ATT : la vaste conjuration du silence et du départ

Avr 21, 2012 - 18:15
Avr 20, 2012 - 18:07
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Nous sortons à peine d’une semaine riche en rebondissements et où le CNRDRE cherchait à sanctuariser son avantage comparatif. Au pays, plus rien ne sera comme avant. Nous nous retrouvons depuis des semaines déjà dans des séances de prières et de vœux dans nos différents lieux de culte. Après les avoir adressés à nos lecteurs, on se permettra ici de souhaiter encore une fois bonne chance au Mali. Avec la mise en place des organes de la Transition, on peut dire que le pays va renaître à la vie. On sortira, pour ainsi dire, à pas comptés d’une spirale du déclin. La grande peur qui nous avait saisis en ce début d’année 2012, une année qui aurait dû être celle du choix des électeurs, nous tenait maintenant aux entrailles car tout le monde se demandait de quoi demain serait fait. Nos populations apprenaient à leurs dépens que leurs gouvernants continuaient jusqu’ici de répondre aux crises plutôt que de les prévenir. Cela relevait de la faute de l’ancien régime qui nous a valu de perdre le Nord (et non la raison). Ceux qui sont arrivés aux affaires à la fin du mois dernier ont commencé, au début, à bricoler dans l’urgence des remèdes qui, pensaient-ils, allaient calmer la fièvre. Reste, pour ceux qui les suivront sous peu, à soigner la maladie du corps social. Sur ce, on apprenait toujours, dans un condensé du JT de 20 h de l’ORTM, la tentative de déstabilisation en cours. Nous laissons  la responsabilité aux auteurs du communiqué de nous affranchir par rapport à tout ce qu’on est en droit d’attendre et d’apprendre, de peur d’en venir à prendre les vessies pour des lanternes. Après le putsch donc du 22 mars dernier, certaines des forces ont cherché à se contrecarrer mutuellement, en groupe de personnes sous formes ou pas de parallélogrammes de forces, comme le disait ENGELS à propos de l’histoire. Et de tout ceci ressortait une résultante. Et voici ce qui fait l’événement du complot, avec prises d’armes de guerre montrées à la  télé. Les membres du CNRDRE ont donc choisi de trancher dans le vif Le CNRDRE a eu à prendre des mesures préventives sur des sujets qui empoisonnent actuellement la vie publique sans pour autant que la quiétude revienne dans les cœurs. Après la signature de l’Accord-cadre du 6 avril, c’était la « tolérance zéro » pour tous les contrevenants, si l’on peut dire. Toutes les attitudes « clivantes » devaient être rejetées, selon le Capitaine Sanogo. La junte militaire entendait « tordre le cou » à certaines chimères politiciennes en début de semaine. A ce qui nous revient, ils ne l’ont pas fait dans le détail ni dans les précautions d’usage. Si ladite conspiration avait eu un début d’exécution, elle allait donner à leurs travaux, au CNRDRE, une place de choix dans le débat public. Ce sont là des dividendes que ni le Capitaine Sanogo, ni le reste de ses troupes ne pouvaient ignorer. Un ordre, a-t-on dit, n’est respectable que dans la mesure où il est respecté. Mais il y a lieu d’ajouter que toute représaille  n’en arriverait qu’à opposer les Maliens, ce qui pourrait rendre inefficace et même déchirer le tissu social. Ces jours passés nous ont montré que les militaires n’avaient pas seulement les armes au pied. Leur mépris pour l’inaction, le CNRDRE va le nourrir en dévoilant les tenants et aboutissants d’un vaste complot. Au bout de la petite chaîne, on retrouverait (Oh surprise !) l’ancien Commandant en chef des forces armées, le Général ATT. Le « vade-mecum » avait été arrêté d’aller le cueillir auprès des autorités sénégalaises. A ce que l’on raconte, l’ancien Chef de l’Etat se retrouverait depuis 48 h dans les locaux de l’Ambassade du Sénégal à Bamako, en ce moment précis où le Président Macky Sall est en visite officielle en France. Nous demandons à savoir. ATT squattait-il les locaux sénégalais depuis quand au juste ? Il n’a jamais été établi le lieu où aurait séjourné le fugitif après avoir quitté le Palais de Koulouba  en flammes. Le soldat ATT était resté sous la canonnade jusqu'à 16 h, ce 22 mars 2012. Comment va-t-il se procurer un passeport pour voyager sur Dakar ? Ou prendra-t-il les chemins vicinaux  pour sortir du territoire ? Si les autorités militaires se faisaient prier de fermer les yeux pour le laisser partir, les circonstances actuelles allaient-elles imposer  un autre diktat ? Il est connu des Maliens que les sentiments que le Général sortant éprouverait pour les jeunes mutins ne leur permettraient plus de coopérer dans l’intérêt commun et dans le respect de l’Etat. Nous sommes dans un cas où l’on aimait rappeler les propos de notre professeur de sciences biologiques au lycée. Nous reprenons Bacon : « On ne peut la commander (il s’agit de la nature) qu’en lui obéissant ». Cela suppose qu’on en connaisse les lois. Nous sommes dans une période « creuse » où chacun fait attention pour imaginer demain. Dans un peu moins de 40 jours, on va devoir s’asseoir de nouveau pour parler, s’écouter, mais sans aucune censure, ni limite. On ne s’interdira pas de réfléchir à toutes les solutions à trouver. Ce devenir, on ne saurait le rendre malléable qu’en la pétrissant entre nos mains. Les autorités actuelles doivent montrer un magnifique caractère en laissant partir le Général ATT. Ce passage peut leur redonner du souffle. Était-il disposé de lui-même à partir ? Ce n’est qu’un au revoir du frère ATT. Il nous invitait déjà à gouter aux délices d’une retraite paisible de bon grand-père assujetti, selon ses humeurs, à certains travaux champêtres à Mopti. L’isolement qu’il vient de choisir en allant à Dakar, si cela était, le mènera-t-il malgré lui ? L’homme, on le croit, n’a jamais voulu être un binational. On sait aussi que les anciens Chefs d’Etat qui arrivent sur le sol de la « Teranga » se retrouvaient souvent dans une situation délicate. Les exemples ne manquent pas. Quelle classe d’exemption va-t-on évoquer pour ATT ? Le splendide isolement d’ATT est voué à l’échec. Pour les historiens, il ya là surtout quelque chose qui rappelle furieusement…la destinée des grandes tragédies dans cet autre support à la politique. Le mois de Mars aura changé par deux fois le destin de deux de nos  Généraux les plus titrés. Tous deux devenus anciens Chefs d’Etat, l’un voit l’autre qui l’avait renversé par une nuit furieuse du 26 Mars 1991 s’en aller, pris dans les rets des chemins de l’exil. De son vivant, Moussa Traoré aura vu aussi accéder aux affaires son beau-fils Cheick Modibo Diarra. Ainsi commença au Mali l’histoire des deux militaires des années 1968 à nos jours… S. Koné

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