TERRORISME - Les autorités britanniques sont "furieuses" après les fuites d'informations sur
l'attentat de Manchester dans
les médias américains ou par d'autres canaux, a indiqué ce mercredi 24 mai une source gouvernementale.
"Nous sommes furieux. C'est complètement inacceptable", a indiqué cette source. "Ces images qui fuitent vont être une source de stress pour les victimes, leurs familles et le public", et "ce problème a été soulevé par les autorités britanniques avec leurs homologues américains à tous les niveaux pertinents", a-t-elle ajouté.
Jeudi 25 mai, la première ministre britannique Theresa May est allée plus loin en indiquant qu'elle allait demander au président américain Donald Trump lors du sommet de l'Otan à Bruxelles le respect de la "confidentialité" des informations partagées entre services de renseignement sur l'attentat de Manchester. "Je vais clairement dire au président Trump que les renseignements qui sont partagés entre nos services respectifs doivent rester confidentiels", a dit Thersa May.
"Irritant que ces informations sortent via d'autres sources"
La ministre britannique de l'Intérieur, Amber Rudd, avait fait part plus tôt de son exaspération. "La police britannique a été très claire sur le fait qu'elle veut contrôler le flux d'informations, afin de protéger l'intégrité opérationnelle" de l'enquête et pouvoir bénéficier "d'éléments de surprise", a déclaré Amber Rudd sur la BBC.
"Donc ça devient irritant que (ces informations) sortent via d'autres sources et j'ai été très claire auprès de nos amis sur le fait que cela ne doit pas se reproduire", a-t-elle ajouté. Alors qu'on lui demandait si les autorités américaines avaient compromis l'enquête, elle a répondu: "Je n'irais pas si loin". "Mais je peux vous dire qu'elles sont parfaitement au clair concernant cette situation et le fait que cela ne doit pas se reproduire", a-t-elle insisté.
La police antiterroriste britannique a regretté jeudi la "divulgation non autorisée" d'informations notamment aux Etats-Unis, jugeant que cela "nuisait" à l'enquête.
"Nous apprécions grandement les relations étroites que nous avons avec nos partenaires des services de renseignements et des forces de sécurité à travers le monde" avec qui nous "partageons des informations sensibles" mais "quand cette confiance est rompue, cela compromet ces relations et nuit à nos enquêtes", a affirmé un porte-parole de la police britannique chargée du contre-terrorisme. "Les dégâts sont encore plus grands quand cela implique la divulgation non autorisée de preuves potentielles au beau milieu d'une importante enquête du contre-terrorisme", a ajouté ce porte-parole.
Ce jeudi, la BBC a affirmé que la police de Manchester a cessé de transmettre des informations sur l'enquête aux autorités américaines suite à ces fuites.
Ces fuites ont "déstabilisé" l'enquête
Quelques minutes après cette déclaration agacée, le ministre français de l'Intérieur Gérard Collomb, affirmant ne savoir "que ce que les enquêteurs britanniques nous ont appris", révélait que le kamikaze présumé de l'attentat était "sans doute" passé par la Syrie et avait des liens "avérés" avec le groupe Etat islamique.
Plus tard dans la journée, le
New York Times a révélé que
la bombe détonée par un jeune kamikaze à Manchester lundi soir était puissante et sophistiquée et a publié en exclusivité huit photos montrant différents éléments de l'engin explosif.
Ces photos auraient été prises par des enquêteurs de la police et, selon des sources gouvernementales britanniques, transmises à leurs homologues américains qui les auraient fait fuiter.
Pour les services anti-terroristes britanniques, ces fuites ont "déstabilisé" l'enquête. Un porte-parole a souligné l'importance des relations avec les services d'autres pays et de leur coopération. Mais "quand cette confiance est rompue, cela déstabilise ces relations, sape nos enquêtes et la confiance des victimes, des témoins et de leurs familles", a-t-il déploré.
"Le dommage causé est encore plus grand quand cela porte sur la divulgation non autorisée de preuves potentielles en plein milieu d'une enquête anti-terroriste importante", a-t-il ajouté.
Par huffingtonpost.fr / 25/05/2017