Si ce n'est pour l'instant qu'une guéguerre par médias interposés, la véritable bataille pour porter les couleurs du Parti pour le Développement Economique et la Solidarité (PDES) ne devrait point durer. En tout cas au vu de l'état des préparatifs des différentes tendances qui se disputent le leadership au sein du parti pour porter ses couleurs à la présidentielle de 2012. Qui de Hamed Diané Séméga, le président du parti qui, même étant forclos en sa qualité de membre du Gouvernement, aura son mot à dire, de Jeamille Bittar, le premier vice-président du PDES qui, même étant à la Mecque présentement pour la Oumra, ne cesse de penser à cette candidature, ou de Ahmed Sow, le président d'honneur du parti, devenu soudain un acteur de terrain pour les bonnes œuvres.
[caption id="" align="alignleft" width="250" caption="Dr Hamed Sow"]
![Hamed SOW](http://www.maliweb.net/news_images/sowhamat002.jpg)
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Voici une formation politique, dont la naissance, le 17 juillet 2010, avait créé une sorte d'émoi et de frayeur au sein de la classe politique qui avait vu, très tôt en ce parti dénommé présidentiel, un adversaire redoutable. Qui allait perturber le jeu politique en brûlant la politesse à ses aînés que sont, par exemple, l'Adema, le RPM et l'URD. Surtout que c'est la Première Dame au bon cœur, Madame Touré Lobbo Traoré, qui est désignée présidente d'honneur de ce nouveau-né venu avec une cuillère dorée à la bouche.
Plus d'un an s'est passé depuis cette date. Le congrès du parti, qui avait été annoncé comme devant se tenir " avant fin 2010 ", tarde toujours à se manifester. Pire, la guerre de leadership a précédé l'implantation du parti sur le terrain. Une situation qui a été exacerbée lors de la désignation des Coordinateurs régionaux et des points focaux dans les différentes localités du pays. Le président du parti, Hamed Diané Séméga, le doyen (en termes de longétivité) du Gouvernement d'ATT, ayant été, suite à ces choix, accusé de tous les noms d'oiseau. Certains lui ayant même fait l'amical reproche de n'avoir désigné que ses proches et, dans certains cas, des gens qui ne peuvent rien lui refuser. Un débat qui a conduit à l'enlisement des structures voire à une sorte de paralysie du parti lui-même. Qui, durant toute une année d'existence officielle, n'arrive toujours pas à tenir son congrès…constitutif. Les rares sorties de terrain des membres de son directoire pléthorique (127 membres) n'étant, le plus souvent, que pour manifester la preuve de son existence. Mais quelle existence ?
[caption id="" align="alignleft" width="250" caption="Mr Hamed D. Semega"]
![SEMEGA](http://www.maliweb.net/news_images/semega0002.jpg)
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Selon son président, le PDES, contrairement à la pratique en la matière, s'était fixé comme objectif d'implanter ses cellules dans chacune des 703 communes du pays. Il s'agit maintenant de savoir quel est le degré d'implantation réelle de cette formation politique qui ambitionne de défendre, maintenant et après, le bilan des dix années de gestion du pays par le président ATT ?
Comme si les difficultés rencontrées sur le terrain dans son processus d'implantation ne suffisaient pas, le PDES s'est laissé pénétrer par le virus de la division entre des tendances qui ne se regardent désormais qu'en chiens de faïence. Il y a d'un côté, le président du parti, Hamed Diané Séméga, puissant ministre de l'Equipement et des Transports, qui ne jure que par ATT dont il est devenu l'inamovible ministre depuis bientôt une décennie. Non pas que l'homme manque de charisme lui-même, mais il s'est toujours réfugié derrière le nom d'ATT, devenu chez lui un véritable verset, un leitmotiv. Est-ce là un pêché ? Que nenni ! Dans la mesure où ce haut cadre des mines doit sa longue carrière ministérielle à la seule volonté du président de la République, faiseur de rois et de roitelets dans un pays où tout le monde court et œuvre pour s'attirer les faveurs du Chef. Brillant ministre peut-être mais piètre politique pour ne pas avoir réussi à rassembler le parti, dont il l'un des principaux initiateurs, autour de lui. Le fait également qu'il ait choisi de rester au Gouvernement et de continuer à manger du bifteck, au lieu de préférer se mettre au service de son parti, a dérouté plus d'un militant et observateur de la scène politique. Unique président de parti au sein de l'équipe de Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, Hmed Diané Séméga est donc considéré par les citoyens comme forclos de la présidentielle de 2012.Car, comme l'a dit publiquement le président de la République, aucun membre de l'équipe actuelle ne saurait prétendre être candidat à l'élection présidentielle de 2012. Cette phrase élimine donc du coup Hamed Diané Séméga qui fêtera bientôt ses dix ans passés aux côtés du président ATT.
[caption id="attachment_27842" align="alignleft" width="220" caption="Mr Jeanmille Bittar"]
![Jeamille-Bittar](http://maliweb.net/wp/wp-content/news/images/2011/08/Jeamille-Bittar.png)
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Quant à Jeamille Bittar, inutile de dire que cette " élimination précoce et sans appel " du président du parti, Hamed Diané Séméga, ne pouvait normalement que lui ouvrir les portes pour aller défendre les couleurs du PDES à la présidentielle de 2012. Reconnu comme l'un des principaux bailleurs de fonds du parti, cet opérateur économique n'a jamais caché, ni au sein du PDES ni ailleurs, son intention d'escalader la colline du pouvoir en 2012. Et de réussir cette ascension à haut risque. Avec si possible l'appui du PDES dont il sait aujourd'hui la grande rivalité qui existe entre plusieurs de ses dirigeants. Parrain attitré des activités organisées par les militants, ce richissime opérateur économique (transport, imprimerie, import-export) compte bien utiliser ses relations d'affaires et professionnelles pour battre campagne en vue de la conquête du palais de Koulouba. Réussira-t-il à convaincre le directoire du PDES qu'il demeure une chance pour le parti à la présidentielle qui pointe déjà le nez ? Voilà toute la question. Alors que ce soutien lui sera beaucoup plus capital que celui des centaines de clubs de soutien qui porte son nom qui ont déjà jeté leurs tentacules dans différentes localités de notre pays.
Quant au technocrate Ahmed Sow, président d'honneur du parti et Conseiller spécial du président de la République, il travaillerait depuis un certain temps à focaliser l'attention des médias sur son intérêt à se voir candidat du PDES à la présidentielle de 2012. Mais le fait que la rumeur dit qu'il n'est pas en odeur de sainteté auprès du président du parti pourrait être pour lui un handicap dans la perspective d'un vote qui l'opposerait, par exemple, à Jeamille Bittar, rodé aux élections difficiles et dont la volonté et l'engagement à être candidat en 2012 ne sont désormais qu'un secret de polichinelle.
Dans tout ça que dit ATT, dont l'épouse, la Première Dame au bon cœur, est quand même la présidente d'honneur du PDES ? Va-t-il laisser ses héritiers se bouffer le nez du vivant même de leur mentor ? En tout cas, au vu de tout ce qui se passe aujourd'hui au sein de cette formation politique, l'on est en droit de s'inquiéter pour le PDES. Dont la durée de vie active pourrait se terminer avec la fin du règne d'ATT. Si ce n'est déjà fait…
Mamadou FOFANA