Blocage dans la mise en place de la CENI : L’opposition désigne ses 5 membres et saisit le ministre Kafougouna Koné
Face à la presse hier l’opposition parlementaire et extra-parlementaire a réitéré sa position dans la répartition des sièges pour la composition de nouvelle Commission électorale nationale indépendante, Céni. Dans une correspondance adressée au ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, elle exige l’application des dispositions prévues dans la loi électorale.
Cette conférence de presse, qui a eu lieu dans la salle de conférence de la radio « Kayira », était conjointement organisée le parti Sadi et Bara. Animée principalement par le secrétaire politique du Bara, Ahmed Dinargoum Cissé, et le secrétaire général du parti Sadi, la présente conférence, explique-t-on, se veut un exercice de clarification sur les vraies motivations du blocage dans le processus de mise en place de la nouvelle Céni.
D’entrée de propos, le secrétaire général de Sadi a rappelé la mission de la Céni : celle de veiller à la régularité des élections et du référendum à travers la supervision et le suivi de toutes les opérations électorales. Selon Oumar Mariko, « cette mission de la Céni ne peut logiquement et objectivement être remplie que par la société civile. Laquelle, avec son rôle de contre-pouvoir, ne peut être renforcée dans cette mission que par les partis politiques de l’opposition ».
Or, depuis les débats pour la mise en place de l’institution, les discussions entre majorité et opposition sont au point mort. Sur les 15 membres qui devront constitution l’institution de surveillance des élections, la société civile est représentée par 5 membres, tandis que les partis politiques se partagent les 10 sièges. La répartition de ces places provoque aujourd’hui de chaudes empoignades entre majorité et opposition. Pourtant en la matière, la loi électorale tranche sans équivoque : elle stipule le « partage équitable » entre les deux camps. Or dans la forme actuelle, la majorité présidentielle semble vouloir se tailler la part du lion, en raflant les 9 sièges, accordant un seul siège à l’opposition. Celle-ci ne l’entend pas de cette oreille.
Pour l’opposition, il s’agit d’un putsch qui ouvre le boulevard pour des élections frauduleuses. Selon elle, le blocage tient à la volonté des partis de la majorité présidentielle de violer les textes. « Les arguments avancés par certains partis politiques, qui interprètent de manière mécanique le principe de l’équité contenu dans la loi électorale, ne résistent à aucun examen sérieux », explique le député Oumar Mariko faisant lecture de la déclaration de l’opposition sur la question. « Nous pensons, poursuit-il, qu’il y a un déséquilibre très prononcé des forces avec d’un côté la majorité présidentielle (qui dispose de moyens financiers et logistiques et une forte influence sur la gestion du pouvoir), et de l’autre côté l’opposition, en position très défavorable, et ne disposant pas de moyens financiers ni d’un véritable statut de l’opposition ».
Abondant dans le même sens, le représentant du Bara, a regretté l’échec des rencontres devant aboutir à un consensus entre les deux camps. « Il n’y a eu qu’une seule rencontre, où nous avons rejeté la répartition des sièges décidés de manière non consensuelle par les partis de la majorité. A la deuxième rencontre, seules les formations politiques de l’opposition ont répondu à l’appel », a regretté Ahmed Dinargoum Cissé. Qui constate la carence du cadre de concertation entre les deux tendances.
Face à cette situation, les partis politiques de l’opposition disent se référer à la loi électorale et à l’esprit de la Céni en désignant, le vendredi 15 juillet (constituant le délai de rigueur), les cinq représentants de l’opposition devant siéger à la Céni.
Convaincues de la justesse de leur démarche et des arguments mis à disposition, les formations politiques de l’opposition, ont sollicité l’implication du ministre de l’administration territoriale et des collectivités locales. « Nous rappelons au ministre que la majorité n’ayant pas choisi ses représentants dans le délai prévue par la Loi, ne peut bénéficier juridiquement d’aucune circonstance atténuante », révèle l’opposition dans sa déclaration. Qui précise par ailleurs que « dans ces conditions, elle ne peut à la rigueur que désigner le complément à 10 de la liste légalement fournie dans le délai par l’opposition ». « Nous prenons à témoin l’opinion sur la tentative déjà des partis de la majorité d’organiser et de cautionner la fraude électorale en voulant être majoritaire à la Céni », conclut la déclaration.
Comme pour dire que c’est bien parti pour une bataille des arguments autour de la question, qui pourrait se résoudre devant le Tribunal administratif.
Issa Fakaba Sissoko
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