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Bruno D Segbedji[/caption]
Dans une Afrique où les conflits postélectoraux sont légion, l'acte posé par le candidat malheureux Soumaïla Cissé le lundi soir en se rendant, avant même les résultats du second tour, à la résidence de son rival pour le féliciter pour sa victoire, l'a énormément grandi. Ils se comptent, en effet, sur les doigts d'une seule main les candidats malheureux d'une élection présidentielle qui, simplement par téléphone, appellent leur adversaire pour le féliciter. Abdou Diouf, Abdoulaye Wade l'avaient déjà éloquemment fait au Sénégal. John Dramani Mahama du Ghana a également été vivement félicité par son challenger vaincu, malgré les dénonciations de fraudes dont celui-ci avait fait cas.
Au lieu de se contenter de téléphoner comme le font d'habitude certains candidats malheureux, Soumi s'est rendu en compagnie de sa famille au domicile de son vainqueur pour lui rendre hommage. Ce qui ennoblit davantage son geste.
Malgré les insuffisances constatées, le candidat vaincu prend de la hauteur en reconnaissant la victoire de son concurrent. Cela est à mettre au compte d'une avancée démocratique. Il s'agit d'une leçon que le Mali, un pays qui vient de très loin, donne au monde entier.
Par ailleurs, en choisissant de se constituer en "
alternative crédible de propositions et de critiques" pour jouer un rôle de veille de la gestion des affaires, Soumaïla Cissé fait preuve d'un courage politique. Ce courage, faut-il le rappeler, se fait rare ces dernières années sur les bords du Djoliba où plusieurs hommes politiques ont simplement peur d'animer l'opposition. Le consensus sous ATT n'a-t-il pas finalement montré ses limites ? Tous se font inviter à la soupe du gouvernement, privant ainsi la gouvernance des garde-fous qui la vivifient dans l'intérêt des populations. Là aussi, Soumi champion vient de marquer des points pour la postérité.
Bruno Djito SEGBEDJI