Après le séjour d’une mission de haut niveau dans notre pays : Le Haut Conseil National de Lutte contre le Sida et les Programmes Palu et Tuberculose exclus de la gestion des subventions du Fonds Mondial à compter du 31 décembre 2011

Octobre 9, 2011 - 18:30
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C'est la principale décision prise par le Fonds Mondial de lutte contre la tuberculose, le paludisme et le Sida en l'encontre de notre pays suite au détournement opéré sur ses subventions au niveau du ministère de la Santé. Et dont le montant atteindrait aujourd'hui la somme de 3 milliards F CFA. Au Haut Conseil National de Lutte contre le Sida (HCNLS) où l'Inspecteur chevronné Guy Bourassa a été empêché de fouiner dans les comptes de cette structure rattachée à la présidence de la République, au motif qu'il aurait " insulté le Mali ", personne ne sait, pour le moment, combien de milliards FCFA de juteux  marchés ont été  attribués, de manière non transparente, à des proches du pouvoir ou qui se réclament comme tels. En tout cas, le Fonds Mondial n'a pas mis de gant pour punir notre pays, à travers le sevrage des structures publiques des énormes subventions accordées à la lutte contre ces trois maladies les plus dévastatrices de la planète. C'est dire que dans un avenir, qui pourrait être très proche, nous allons assister à la fermeture de ces structures qui viennent d'être exclues de la gestion des fonds alloués par l'institution onusienne, à savoir le HCNLS, le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLT) et le Programme National de Lutte contre la Tuberculose (PNLT), ces deux dernières structures relevant du ministère de la Santé.

 Après le séjour dans notre pays, du 3 au 8 octobre 2011, de la mission dite programmatique (renfermant divers spécialistes et composée de 12 personnes) et financière du Fonds Mondial de lutte contre le paludisme, la tuberculose et le sida, les autorités maliennes ne se font plus d'illusion. En effet, le Mali vient de perdre la gestion des subventions du Fonds Mondial qui servaient à faire fonctionner, principalement, le Haut Conseil National de Lutte contre le Sida (HCNLS), rattaché à la présidence de la République et dirigé par Malick Sène, et les Programmes Palu et Tuberculose du ministère de la Santé. C'est donc une très mauvaise nouvelle pour tous les Maliens et particulièrement pour les malades dont la survie est beaucoup fonction des subventions accordées aux structures publiques dédiées à cette mission. Pour l'Etat, c'est un désaveu cinglant et une honte que notre pays ne devrait point mériter. Si, toutefois, l'affaire du Fonds Mondial n'avait pas été, au départ, prise à la légère. Le gouvernement a manqué d'anticipation et de réactivité. En laissant les médias dénoncer une situation sans que le Gouvernement ne prenne la moindre décision allant dans le sens de la prise de sanctions exemplaires à l'encontre des délinquants en col blanc par qui est venu tout le malheur.

En procédant à l'inculpation, depuis fin 2009, d'une quinzaine de cadres et d'agents du ministère de la Santé, le pouvoir a cru pouvoir négocier avec le Fonds Mondial pour que les structures publiques puissent continuer à recevoir les milliards de FCFA de subventions de l'institution onusienne. C'est ainsi que le pouvoir allait écrouer, en août 2010, l'ex-Directeur administratif et financier du ministère de la Santé, Ousmane Diarra, la Coordinatrice du PNLT, Dr Nako Alima, et son adjoint Mohamed Berthé. En tout, ce sont une quinzaine de personnes qui été internées à la prison centrale de Bamako-coura et à la prison pour femmes de Bolé. Depuis donc plus d'un an que ces gens croupissent en prison, alors que le principal suspect, dont la signature est apposée au bas de tous les gros documents de marchés étant à la base de la fraude, des détournements de deniers publics, à savoir l'ex-ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, n'est point inquiété et continue de se la couler douce à son domicile. Même s’il a été l’objet en d’une inculpation par le parquet général près la Cour suprême, le 4 juin 2011, pour «atteinte aux biens publics, détournement de deniers publics, faux et usage de faux, favoritisme et complicité de favoritisme». 

Il y a eu beaucoup de laxisme dans la gestion des subventions du Fonds Mondial, d'où cette sanction prise en l'encontre de notre pays. On se rappelle que depuis mars 2011, la gestion des subventions du Fonds Mondial destinées à la lutte contre le paludisme et la tuberculose avait été confiéeà la Société d'expertise Diarra (SED), un cabinet privé de la place.  A compter du 31 décembre prochain, les subventions destinées au HCNLS seront confiées à PSI, une ONG internationale américaine. Quant à celles destinées à la lutte contre le palu et la tuberculose, c'est Care International qui devra s'en occuper. C'est dire que le HCNLS, les Programmes Palu et Tuberculose vont devoir fermer par manque de financement. Car, ces structures ne fonctionnent que grâce principalement à des subventions du Fonds Mondial. A moins que le Gouvernement ne veuille garder des coquilles vides…Voilà où peut conduire l'impunité dans un pays. Si l'on sait que des ONG, soient-elles internationales, ne peuvent jamais remplacer les structures étatiques dans les activités de santé. Mais que faire ? C'est celui qui paie qui commande la musique.

 En tout cas, il est temps que les pouvoirs publics se réveillent pour mener une lutte effucace contre l'impunité. Car, il n'est jamais tard pour bien  faire.

Il s’agira maintenant de savoir si l’idée de création d’un Fonds National de Lutte contre le sida, émise par le président de la République, lors du lancement du mois de lutte contre le sida, le 4 décembre 2010, pourra maintenant prendre corps. Quand on sait que ledit fonds aura besoin, selon les études menées par le Gouvernement et ses partenaires, d’un fonds annuel de 32 milliards FCFA, il est peu probable que cette initiative présidentielle puisse se concrétiser dans des délais raisonnables.

Rappelons que ce sont quelque 30 000 patients qui sont sous  ARV au Mali et des milliers de malades de la tuberculose ont besoin de prendre qutidiennement leurs médicaments. Le Mali n’étant pas en mesure de leur assurer cela...Que faire alors?

L'arrivée, dans les prochains jours, dans notre pays de Michel Kazatchkine, le Directeur Exécutif du Fonds Mondial, n’est pas pour rassurer. 

Au contraire, il est à craindre que d’autres partenaires du Mali, dans la lute contre ces fléaux, ne fassent comme l’institution onusienne. Ce qui serait catastrophique.     

Mamadou FOFANA

 

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