Avec des multimillionnaires et six ministres aux commandes : Pourquoi le PDES n'arrive pas à décoller
Tous ceux qui ont salué, le 17 juillet dernier et cela, à juste titre, la naissance du Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES) sont en train, petit à petit, de désenchanter. Et pour cause : le parti présidentiel les a déçus. Né dans l'opulence la plus criarde et la gaieté la plus explosive, le PDES est sur le point de mourir. On le dirait presque agonissant alors qu'on n'a pas connaissance qu'il a été, un jour, malade. Trois mois après son lancement, voilà que le parti présidentiel peine à donner de la vie et n'arrive pas à entretenir l'espoir chez ses militants et sympathisants. Pire, il vient de perdre deux de ses députés, ceux de Baraouéli, au profit de l'URD. Et cela avant même la bataille décisive. Du plomb déjà dans l'aile des " amis d'ATT " ? Quelle désillusion alors ce sera
Cela fait trois mois, jour pour jour, que le parti présidentiel a été porté sur les fonts baptismaux dans l'allégresse la plus totale dans un CICB plein à craquer. Ce17 juillet 2010, tous les observateurs de la scène politique nationale ont été unanimes qu'un grand parti venait de naitre et dont il va falloir suivre de très près l'évolution qui promettait fulgurante. C'est dire que même les devins les plus pessimistes ne pouvaient ne pas saluer l'apparition de cette nouvelle étoile qui devait briller de mille feux dans le firmament politique national. Dans la mesure où tous les ingrédients étaient là pour ce faire : pas moins de six membres du gouvernement, des richissimes opérateurs économiques, des hauts gradés de la douane, des hauts cadres de l'administration plus un aréopage de personnalités venant de la société civile qui constituent la direction du nouveau parti.
La désillusion est, aujourd'hui, telle que certains observateurs se demandent, maintenant, s'il a été sage que les géniteurs du parti présidentiel aient choisi la Première dame au bon cœur, Touré Lobbo Traoré, comme marraine d'une formation dont les principaux responsables, tous des barons de l'Etat ou des magnats du secteur privé, n'ont pas de temps à consacrer à l'activité politique. Comment dans ces conditions pourront-ils assurer la défense du bilan d'ATT au niveau des populations si, déjà, le parti présidentiel donne l'impression d'avoir, déjà, du plomb dans l'aile ?
Présidé par le ministre de l'Equipement et des Transports, Hamed Diané Séméga, le PDES n'arrive toujours pas à décoller alors que ce serait curieux si ce sont les moyens financiers qui manquent pour l'organisation d'activités de mobilisation et des missions de terrain en vue de l'implantation des structures du parti . En effet, le PDES est l'unique parti qui compte dans ses rangs pas moins d'une dizaine de ministres et d'anciens ministres, des multimillionnaires, des hauts cadres de l'administration, des richissimes opérateurs économiques, etc. Alors qu'avec son récépissé en main depuis plus d'un mois, cela devait lui ouvrir la voie de sillonner le pays, tout entier, sans même s'arrêter à un barrage quelconque.
Le PDES, un parti administratif ?
En procédant à la nomination de Coordinateurs, le PDES donne l'impression qu'il est un parti administratif. Cette mode de gestion, appartient, heureusement, à une période révolue. Il aurait été plutôt intéressant si le président Hamed Diané Séméga avait laissé la latitude aux militants eux-mêmes de s'organiser à la base en vue de procéder à l'élection de Coordinateurs dont la mission est précisément de réussir l'implantation du parti dans les différentes localités du pays. Tel n'a pas été le cas et voilà maintenant que le parti commence à sentir ce retour de manivelle quand bien même la machine refuse de démarrer.
S'il faut chercher les causes réelles de l'immobilisme du parti des amis d'ATT? ", on ne peut qu'imaginer que cela est dû, principalement, au manque de temps de la part des membres du Comité directeur du PDES. En effet, à voir la liste des 128 personnalités qui composent ce Comité, il est imaginable de voir des vice-présidents? à l'instar de Jeamille Bittar, président de la Chambre de commerce et d'Industrie du Mali (CCIM) et du Conseil Economique Social et Culturel (CCIM), un Ousmane Ba, député élu à Macina mais retenu à Bamako pour la session parlementaire, par exemple, pourront tourner le dos à leurs activités principales et préoccupations du moment pour aller battre le rappel des militants du Mouvement citoyen dans le but de gonfler les rangs du PDES. C'est le cas également pour la plupart des dirigeants du parti présidentiel. Ceux d'entre eux qui ont, apparemment, le temps, il se trouve que les moyens financiers et matériels manquent à ceux-ci pour conduire des missions de sensibilisation dans les quartiers et villages du pays. Aussi, le Cinquantenaire n'est pas venu pour arranger les choses de ce côté-là. Tout le monde, et principalement les officiels, voulant se faire voir aux côtés du président de la République lors des cérémonies, il est sûr qu'aucun ministre membre du PDES ne voudra s'éloigner de la capitale. Surtout en cette période où des rumeurs de remaniement ministériel se font persistantes. C'est dire que la pléthore au niveau du directoire du PDES a été, en tout cas pour le moment, un phénomène plutôt handicapant. Il y a aussi l'éternelle équation du financement des activités initiées par des sympathisants du nouveau parti. Il nous a été rapporté que plusieurs demandes de financement, faites dans ce cadre et adressées à la direction du parti, sont demeurées sans suite avec pour toute réponse: "le parti n'a pas d'argent".
Le PDES, qui est un jeune parti, se voit ainsi confronter à la sempiternelle équation de financement propre à tous les partis. Qu'ils soient grands ou petits, de la mouvance présidentielle ou de l’opposition, l'argent manque partout. Mais au PDES, certainement que les multimillionnaires et les ministres, jamais à court d'argent tant que les DAF et les marchés publics vont exister, rechignent encore à mettre la main à la poche. Encore, une fois, ce n'est donc ni le grade des dirigeants d'un parti dans la hiérarchie gouvernementale, administrative ou dans le milieu des affaires, qui fait obligatoirement sa force. C'est la volonté de faire avancer le parti dont pourra se prévaloir chacun de ses membres qui fait la force réelle d'une formation politique. Le respect d'un parti politique ne reposant principalement que sur le nombre de ses militants et de ses élus.
Le PDES, qui vient de perdre deux députés (tous élus à Baraouéli) au profit de l'URD de Soumaïla Cissé, doit maintenant prouver à l'opinion nationale qu'il n'est pas créé pour servir de complément d'effectifs et qu'il est capable de surprendre. En tout cas, depuis sa création, c'est toujours le calme plat du côté du parti présidentiel. Comme s'il s'était momifié. Car, à part le lancement de son site Web qui a eu lieu à Sikasso, et cela dans une salle de la Chambre de commerce et d'industrie, le 25 septembre 2010, le PDES n'a mené aucune autre activité digne de ce nom. Maintenant il s'agit de savoir si Hamed Diané Séméga et ses camarades du Comité directeur pourront sortir le parti présidentiel de l'hibernation dans laquelle il s'est, involontairement et de manière précoce, laissé tomber ? Seul l'avenir dira.
Mamadou FOFANA
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