Bamako by night : La ’Pute de luxe ‘ de l’ACI 2000
En ce début d’année, la capitale malienne bouillonne malgré la crise; les maquis, boîte de nuit et les chambres d’hôtels ont fait le plein la nuit du Saint Sylvestre, communément appelée au Mali «le 31 ». Malgré des menaces ça et là, les noctambules ont fêté de la plus belle des manières. Notre reporter s’est intéressé aux maisons closes de l’ACI 2000.
Bamako, capitale à l’ère des temps modernes est une ville en plein essor et conséquemment, son développement socio-économique a favorisé un profond changement dans la marche de la société.
En ce soir très festif à Bamako, nous voici au cœur de la cité dans l’un des quartiers les plus modernes et tendance de la ville, en l’occurrence Hamdallaye ACI-2000 ou le visiteur a tout de suite une impression d’être dans une capitale occidentale au vu du charme et du caractère esthétique des bâtiments flambants qui ne finissent pas de sortir de terre. Cette citadelle laisse croire naïvement au premier venu qu’il est dans un espace paradisiaque aux attributs des plus saints. Cependant, ne nous y trompons pas du tout, l’autre face de la pièce est un spectacle de folie qui ne laissera même pas un curé sans réaction. Il est 22h 30 environ et nous sommes en « début de soirée » selon un des noctambules à qui nous nous confions. L’espace est très prisé et selon une des serveuses, l’endroit offre plusieurs avantages qui sont un peu rares dans d’autres points, à savoir une enceinte plus grande, des chambres de passes nombreuses, un « stock » de filles qui est constamment « mis à jour ». Après quelques échecs pour avoir une fille à cœur ouvert, nous voici réunis autour d’une table avec A.D qui déclare qu’elle est engagée par intermittence, c’est-à-dire «tous les trois mois» elle est redéployée dans un lieu partenaire à Magnambougou et cela donne à la majeure partie des clients un besoin de retour incessant. Plus loin, elle nous confie qu’elle fait ce métier par plaisir d’où son surnom de ‘’Pute de luxe‘’ et cela se vérifie par sa condition de vie assez enviable et d’ailleurs elle doit se rendre en France courant cette nouvelle année pour entamer des études, du moins officiellement. AD n’aura plus de temps pour nous et nous sommes alors tentés d’aller voir ailleurs. Alors un peu plus loin à quelques mètres de la, un autre bar plus restreint nous accueille et Denise, une serveuse du coin depuis trois mois, en dépit de son emploi exigeant, se prête à notre jeu et tient à préciser tout de suite qu’elle n’est pas une potentielle cliente. Cependant elle nous parle de quelques amies et connaissances qui pratiquent ce métier, notre interlocutrice avoue qu’il existe plusieurs raisons qui poussent ses amies parmi lesquelles la recherche effrénée de biens matériels et ce groupe se constitue de filles sans aucune compétence pratique mais aussi d’étudiantes, d’aucunes s’y livrent par pure plaisir. Mais ce lot se veut de plus en plus négligeable, il existe une toute autre catégorie qui en fait une profession. Car elles ne sont plus nécessiteuses comme à leurs débuts, mais ayant pris goût et désormais passionnées, elles s’y obstinent, aujourd’hui une petite catégorie montante est en train d’émerger et c’est tragiquement une conséquence de la crise que traverse le pays. Il y a des filles qui sont déplacées du nord et qui, par contrainte et nécessité, font le commerce du sexe pour assurer la survie quotidienne, mais également dans ce lot certaines sont des «professionnelles »qui trouvent refuge à Bamako. Situation due aux rigueurs de la sharia. Quant aux prix, cela va bon train car sujets à quelques facteurs de goûts, de coups et enfin de sous (chambres ventilées à 2000 F CFA et climatisées entre 3 000 et 5000 F CFA). Une chose est de constater que la prostitution, de nos jours, a plusieurs formes et plus d’endroits d’expression (Badalabougou, Magnambougou, Baco Djikoroni-Golf, Faladié, ACI 2000, entre autres) et devient tout aussi un vice d’avantage pernicieux et donc difficile à contrôler. Aujourd’hui, de notre enquête il en ressort que plusieurs bonnes dames et autres demoiselles s’adonnent insidieusement à cette pratique d’une manière des plus ingénieuses. En témoigne cet exemple de Mamie B. qui est vendeuse ambulante de fruits pendant la journée et la nuit, elle honore un ou deux de ses rendez-vous pris premièrement avec ses clients de journée qui, curieusement, seront des clients de nuit pour le fruit prétendu ‘’ interdit’’. Ainsi à la faveur de l’exode rural, maintes sont ces filles issues des villages pour les travaux domestiques qui, une fois en cité, se travestissent en filles de joie au mépris des mœurs et valeurs sociétales positives à elles inculquées au village. Fort de ces constats, où en sommes-nous avec la législation ? Comment réagissent les autorités compétentes en la matière dans notre pays ? Et la société civile dans tout ça ? En tout cas le Mali est devenu aujourd’hui un pays sans loi ni foi et les chefs de familles sont interpellés face à ce phénomène social à l’allure d’un drame national.
Epharaim Junior, stagiaire
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