Ces journalistes empêchés de parler au Mali

Nous avions mis Boubacar Togola à la Une de notre numéro 63 du 22 novembre 2011 en vous précisant qu’il est un journaliste talentueux doublé d’un animateur audacieux. Et surtout « qu’il puise sa popularité de sa capacité d’expliciter en ondes des gestes choquant et répugnant des détenteurs du pouvoir politique et surtout du pouvoir « pognontique» (permettez nous d’improviser ce qualificatif voulant dire accumulation abusive du pognon). Ces détenteurs du Pouvoir et du Pognon sont parvenu, le samedi 16 juin dernier, à pousser momentanément le talentueux Togola à la porte du studio de Radio Klédu. Sauf en cas de changement d’avis de dernières minutes du Directeur de la Radio, si non, vous ne pourrez pas écouter comme d’habitude, ce samedi 23,  votre jeune homme préféré dans son émission «Faso djo kènè» de 14 à 16 heures. Selon les informations et le document que nous avons obtenus, Togola a été suspendu pour avoir parlé des dépenses élevées que causerait au budget national en crise la location de chambre d’hôtel pour le président Dioncounda Traoré qui se soigne à Paris depuis près d’un mois. Il avait proposé que le gouvernement loge Dioncounda dans l’Ambassade du Mali à Paris pour diminuer les coûts. Lisez la lettre qui a été remise à Boubacar Togola à cet effet : «  Mesure de suspension M.TOGOLA est suspendu de l'antenne à partir de ce samedi 16 juin 2012 à 16h. Aucune émission en direct ou rediffusion présentée par Monsieur TOGOLA n'est autorisée. FAIT à Bamako, le16 JUIN 2012 Jacques DEZ Directeur général » Quant à Makan Konaté de radio Bamako, il subi lui aussi le même genre d’interdiction. Il y a plus d’un mois, le 02 mai 2012, que Makan Konaté a été suspendu après avoir diffusé dans son émission « Sans détour» des propos du Docteur Oumar Mariko prononcés lors d’une conférence de presse du MP22 tenu au siège de Kayira. Depuis 2002, Makan Konaté travaille à Bamakan comme Rédacteur en chef de la Radio. Il est de surcroit le secrétaire général du Comité Syndical du Personnel des radios privées du Mali. Ce Comité est affilié à l’UNTM. Voici le contenu de la lettre adressée à Makan : «Monsieur Makan Konaté est suspendu jusqu’à nouvel ordre, Daté du 02 mai 2012 et signée par monsieur Abdoul Razak Minta, Administrateur de la Radio Bamakan.» Dans un Mali qu’on dit démocratiquement ouvert à la liberté d’expression, ces deux cas, à mon avis, sont sans commentaire. On ne peut que souhaiter vivement que les responsables des radios Klédu et Bamakan puissent trouver de bons terrains d’entente avec leurs journalistes vedettes dans l’intérêt de très nombreux auditeurs fidèles à eux. Lacine Diawara