Chronique : La lettre du lundi : L’Etat les exonérations et les…spéculations

Août 7, 2011 - 18:30
Août 7, 2011 - 18:30
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 A la veille de ce mois béni de Ramadan un grossiste de la place m’a tenu des propos qui méritent réflexion.

-Vous savez Mr. KEITA, depuis quelques années, c’est la même chanson ;  on accorde des exonérations à tout bout de champs.

-Mais c’est pour éviter la pénurie et permettre à chacun d’avoir des produits de première nécessité.

-D’accord avec vous,  à condition qu’il y ait effectivement  pénurie.

-Vous voulez dire que la pénurie n’existe pas ?

-Ou elle est créée de toutes  pièces  ou alors le  commerce  n’est pas très bien organisé. Suivez -moi dans ma boutique.

-Vous voyez, ceci est ma patente,  et la catégorie dans laquelle  j’évolue me place parmi les grossistes.

A ce titre, je suis tenu  de vendre uniquement  aux demi- grossistes qui à leur  tour, servent les  détaillants. Mais à chaque niveau, toute vente doit comporter  une fiche signalétique et une facture… Tiens,  prends cette fiche. Tu peux lire là-dessus que le 6 du mois dernier, j’ai vendu à Amadou TRAORE, demi-grossiste 4 tonnes de sucre. Tu vois chaque fiche correspond à un demi-grossiste et chaque fiche a sa facture que j’ai émise et qui est payée par le client.

-Mais jusqu’à présent,  il n’y a pas pénurie ?

-Vous les journalistes, vous êtes toujours pressés… Ce sucre que j’ai vendu à mes clients demi-grossistes  m’a été livré par mon fournisseur  en Asie,  soit au total 200 tonnes. Voici les documents correspondant visés par la  douane. Ce qui veut dire que les services économiques aussi sont au courant. Supposons que 3 jours après avoir reçu mes 200 tonnes, on prépare l’arrivée du carême ; le gouvernement accordera des exonérations et les commerçants  profiteurs déclareront n’avoir aucun stock... Mais le gouvernement aurait dû prendre le soin de demander aux services spécialisés les quantités importées deux ou trois mois avant le carême, il aurait décelé que j’ai introduit 200 tonnes de sucre, X tant de tonnes, Y tant de tonnes etc.  Des agents se seraient alors rendus chez chaque grossiste  pour vérifier l’existence et la destination des stocks à l’aide des fiches et des factures de chaque grossiste et l’on saurait alors à quel grossiste accorder l’exonération. Mieux, le rapport final des agents aurait fait état de X quantité encore disponible sur le territoire… Mr. Keïta, c’est vraiment triste, on cache les stocks existants et on s’inscrit aux exonérations.

Alors comme vous l’avez si bien dit, ou les services spécialisés ne font pas leur travail, ou le font délibérément mal, à moins tout simplement qu’il y ait très peu de grossistes et demi-grossistes  appliquant les règles classiques du commerce.

 

Joseph KEITA 

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