Bousculades meurtrières à Mina : Qui a failli pour mener au drame ?

Octobre 4, 2015 - 18:02
Octobre 5, 2015 - 08:51
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[caption id="attachment_1170292" align="aligncenter" width="730"]Au moins 310 morts dans un mouvement de foule à La Mecque Des secouristes saoudiens viennent en aide aux blessés, après le mouvement de foule meurtrier de ce jeudi 24 septembre à La Mecque.  REUTERS/Directorate of the Saudi Civil Defense/Handout[/caption] De diverses nationalités, plusieurs musulmans venus accomplir le rite de jet de pierres au Grand Satan ont péri à Jamarât, à l'entrée ouest de Mina en Arabie saoudite, localité située à 5 km à l’est de la Mecque. Alors que les raisons à l’origine de ce drame font un sujet de débats à travers le monde, maliweb.net vous livre ici dans l’anonymat, les confidences d’un Malien rescapé de Mina, non moins témoin oculaire de la scène. Bamako - 4/10/2015 - Tout serait parti, selon nos sources, du non-respect des règles préétablies par les autorités saoudiennes et auxquelles tous les pèlerins étaient tenus à se soumettre afin d’accomplir nettement leur rite. Par contre, plusieurs pèlerins ont profité de la négligence et des yeux doux des forces de l’ordre saoudiennes pour briser  les règles. Chose qui a malheureusement mené à l’irrémédiable. Nous sommes, le jeudi 24 septembre 2015. Il est 8 heures en Arabie Saoudite. Des milliers de personnes se croisent dans la vallée de Mina, dans une rue étroite de 14 mètres. D’une part, il s’agit de pèlerins en partance de la grande Mosquée de la Mecque pour Jamarât, lieu où ils comptent jeter des pierres au Grand Satan. En face, se détachent d’autres milliers de pèlerins ayant déjà accompli le rite de retour de Jamarât pour la grande Mosquée de la Mecque. Ce dernier groupe est majoritairement composé de Maliens. Cependant, nulle issue n’est pour un groupe bien conscient du danger de leur croisée pour céder le passage à l’autre. Pris de court, les forces de l’ordre saoudiennes tentent de mettre en place un cordon de sécurité dans le but de faire comprendre aux deux groupes affluant l’un vers l’autre que chacun doit mettre fin à son avancée. Erreur ! En plus de la fatigue qui ne cesse de gagner les pèlerins se plaignant depuis de la quantité et de la qualité de la restauration, beaucoup d’entre eux sont frappés par la soif et la faim. Outre la chaleur humaine qui fait grimper la température accentuée par l’arrêt de l’aération, l’oxygène se raréfie brusquement. Face à l’échec du cordon sécuritaire, rien n’indiquait l’alternative aux pèlerins à savoir s’il fallait avancer ou retourner car s’arrêter risque de durer très longtemps. Qu’il soit la première ou la seconde option, plus de communication, plus de repère, la volubilité s’installe et les pèlerins se croisent fatalement. L’espoir étant pour chaque pèlerin, de parvenir à se tirer d’affaire dans la rue pour se retrouver à l’autre bout. De la mosquée où l’on ignore ce qui se passe exactement à Mina, des pèlerins dans l’attente, se joignent aux bouts des files indiennes et y constituent une véritable force de blocage.  La confusion est à son comble. Dans l’étroite rue de Mina où les personnes s’épuisent à force de se battre sans succès, la folie est totale. Il suffit qu’un pèlerin étouffé au milieu de la foule s’effondre ou tente de sauver un proche épuisé pour se faire piétiner par des milliers d’autres en débandade dans les deux sens opposés. Dans l’espace de trente minutes,  le bilan est lourd. Quelques pèlerins ayant pu se sauver en provenance de Mina se rassemblent à la Mecque. Dans les minutes qui ont suivi, il est dénombré plus de trois cent personnes qui ne respirent plus. Des centaines de blessés sont admis aux urgences. Ainsi, contrairement à des vieilles images circulant sur le web, tous les morts et blessés de la bousculade ont été évacués. Aucune machine, aucun bulldozer n’a été utilisé pour évacuer les corps de victimes, a constaté ce témoin. En tout cas, la légèreté dont est accusé l’Etat saoudien pour n’avoir pas su contenir les pèlerins désobéissants à la règle est fondée. Et, il nous revient aussi que plusieurs pèlerins dont des Maliens en majorité, ont désobéi à la règle. Car, depuis la veille, tous les pèlerins de tous les horizons ont été avec précision, informés d’avance de l’heure exacte au cours de laquelle ils doivent effectuer sans encombre l’étape de Jamarât le lendemain matin à partir de Mouzdalifah (localité située au sud-est de Mina). Pour leur part, les Maliens étaient prévenus que de Mouzdalifah, ils devraient tous emprunter la rue Fahad et la rue Soukhoul-Arabe pour se retrouver à Mina à 10 heures locales exactement. C’est de là qu’ils iront avec d’autres à Jamarât. Par contre, dès 6 heures locales du matin, c’est-à-dire, quatre heures avant l’heure règlementaire que certains débutent l’excursion. Non seulement ils n’ont pas emprunté les rues à eux réservées, ces pèlerins maliens pour la plupart de la filière des agences de voyage, ont emprunté d’autres rues pour se rendre à Jamarât, jeter de pierres au Grand Satan pour se rabattre vers la Mecque afin d'effectuer une dernière circumambulation autour de la Kaaba. Leur raison évoquée était d’aller très tôt, effectuer ce rite et rentrer avant que le les autres pèlerins ne bondent les lieux. Malheureusement, après avoir marché près de 6 kilomètres la nuit (de Mouzdalifah où ils étaient sous des tentes à Jamarât-lieu exact où l’on jette le Satan-), ils étaient très fatigués et pris par le temps. A la Mecque, où il est l’heure (8 heures) pour le départ du groupe premier groupe, la communication s’embrase. La croisée devient inévitable car aucune mesure sécuritaire spécifique à cette croisée n’avait été prise d’avance étant donné que le scénario n’était pas dans le plan. Il faut noter que le fait de désobéir aux règles pour effectuer des différents rites  lors du pèlerinage à la Mecque est un comportement vieux et qui, à chaque année, donne du fil à retorde aux autorités saoudiennes. L’option étant pour des pèlerins craignant la mort par étouffement de se hâter à vite faire ce qu’il faut en évitant la masse. A la suite du drame, l’une des taches difficiles pour les autorités saoudiennes est de parvenir à identifier les victimes conservées dans les morgues des différents hôpitaux. Les encadreurs maliens aussi de toutes les filières, ont du mal à identifier les corps de victimes car ne connaissant pas tout le monde. Il faut souvent des jours pour que des blessés admis dans les urgences alors inconscients, se déclarent pour se faire identifier. Et, à l’heure même où nous mettons cette information en ligne, il nous est signalé que les 371 Maliens déclarés disparus font l’objet d’intenses recherches à partir de leurs pièces d’identité. Issiaka M Tamboura (maliweb.net)

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