Après la formation officielle d’une équipe gouvernementale de 32 ministres : Cheick Modibo Diarra forme un gouvernement officieux de six membres

Août 24, 2012 - 09:32
Août 24, 2012 - 09:32
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A bien analyser  le nouveau gouvernement mais aussi et surtout la configuration du Cabinet du Premier ministre Cheick Modibo Diarra, on peut s'inquiéter d'une boulimie  doublée d'un népotisme avéré chez l'astrophysicien malien. Toutes choses qui se traduisent par une… hypertrophie du cabinet du chef du gouvernement. Résultat : une primature budgétivore à effectif  pléthorique avec six "ministres spéciaux" dont les trois derniers sont nommés en toute illégalité. Il s’ensuit que, finalement, de 32 membres (avec la nomination hier d’un autre ministre délégué, voir article ci-dessous), l’effectif total des ministres est de 38 membres. La majorité de la classe politique et de la société civile maliennes, la CEDEAO et la communauté internationale attendaient du duo Dioncounda Traoré-Cheick Modibo Diarra un véritable gouvernement d'union nationale pour relever rapidement le défi de la libération du nord du Mali, organiser des élections acceptables et permettre au Mali de renaître. C'est plutôt un gouvernement d'ouverture qui a été formé. En effet, sur les 24 ministres du gouvernement sortant, 18 ont été reconduits. Parmi ceux-ci, hormis les trois officiers supérieurs (émanant de l'ex-junte)  que sont les colonels Yamoussa Camara à la Défense, Moussa Sinko Coulibaly à l'Administration territoriale et le Général Tiefing Konaté à la Sécurité, les autres ministres sont essentiellement des amis du Premier ministre. Parmi les 13 entrants, dont un  est de l'ex-CNRDRE, Cheick Modibo Diarra réussit encore à placer un pion à lui, un vice-président de son parti, le RpDM, Dr Yaranga Coulibaly. Ce qui fait que sur les 31 membres du gouvernement, le Colosse ségovien a, à lui seul, au moins 17 personnalités qui sont ses hommes. Il aura donc, comme le dirait l'autre  tenu parole : son gouvernement est le meilleur que le Mali n'ait jamais connu, il a accompli un excellent travail en trois mois dans des conditions extrêmement difficiles, il peut l'ouvrir à d'autres fils du pays si cela est nécessaire mais, pour l'essentiel, il ne le changerait pas. Ainsi s'exprimait-il, lors de son  "one man show télévisé " à l'occasion de ses 100 jours à la primature, le 27 juillet. Pour montrer à quel point, il est décidé de jouer toute sa partition au sein de l'exécutif malien, l'ex-navigateur interplanétaire, par gourmandise, verse dans l'illégalité en pondant des décrets de nomination de trois anciens nouveaux ministres au sein de son Cabinet. Le PM a ainsi récupéré Sadio Lamine Sow, Hamadoun Touré et Mamadou Diakité comme "Conseillers spéciaux avec rang de ministres" dans son cabinet. Alors que selon plusieurs juristes, des décrets de cette nature ne peuvent être pris qu'en conseil des ministres. Et, en Droit administratif (jurisprudence de l'arrêt Meyet), un décret pris en conseil des ministres doit être signé par le président de la République. Ce qui n'est pas le cas de ces nominations hâtives qui ressemblaient plus à un pied de nez fait au président de la République par intérim et à toute la classe politique, très faiblement représentée au sein du nouveau gouvernement. Ainsi, ces trois personnalités, qui étaient précédemment et respectivement ministres des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, de la Communication et de la jeunesse et du travail quittent le Gouvernement officiel pour être des ministres spéciaux dans le gouvernement officieux de Cheick Modibo Diarra. Au grand dam des fonds du contribuable malien. Le népotisme est passé par là ! Plusieurs observateurs trouvent que ces postes de conseillers spéciaux auxquels ces trois anciens ministres sont nommés, s'apparentent à des ministères bis qui vont grever le budget du pauvre Etat malien, privé d'appuis extérieurs. En effet, ces "ministères fictifs et parallèles " viennent s'ajouter aux postes de Conseillers spéciaux avec rang de ministres précédemment confiés à Sidi Sosso Diarra, un frère du PM. Sans compter que  Django Sissoko, le Médiateur de la République et le Directeur de cabinet du PM, Pr Oumar Kanouté ont tous rangs de ministres au compte de la primature. Quand la primature, sous ATT, nous avait habitués à réserver le rang de ministre au seul Directeur de cabinet avec les précédents Premiers ministres comme Modibo Sidibé, Cheick Modibo Diarra nous révèle sa boulimie en constituant un cabinet pléthorique. De nombreux chargés de missions et plusieurs ministres ! Un gouvernement bis en sorte dans un pays dans le gouffre économique et financier. Pendant ce temps, l'on n'a pas encore enregistré de telles promotions au sein du cabinet de la présidence. Il semble que les anciens collaborateurs immédiats de Dioncounda Traoré à l'Assemblée nationale gémissent d'impatience dans cette expectative. Comme on le voit et comme le confirment plusieurs analystes, la collaboration même entre le président de la République par intérim, Pr Dioncounda Traoré et le Premier  ministre Cheick Modibo Diarra ne sera pas sans quelques anicroches. Tant les deux hommes ont des visions politiques différentes, voire antagonistes. Même s'il ne faut pas faire l'oiseau de mauvais augure et prédire un bras de fer entre les deux hommes, il faut lever l'équivoque sur la mésintelligence sournoise entre ce tandem. D'abord, le chef du gouvernement inscrit sa gouvernance transitoire dans la durée. A propos de la libération du nord, l'astrophysicien malien, sur un ton plus que pessimiste, déclarait que la reconquête de l'intégrité du territoire n'est pas pour demain. " Si avec la mobilisation des pays occidentaux comme la France, les Etats-Unis, la situation, après dix ans, n'est pas maîtrisée en Afghanistan, ce n’est pas au Mali que cela sera fait en un an… ". Dans la tête de Cheick Modibo Diarra, il sera aux affaires pour "gérer" la transition malienne pendant des années. A contrario, le président de la République par intérim assure que si les Maliens se donnent la main, il ne faudra pas désespérer, la crise  malienne sera résolue plus tôt que l'on ne le pense. Deux discours, deux leaders aux antipodes l'un de l'autre pour diriger la transition malienne. Que Dieu sauve le Mali ! Bruno D SEGBEDJI

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