De retour du Niger, le célèbre colonel El-Hadj Gamou, que l'on croyait avoir rejoint lers rebelles, a repris du service dans l'armée malienne. Il a même tenté, le week-end dernier de récupérer des villes perdues au nord. Révélations.
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Le célèbre officier malien, le colonel El-Hadj Gamou, a défrayé la chronique et plongé les Maliens dans la stupéfaction lorsqu'il a annoncé, après la prise de Gao par la rébellion, son ralliement au Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA). Gamou justifiait ce ralliement par sa défiance envers les militaires putschistes du CNRDRE et un manque total de coordination dans le commandement des troupes maliennes déployées sur le terrain. Ceux qui connaissaient Gamou, son attachement au Mali, son inimitié avec le chef d'Etat-major des rébelles, le colonel Mohamed Ag Najem, et sa bravoure au combat ont cru déceler dans la voix de Gamou, sur RFI, un brin de contrainte, de regret. Un défaut de sincérité.
Ces observateurs avaient raison: le colonel Gamou n'a jamais trahi l'armée malienne. Il ressort d'une enquête que nous avons menée auprès de hauts gradés de l'armée malienne que quand plus de 2000 soldats fuyant la Libye, après la chute de Khaddafi, sont venus au Mali, ATT les a fait camper aux abords de Kidal, leur distribuant des subsides et de l'argent (on parle de 5 millions de FCFA officiellement, mais les plus révoltés contre le régime d'ATT font état de la remise à ces soldats "étrangers" de la bagatelle de 4 milliards de FCFA!).
Si au départ, les nouveaux venus donnaient des gages de paix, ils finirent par se montrer menaçants et à préparer des actions de guerre offensives. L'ayant appris, Gamou parvint à rallier à la cause du Mali 390 éléments appartenant à sa propre ethnie et qu'il connaissait de longue date. Ce sont ces éléments touaregs lourdement armés, soutenus par des officiers et des bérets rouges maliens, qui formaient la brigade de Gamou, une brigade qui s'illustrera sur tous les théâtres d'opération du nord-Mali.
Après la chute d'Aguelhok, les 390 éléments de Gamou ont été discrètement approchés par la rébellion qui leur a proposé de la rejoindre, leur rappelant qu'ils recevraient une solde régulière, des primes de guerre substantielles, des grades élevés, toutes choses qui ne leur étaient pas acquises s'ils restaient avec l'armée malienne. Au début, les 390 soldats ont décliné l'offre mais, comme l'armée n'était plus correctement ravitaillée et qu'ils peinaient même à manger, ils ont chargé le colonel Gamou de négocier, à tout le moins, leur intégration immédiate dans l'armée malienne. Cette demande a coïncidé avec le coup d'Etat du CNRDRE et l'affaire a traîné en longueur.
Informé de la situation, le capitaine Sanogo, nouvel homme fort du pays, a fait droit à la demande des 390 éléments touaregs. Mais il semble que les combattants concernés n'aient pas apprécié des grades subalternes qui leur ont été distribués dans le cadre de leur intégration dans l'armée malienne. D'autre part, ils n'ont plus vu de perspectives joyeuses dans une armée qui ne cessait de perdre du terrain et de s'enfuir. Les éléments ont donc décidé de rejoindre leurs anciens amis du MNLA.
Etant les plus nombreux du contingent de Gamou, ils ont enjoint à ce dernier de se constituer prisonnier et l'ont conduit, sous bonne garde, jusqu'au chef d'Etat-major du MNLA, Mohammed Ag Najem. C'est sous la tente de ce dernier que Gamou a accepté, contraint et forcé, de rallier les rebelles.Et pour que son ralliement soit accepté et définitif, ordre lui a été donné de publier une déclaration sur RFI, la radio la plus écoutée au Mali et en Afrique. Ce qu'il a fait.
Gamou, après ce ralliement formel, a été chargé d'une mission secrète à la frontière nigérienne. Accompagné d'officiers maliens, il en profita pour franchir la frontière et se réfugier à Niamey, après que lui et sa petite troupe eurent été désarmés par les autorités. C'est à Niamey que le colonel reprendra attache avec le Mali et exprimera sa loyauté à ce pays.
Le colonel reprend du service
Il semble qu'on l'ait cru en haut lieu et qu'il ait même déjà repris du service. Samedi dernier, à la tête de quelque 200 soldats maliens, il progressait vers le nord du Mali pour tenter de reprendre le contrôle de certaines localités tombées aux mains des rebelles touaregs et des islamistes. Selon un correspondant de l'agence de presse Reuters, qui tient ses informations d'officiers maliens, 200 soldats et des dizaines de véhicules placés sous le commandement du colonel El Hadj Gamou sont arrivés dans la ville de Labezanga, située près de la frontière avec le Niger. Les forces loyalistes ont progressé de 40 km au nord, vers la ville de Gao, contrôlée par les rebelles séparatistes et les islamistes. "Nous avons mis en place un poste avancé à Ouatagouna. L'armée malienne reprendre le contrôle de son territoire", a déclaré à Reuters un officier qui s'est présenté comme le capitaine Ag Meylou. A défaut de pouvoir reprendre les villes ciblées, Gamou et sa troupe pourront, au moins, tâter la forcve de résistance des armées rebelles et les distraire en attendanrt que le gros de l'armée se prépare à l'offensive générale. Le Mali ne devrait pas avoir beaucoup de mal à récupérer les territoires perdus pour peuè que l'armée se réorganise, se remotive et exploite le soutien sans faille des populations colonisées par la rébellion.
D'ailleurs, la progression des soldats maliens vers le nord du pays survient alors que des hommes armés ont ouvert le feu à Tombouctou pour disperser des habitants protestant contre l'occupation de leur ville. Selon plusieurs habitants de Tombouctou, l'une des trois principales villes du nord du pays occupées par les rebelles, des islamistes ont tiré en l'air pour disperser quelque 200 manifestants vendredi après-midi. "L'Etat ne fait rien donc nous essayons de nous organiser par nous mêmes", a indiqué à Reuters un des manifestants. A noter que le CNRDRE et le président intérimaire, Diouncounda ont engagé des pourparlers avec les rebelles en vue du retour des régions du nord dans le giron de l'Etat malien.
Tiékorobani