L’ex-Premier ministre Cheick Modibo Diarra est aujourd’hui soupçonné d’avoir détourné 7 milliards 400 millions de FCFA. Cet argent qui lui avait été donné par le Maroc et l’Algérie pour aider le Mali à résoudre sa crise et surtout apporter de l’aider aux populations des régions occupées, était domicilié dans un compte à la Banque malienne de solidarité (BMS). Dans le même temps, sa famille, qui dit n’être pas au courant de ce détournement, s’inquiète plutôt de son état de santé.
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Cheick Modibo Diarra[/caption]
Depuis son départ forcé de la primature, le 11 décembre 2012, les ennuis de Cheick Modibo Diarra augmentent de jour en jour. Et chaque apporte son lot de révélations. Nous avons appris que dans la nuit de vendredi 4 à samedi 5 janvier, Cheick Modibo Diarra envisageait de se rendre en France pour des examens médicaux. Il ne s'est pourtant pas rendu à l'aéroport de Bamako, s'étant rendu compte plus tôt qu'il serait empêché de voyager. Cette information, donnée par sa famille, est jugée fausse par notre source. Laquelle explique qu’après sa passation de service avec l’actuel Premier ministre, Diango Sissoko, des malversations ont été constatées par les services financiers de la primature.
Par ailleurs, dit-elle, lors d’une de ses missions en Algérie et au Maroc, l’ancien Premier ministre a reçu respectivement 4 milliards comme aide pour les actions humanitaires et 3 milliards 400 millions comme appui au Mali, soit au total 7 milliards 400 millions. Et d’ajouter que c’est avec cette somme que Cheick Modibo Diarra a ouvert un compte à la BMS, dans lequel il piochait pour entretenir ses proches, ses associations et clubs de soutien, et pour financer d’autre part des marches et autres activités d’implantation de son parti politique, le RpDM.
Après son départ de la primature, plus précisément le lundi 17 décembre 2012, il aurait fait un retrait de 212 millions à la BMS. Le lendemain, il s’est rendu à Ségou, d’où il a voulu transiter par Koury pour relier le Burkina Faso. C’est à la frontière qu’il aurait été arrêté. Sur place, ordre lui a été donné de retourner à Bamako. D’après notre interlocuteur au moment où il arrivait à Koury, il avait une importante quantité d’argent sur lui. Comme on pouvait s’y attendre, quelques jours après son retour à Bamako, le dispositif de sécurité à son domicile a été renforcé avec en prime le remplacement des hommes qui y étaient postés.
Depuis des enquêtes ont été menées au cours desquelles le Directeur général de la BMS aurait été contacté pour d’amples informations. Et sur les 7 milliards 400 millions, selon nos informations, il ne resterait «que» 1 milliard de FCFA. La question qui se pose est de savoir où est passé le reste de l’argent, qui devrait servir à aider les populations en souffrance au Mali et dans les pays voisins où il y a des déplacés et réfugiés maliens. De fait, l’interdiction de quitter le Mali tient aux soupçons qui pèsent sur la personne de Cheick Modibo Diarra. Et notre source de s’interroger en ces termes : «Comment peut-on laisser partir quelqu’un qui a commis de tels actes ? «Il doit rendre compte avant de partir sinon il n’a rien avec les militaires, c’est l’Etat», a martelé l’une de nos sources. D’autre part, dans un communiqué radiodiffusé, l’ex-junte a nié avoir empêché l’ancien Premier ministre de quitter le Mali.
Du côté de la famille de Cheick Modibo Diarra, l’un de ses frères contacté par nos soins, s’est refusé à tout commentaire sur ces soupçons de détournement. Il s’est simplement dit inquiet de l’état de santé de son grand frère. «Son état de santé est très grave et se détériore de jour en jour. Il faut qu’on le laisse sortir pour aller se faire soigner», a-t-il affirmé. Mais il nous a promis très prochainement des réponses au sujet de ces soupçons de détournement. Pour le moment, le Copa, Collectif des patriotes, qui se dit proche de la junte, affirme qu’avant de sortir du pays, l’ancien Premier ministre doit rendre compte de sa gestion.
Kassim TRAORE