive à point, en pleine vogue world music. Il sera suivi de plusieurs autres dans la même veine, bien que plus éloignés des rythmes traditionnels dont Ko Yan en 1989 et Amen en 1992. Le milieu des années quatre-vingt-dix marque un retour aux sources, dont l’aboutissement est Folon. Avec cet album, où il renoue avec le blues mandingue, Salif remporte un important succès en Afrique et en Europe. Mais, il n’abandonne pas pour autant le métissage musical, puisqu’il sort deux (02) ans plus tard, Sosie, moins bien accueilli par la critique, où il reprend une série de chansons françaises.  Emmanuel Dibango (Manu): Plus connu sous le sobriquet Manu est un musicien camerounais né à Douala en 1933. Manu Dibango est, à la fois un pionnier incontournable de la musique africaine contemporaine et le précurseur de ce que les Anglo-saxons ont appelé la «world music». Depuis ses premiers pas musicaux, en effet, il s’est toujours intéressé au mélange des genres et, en particulier, des rythmes africains et occidentaux. Arrivé en France en 1949, il découvre bientôt le saxophone son instrument favori, qu’il ne délaissera qu’à de rares occasions pour le clavier ou le vibraphone. C’est à Bruxelles qu’il fait ses études en tant que professionnel. Là, il s’imprègne des sonorités du jazz, auquel il voue depuis sa passion, tout en s’intéressant à la variété africaine naissante. Il se joindra d’ailleurs, en 1960, à l’African Jazz, le groupe de Joseph Kabassele, le plus grand musicien zaïrois du moment. Quatre (04) ans plus tard, Manu Dibango révèle une autre facette de son talent, en entamant une carrière française, aux côtés des chefs de file du jeune rock hexagonal, comme Dick Rivers et, surtout, Nino Ferrer. À l’époque, il fait figure d’exception, car les africains ne sont pas légions sur la scène française. Mais il n’abandonne pas pour autant les sonorités africaines. Il sera le premier Africain à obtenir un succès planétaire, en 1973, avec «Soul Makossa», un morceau mêlant le makossa (rythme populaire camerounais) à la musique soul américaine. Ce disque, vendu à plusieurs millions d’exemplaires, installe définitivement sa notoriété. Il lui ouvre également les portes de la scène musicale aux États-Unis, où il réalise son rêve: jouer avec les plus grands musiciens du jazz, dont Duke Ellington. Depuis cette époque, Manu Dibango parvient à rester populaire, parce qu’il sait habilement intégrer à sa musique les nouveaux courants musicaux. Au succès du reggae, par exemple, à partir du milieu des années soixante-dix, il répond avec Gone Clear (1979), enregistré avec les meilleurs musiciens jamaïcains. Face à la déferlante du rap, il sort Polysonik, en 1990, un album largement tourné vers ce style. Mais il retourne aussi régulièrement aux sonorités africaines, quitte à se plonger dans les rythmes les plus traditionnels de son pays natal, avec l’excellent Waka Jupu, en 1982. Son plus bel hommage à l’Afrique reste, cependant Wakafrika en 1994 veritable périple à travers le continent noir, réalisé avec quelques-uns des plus grands noms de la musique africaine, dont le Sénégalais Youssou N’dour, le Nigérian King Sunny Ade et le Zaïrois Ray Lema. Depuis, même s’il fait moins parler de lui, Manu Dibango continue à sortir album sur album, multipliant comme à son habitude, les expériences musicales. Il décède en 2020.   Youssou N’Dour: chanteur sénégalais né en 1959 à Dakar. Il est sans aucun doute le plus célèbre des chanteurs sénégalais. Adulé dans son pays, il est parvenu à obtenir un très large succès international. Né à Dakar dans le quartier populaire de la Médina. «You» (son surnom), a commencé à chanter dès l’âge de 12 ans dans l’un des orchestres les plus populaires du pays, le Star Band. Malgré les injonctions familiales, il abandonne les études à dix-huit (18) ans pour créer sa propre formation, l’Etoile de Dakar qui deviendra le Super Etoile, deux ans plus tard. Sur les traces du groupe Xalam, précurseur de la musique sénégalaise actuelle, Youssou veut réhabiliter les rythmes traditionnels locaux tout en les remettant au gout du jour. Voix haut perchée, un peu nasale, posée sur une guitare syncopée, entraînée par le rythme du taman (tambour d’aisselle au son modulable), une pointe de musique soul, parfois des synthétiseurs et des cuivres: son mbalax (rythme phare du Sénégal) ne tarde pas à séduire le public sénégalais et, bientôt européen. Ses tournées en France, au début des années 80, notamment aux côtés du chanteur Jacques Higelin sont les prémices de sa carrière internationale. Elle l’amènera notamment à collaborer avec Peter Gabriel, en 1989, et à multiplier les tournées aux côtés du gotha de la pop mondiale. Toutefois il devient véritablement une star planétaire avec la sortie de The Guide (Wommat), en 1994, dont le titre «7 Seconds», un duo avec la chanteuse Neneh Cherry, pulvérise les hit-parades. Cette consécration est confirmée, quatre ans plus tard, lorsque la Fédération internationale de football association (FIFA) lui demande de composer l’hymne de la coupe du monde 1998, «La cour des grands», qu’il interprète en duo avec la chanteuse belge Axelle Red. Mais ce qui fait la particularité de Youssou N’dour, c’est que son succès international ne l’a pas détourné de ses fans sénégalais. Contrairement à beaucoup d’autres artistes africains à succès, il vit au Sénégal, où il possède sa propre maison de production (Xippi). Et pour le délice de ses aficionados sénégalais You sort régulièrement, entre deux (02) albums destinés à une audience plus occidentale, des cassettes de pur mbalax enregistrées dans l’ambiance bouillante d’un de ses concerts.

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