" Nous sommes en posture de guerre depuis que nous sommes arrivés à Gao en mars dernier. L'aéroport nous sert de base. C'est là que nous stockons nos armes et l'équipement militaire que nous avons pris à l'armée régulière …Nous avons 10 000 hommes, 30 chars et l'hélico en réparation, nous sommes parés à toute attaque de troupes extérieures contre nos positions" martelaient à qui voulait l'entendre les officiers du MNLA. En subissant une cuisante défaite face aux islamistes du MUJAO à Gao, le mercredi 27 juin, on est en droit de se demander ce que sont devenus tous ces hommes et l'impressionnant asternal militaire dont ces oiseaux de mauvais augures prétendaient disposer. En tout cas, les derniers affrontements de Gao prouvent à plus d'un titre que cette mise en scène des bandits armés sur le site de France 24 n'était plus ou moins que du bluff tout cru.
![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/06/MNLA-xx.jpg)
Après la prise éclair des trois régions du nord Mali, le MNLA, avec ses velléités indépendantistes s'est fait passer aux yeux du monde entier comme les vrais maîtres du terrain, tandis qu'il ne contrôle que des bâtiments dans des villes déjà occupées par les groupes islamistes, Ançar dine d'Iyad Ag Gali et le mouvement pour l'unité du Jiyad en Afrique de l'ouest MUJAO. Pour preuve, ce sont ces groupes qui contrôlent l'entrée et la sortie des trois capitales régionales du nord malien et assurent la police à l'intérieur. Quant au MNLA, il n' était véritablement présent que dans la ville de Gao. Où il avait érigé son quartier général au Gouvernorat, abritant du coup son supposé conseil transitoire. S'y ajoutent les bâtiments du conseil de cercle et le camp Firhoun.
Pour se faire une idée sur le rapport des forces dans la région, lors de la tentative de fusion entre les deux groupes, Ansar Eddine n'a pas mâché ses mots. Il disait à son allié d'hier : "
c'est à prendre ou à laisser ".
Ayant perdu le terrain, face aux islamistes, le MNLA a alors entrepris une véritable offensive diplomatique, doublée d'une opération de séduction médiatique faisant croire que c'est seule sa volonté qui vaut sur le terrain. Et dans cette optique, les bandits sont partis jusqu'à exhiber sur le site de la chaine France 24 des images d'armes légères et d'armes lourdes. En l'occurrence, une trentaine de chars, un hélicoptère. Et se dit prêt à faire face à toute attaque de la CEDEAO, ou d'autres forces en présence.
[caption id="attachment_76502" align="alignright" width="250" caption="Ces 2 images présentées sur France 24 par MNLA"]
![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/06/MNLA-x.jpg)
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Nous sommes en posture de guerre depuis que nous sommes arrivés à Gao, en mars dernier. L'aéroport nous sert de base. C'est là que nous stockons nos armes et l'équipement militaire que nous avons pris à l'armée régulière. Nous possédions notre propre matériel de guerre avant l'offensive [lancée en janvier, ndlr] mais nous nous sommes surtout approvisionnés dans les bases militaires de l'armée au fur et à mesure de notre avancée dans le nord. Je dirais que 60 % de notre équipement actuel provient de ce que nous avons pris à l'armée. En ce moment, nous sommes en train de réparer un hélicoptère et dix chars. Trente autres chars sont actuellement en état de marche. Nous avons aussi beaucoup de fusils mitraillettes de différents calibres " déclarait un Officier du MNLA, le Colonel Intallah Ag Assai sur le site de France 24, le 21 juin 2012.
Bilal Ag Achérif, le président du conseil transitoire du MNLA investi à Gao le 15 juin a dans une interview accordée à notre confrère "
Jeune Afrique " déclaré à qui veut l'entendre : "
Si aucune solution n'est trouvée et que la CEDEAO envoie ses troupes, nous défendrons le territoire que Dieu nous a donné. Nous avons 9 000 combattants positionnés à toutes les frontières du Nord-Mali alors qu'elles viennent d'Algérie, de Mauritanie ou du Niger, nous sommes parés à toute attaque de troupes extérieures ".
Cependant, avec les derniers affrontements dans la ville de Gao entre le MNLA et le MUJAO, soldés par la défaite cuisante des hommes de Bilal Ag Cherif en moins de 24 heures, on est en droit de douter de la supériorité tant brandie par les responsables du MNLA. Mais aussi de l'arsenal dont il disait disposer. Comment le MNLA fort de tout cet arsenal n'a pas pu défendre ses positions face à quelques dizaines de moudjahidines.
Les masques sont tombés. On se rend compte que le MNLA n'était pas en réalité une force combattante. Ces grandes gueules ont toujours fait recours aux islamistes pour avoir le dessus sur une armée malienne en déconfiture totale. Le MNLA a perdu le combat, d'autant plus que son drapeau ne flotte plus dans la ville des Askia et dans sa fuite, le secrétaire général du mouvement a été atteint d'une balle et serait sous traitement au Burkina Faso.
Les groupes islamiques préférés au MNLA
En effet, les groupes islamiques qui écument le nord du Mali et plus précisément la ville de Gao sont pour la plupart constitués de moudjahidines venant des quatre coins du globe. En l'occurrence, de l'Algérie, de la Mauritanie, du Nigeria, du Pakistan pour ne citer que ceux-ci. Paradoxalement, ces fous de Dieu considérés comme des étrangers, dont l'objectif principal est la création d'un Etat islamique sont préférés aux séparatistes touareg du MNLA, qui revendiquent l'indépendance de cette partie du territoire malien.
Faut-il rappeler, qu'après le retrait de l'armée régulière de ces localités, le MNLA s'est livré à cœur joie, à des viols systématiques, souvent sur des mineures, à des exécutions sommaires et des vols de biens. Des actes dénoncés par les défenseurs des droits humains. D'où le rejet de ce groupe par la population locale. Pour preuve lors de l'installation de son conseil transitoire, qui devrait être une fête populaire et accueillie à bras ouvert, elle a été boycottée par les habitants de Gao. Ce désamour s'est révélé à la face du monde en début de semaine où plusieurs manifestants, qui protestaient contre l'assassinat d'un élu local par le MNLA, ont été tués par balles. Un massacre qui a obligé le MUJAO, qui assure la police dans la ville à en finir avec ce qui reste du MNLA à Gao et même au delà. Depuis, le drapeau malien flotte de nouveau dans la ville de Gao. Le MNLA qui a perdu le terrain, n'est plus que l'ombre de lui-même. Il ne lui reste plus que des boites de résonnance à savoir certains médias occidentaux pour faire son combat, dont le vrai, est celui du trafic de drogue, des êtres humains…
Kassoum THERA