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![Général A. Soumaré](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2014/01/Général-Soumaré.jpg)
Général A. Soumaré[/caption]
Éclairer la lanterne de la nouvelle génération sur les circonstances de la naissance de l’armée malienne et les valeurs qui l’incarnait avant. Tel est l’objectif que s’est fixé le Mouvement pour l’unité et le changement du Mali (Mucham). Présidé par Biram Soumaré, (fils de feu général Abdoulaye Soumaré, celui qui a été le véritable artisan de la création de l’armée malienne), le Mucham, à travers une conférence organisée ce samedi 25 janvier, a donné l’occasion à la jeunesse malienne, au monde scolaire et universitaire l’opportunité de mieux apprendre sur leur armée, sa naissance et ses succès…
Jamais l’armée malienne ne s’est autant mal portée que ces dernières années où sa structuration à la chaîne de commandement ont connu d’énormes problèmes de dysfonctionnement. Conséquence ?
En 2012, le peuple malien découvre qu’il n’a pratiquement plus d’armée répondant véritablement à ce nom. Une armée politisée, gangrenée par la corruption, affectée par le virus des promotions acquises par des moyens biaisés et surtout par la perte de certaines valeurs comme la discipline, le respect du commandement, le sacrifice pour la patrie.
Mais doit-on continuer à assister impuissant sans rien faire face à cet affaissement de notre armée?
Au niveau du Mouvement pour l’Unité et le changement du Mali (Mucham) «Mali Dambé Séguin Ton», la question est, de toute évidence, non. Raison pour laquelle depuis un certain temps le Mucham a institué une conférence débats à l’occasion de laquelle des intellectuels, des hommes de lettres, des cadres politiques, des spécialistes des questions militaires et sécuritaires, sont invités pour venir partager avec les nouvelles générations leur expérience sur l’état de l’armée malienne et la vie des hommes qui se sont battus pour qu’elle voit le jour.
La conférence a été animée par d’éminentes personnalités. Il s’agit du Prof Bakari Kamian (historien), du colonel Séga Sissoko (ancien directeur général des musées des Armées) et le colonel Ousmane Coulibaly, ancien chef d’Etat major général des armées qui fut aussi l’un des tous premiers qui ont renoncé à l’armée française pour regagner la patrie qui les avait sollicité pour la formation de la jeune armée malienne à l’avènement de l’indépendance.
Le colonel Séga Sissoko a fait un rappel historique de la pénétration coloniale en Afrique et la politique d’implantation des premiers comptoirs et de forts. Ce fut une période où le contact fut très dur entre le colonisateur et certains groupes hostiles qu’il a rencontrés sur le terrain. Parmi ces groupes, il y a Elhadj Oumar Tall et les troupes de l’Almamy Samory. Une phase de résistance sur laquelle le Professeur Kamian s’est longuement étendu, rappelant notamment, les passe d’armes qui ont eu lieu (de 1874 à 1863) entre le roi toucouleur et le gouverneur du Sénégal, Fedherbe qui avait été chargé d’une mission : Mettre sur pied un corps d’armes qui n’implique pas des français. Ce qui a conduit à la naissance, le 21 août 1857, de la toute première compagnie des Tirailleurs Sénégalais. Qui sera suivie un mois après, par la création du premier bataillon portant le même nom (Tirailleurs Sénégalais).
Pour l’historien, ce corps d’armes comprenant des Sénégalais, des Soudanais et bien d’autres africains, était essentiellement constitués d’esclaves que le colonisateur français voulait libérer. La condition était simplement qu’ils passent par 15 ans d’armes aux cotés de l’armée française. C’est le début d’une longue présence de soldats noirs, notamment soudanais sous le drapeau français. Ils vont combattre aux cotés de l’armée française sur plusieurs champs de guerre, lors de la conquête de Ségou, pendant la résistance de Samory Touré, pendant les deux guerres mondiales, en Indochine, en Serbie, en Yougoslavie, lors de la bataille des tranchées…«Sur tous ces fronts, les africains et les français ont mêlé leur sang pour défendre les intérêts de la métropole», a indiqué Bakari Kamian.
A la naissance de la fédération du Mali (1959-1960), ces Tirailleurs Sénégalais (qui étaient encore sous le drapeau français) seront appelés par le président Modibo Keita qui assurait l’exécutif de la fédération. Il appelle le colonel Soumaré pour lui confier la tâche de la formation de l’armée de la fédération du Mali. Il mit sur pied une équipe de travail avant de rejoindre le président de la fédération du Mali le soir de l’éclatement de la fédération.
Et quand le Mali proclame son indépendance, le Président Modibo Keita a confié au général Soumaré la mission de donner au nouvel Etat une armée. Tâche à laquelle, selon le colonel Ousmane Coulibaly, le général Soumaré s’est attelé sans réserve. Il ouvre d’abord le Centre d’instruction de Kati où les premiers soldats vont bénéficié d’une formation complète.
Il a inculqué aux hommes les valeurs de bravoure et défense de la patrie. Ceux qui ont servi sous ses ordres, se souviennent d’une de ses ingénieuses idées : la création des bataillons autonomes. Il s’agit de bataillons où on trouvait toutes les sensibilités d’une armée : le génie, l’infanterie, la transmission. «De tels bataillons pouvaient se défendre et se tirer d’affaires. La preuve a été faite lors de la première rébellion en 1963. L’armée a pu juguler le menace», déclare l’ancien chef d’Etat major des armées. Pour Ousmane Coulibaly, l’armée malienne n’a pas été toujours mauvaise. Elle a eu ses heures de gloire, elle a eu à affronter des situations de guerre dans lesquelles elle est sortie avec honneur et dignité. «Ce qui arrive à notre armée ne doit pas nous alarmer. Elle peut être surmontée. Il faut juste que les autorités actuelles acceptent de mettre à contribution tous les fils du pays qui ont une certaine connaissance de la question et qui peuvent dégager des pistes de réflexion nous permettant de retrouver notre armée, telle que nous l’avons connue ses 30 premières années de sa création…
Papa Sow. /Maliweb.net