Bakary Mariko porte-parole de l’ex-junte : «Cheick Modibo Diarra a démissionné sans contrainte»

Déc 15, 2012 - 22:26
Déc 16, 2012 - 01:17
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Le porte-parole de l’ex-junte, Bakary Mariko, revient dans cet entretien  sur le contexte de la démission du désormais ancien Premier ministre, Cheick Modibo Diarra. Il en profite pour inviter les Maliens au dialogue qui est une vertu cardinale au Mali. Il estime par ailleurs que «nous devrons nous parler, mais surtout parler le même langage pour sortir notre pays de cette crise». [caption id="attachment_112116" align="alignleft" width="315"] Bakary Mariko[/caption] Qu’est-ce qui est à la base de cette démission ? Bakary Mariko : Le Premier ministre Cheick Modibo Diarra a présenté sa démission le mardi 11 décembre 2012, suite à une intervention des forces de défense et de sécurité du Mali. Il faut reconnaître que monsieur Cheick Modibo Diarra a été nommé suite à un accord entre la CEDEAO et le CNRDRE en avril dernier. Il avait deux missions essentielles : la libération des régions nord du Mali et l’organisation d’élections libres et transparentes. Au lieu de se comporter en homme de devoir, monsieur Diarra a fait jouer son agenda personnel, et du coup, cela a créé un blocage au niveau de l’Etat. Quand le président de la République va au Niger pour parler de négociations, Cheick Modibo Diarra va au Tchad pour dire qu’on ne négociera pas. Ses décisions changent en fonction de ses interlocuteurs. Mieux, après le coup d’Etat, les forces de défense et de sécurité avaient décidé d’organiser les concertations nationales. Quand le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, est revenu de la France, il a demandé d’aller dans le même sens, avec toutes les organisations nationales et internationales. Il a été demandé au Premier ministre d’organiser ces concertations nationales, ça fait des mois que ces concertations n’arrivent pas à se tenir afin d’élaborer une feuille de route pour le gouvernement. Tout simplement parce qu’il avait la volonté de se maintenir au pouvoir, avec ses prétendus «pleins pouvoirs». Il est parti jusqu’à dire, qu’il ne sait pas à qui remettre sa démission. Mais qu’est-ce que les militaires lui reprochent ? Les forces de défense et de sécurité du Mali ont appris que Cheick Modibo Diarra avait fait des vidéos, des enregistrements à l’Ortm qui sont des cassettes de séduction. Il avait voulu faire diffuser ces cassettes sur l’Ortm, en appelant le peuple à descendre dans la rue pour créer des troubles, afin que les concertations ne se tiennent pas. En plus de tout cela, le bicéphalisme à la tête de l’Etat était visible. Face à la demande de la communauté internationale à ce que les Maliens parlent d’une seule voix, les forces de défense et de sécurité ont pris leur responsabilité en interpellant Cheick Modibo Diarra, pour le mettre devant sa responsabilité. Et lui-même il en a tiré les conséquences et a présenté sa démission ce mardi 11 décembre 2012 au petit matin. Avant de présenter sa démission, a-t-il parlé avec le capitaine Amadou Aya Sanogo ? Le capitaine lui a expliqué tout ce qui s’est passé, la confiance qu’il avait placée en lui, celle que le Mali avait placée en lui en ces moments historiques et exceptionnels pour notre pays. Il a failli à son devoir de Malien, de bon Malien, en un mot. Il lui a expliqué tout cela avec des preuves à l’appui, et notamment avec les cassettes qu’il avait enregistrées pour appeler le peuple à descendre dans les rues de Bamako. Tout cela pour créer le chaos, face à toutes ces preuves, le Premier ministre a été obligé de présenter sa démission. Est-ce qu’il n’a pas été contraint à faire cette démission ? Il n’a pas été contraint ; lui-même a tiré les conséquences de ses agissements et a présenté sa démission en présentant ses excuses au peuple malien. On a appris qu’il avait des problèmes de santé au moment de son arrestation…  Il n’a pas été enlevé. Il a été interpellé en bonne et due forme pour venir s’expliquer. Il s’est expliqué et on lui a présenté les preuves de ses agissements. Il n’avait aucun problème sanitaire. Il a présenté sa démission et le président de la République l’a acceptée. C’est pourquoi il a lu lui-même sa lettre de démission sans contrainte. Où se trouve-t-il actuellement ? Cheick Modibo Diarra est libre mais reste en résidence surveillée parce qu’il faut assurer sa sécurité avant la mise en place du gouvernement et les passations de service. D’ailleurs, l’une des missions des forces de défense et de sécurité c’est la sécurité pour tous les Maliens, surtout un ancien Premier ministre et dans le contexte où se trouve le Mali, il a plus que besoin de sécurité. Comme vous l’avez dit, le Mali est dans une situation exceptionnelle, il va falloir que le pays se calme. Nous ne pouvons pas nous permettre d’instaurer une crise institutionnelle au sud, au moment où les régions du nord de notre pays sont occupées. Les  populations souffrent, nous avons un devoir de responsabilité vis-à-vis de nos concitoyens. C’est pourquoi l’armée, les forces de défense et de sécurité, ont voulu jouer leur partition encore une fois. Un mot de la fin ? Le dialogue est une vertu au Mali. Les forces de défense et de sécurité, les forces vives du Mali, les partis politiques, les regroupements et les organisations de la société civile, nous devrons nous parler, mais surtout parler le même langage pour sortir notre pays de cette crise. Propos recueillis par KTR

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