Après le choix de 32 partis politiques pour « un fichier électoral biométrique et fiable » : L'URD reconsidère sa position et opte pour le RACE

Le vendredi 8 juillet 2011, les représentants de 32 partis politiques, parmi lesquels l'URD de Soumaïla Cissé, étaient face à la presse pour signifier leur détermination à ce que les prochaines élections se fassent sur la base d'un " fichier biométrique et fiable ". Et cela contrairement à l'avis du Gouvernement et du Groupe d'experts commis à cet effet. L'URD vient de prendre ses distances avec cette position de ceux qui sont désormais appelés par certains de " radicaux ".

Afin de mettre davantage de pression sur le Gouvernement, les représentants de 32 partis politiques -venant tant de l'opposition que de la majorité présidentielle- ont animé un point de presse le vendredi 8 juillet dernier, à la Maison de la presse, pour réclamer dans un mémorandum " un fichier électoral biométrique et fiable ". Parmi les partis signataires de ce mémorandum, l'URD, le CNID (qui se serait, aux dernières nouvelles, retracté aussi), la CODEM et l'UM-RDA sont représentés au Gouvernement. D'où la surprise de certains observateurs qui n'ont pas compris que ces formations, assez proches du président de la République, puissent figurer dans un " front de refus " par rapport au choix du fichier RACE.

Pour l'UM-RDA, cela pouvait encore passer car ce parti est loin d'être une vraie force sur l'échiquier politique national. En plus de cela, son futur candidat (si candidat il y aura) n'est que très peu attendu dans la course à la présidentielle de 2012. C'est du côté de l'URD que l'opinion nationale avait perçu une certaine incohérence quant à la position de ce parti à choisir le "front du refus". Surtout que son mentor, Soumaïla Cissé, avait récemment, à Yélimané, tenu des propos très apaisants par rapport à la question du fichier électoral.

Quelle mouche avait donc dû piquer le représentant du parti de la poignée de main à cette rencontre avec 31 autres partis politiques pour aller dans le sens d'un " fichier biométrique et fiable ". C'est-à-dire le RAVEC pour ne pas le citer.

Une prise de position qui aurait pu être lourde de conséquences pour les représentants de l'URD au Gouvernement. Car, comment ceux-ci peuvent-ils défendre la position du Gouvernement dans la salle de réunion du Conseil des ministres et, au sortir de la salle, voir leur parti afficher une position diamétralement opposée à celle à laquelle ils venaient de souscrire ?

Compte tenu de cette incohérence dans la position du parti, il nous est revenu que l'instance dirigeante de l'URD a clarifié sa position : c'est le fichier RACE amélioré. En effet, comme l'a maintes fois dit le ministre de l'Administration territoriale et des collectivités locales, Général Kafougouna Koné, le fichier RAVEC ne sera pas prêt pour les élections à venir. D'où l'absence de choix pour tout parti qui souhaite réellement prendre part aux prochaines élections de 2012. Selon un député URD que nous avons rencontré à l'Assemblée nationale, le parti de la poignée de main ne souhaite point entrer dans un bras de fer avec le Gouvernement et cela au moment où son mentor, Soumaïla Cissé, est crédité d'un bon résultat lors du premier tour de la présidentielle de 2012.

Face aux incertitudes dans le camp Adema, pour le choix de son candidat, l'URD entend donc s'imposer en leader de la majorité afin de réunir autour de son candidat le plus grand nombre de partis possibles. D'où ce retour en arrière afin de ne pas mécontenter le challenger de Soumaïla Cissé en 2002, à savoir le président ATT. Qui, ne l'oublions pas, est président de la République jusqu'au 8 juin 2012.

Ce revirement dans la position de l'URD intervient également au moment où le PDES, le parti présidentiel, est en train de prendre sa tête dans des réflexions du type : faudrait-il aller ou pas à la présidentielle de 2012 avec un candidat issu des rangs du parti ? Si oui, qui sera ce candidat?

Face à une situation interne, qui est loin d'être apaisée à fortiori reluisante, au sein des partis  Adema et PDES, l'URD se frotte les mains tout en essayant d'attirer le PDES de son côté. Cela afin de faire front commun face au puissant Adema  dont le sort, avant la prochaine élection présidentielle, est loin d'être connu. Certaines mauvaises langues lui prédisent un coma au vu de son état actuel de manque de leadership.  

Comme on le voit, avec la défection de l'URD et du CNID, le " front de refus " se résume désormais à quelques petits partis, à part peut-être la CODEM (membre du Gouvernement et qui progresse au sein de l’électorat), Yelema qui gère quand même une grande mairie et l'UM-RDA (avec son unique député), un parti secoué par quelques tempêtes de scissions, plutôt préoccupé par le montant qui lui sera versé lors de la prochaine répartition de l'aide publique aux partis qu'à une participation significative à la prochaine élection présidentielle. Le président de l'URD, l’honorableYounoussi Touré, avait donc tout intérêt à quitter ce navire conduit par Pr. Younouss Hameye Dicko, le président d'un parti lilliputien, à savoir le RDS. En persistant dans cette logique, ne serait-ce que pour la forme, l'URD risquait gros. Peut-être même la sortie de ses représentants du Gouvernement. Ce qui signifierait un désaveu cinglant et un grand désarroi pour le parti de Soumaïla Cissé.

Mamadou FOFANA