Chronogramme des prochaines élections : Le pari risqué du respect des échéances
L’agenda chargé du gouvernement et les défis sécuritaires importants font planer un vent d’incertitude sur le chronogramme qui vient d’être annoncé par le ministre de l’Administration territoriale, Lt-Colonel Abdoulaye Maïga.
- maliweb.net -Tenir le référendum constitutionnel le 31 octobre 2021, les élections des collectivités territoriales, le 26 décembre et coupler le 1er tour de la présidentielle avec les législatives le dernier dimanche du mois de février 2022. Voilà en substance les principaux axes du chronogramme électoral que le gouvernement de Transition vient de rendre public.
A l’analyse, plusieurs observateurs relèvent que ce calendrier sera difficilement respecté, tant l’agenda gouvernemental est trop chargé, avec des défis multiples.
Le premier de ces challenges est le défi sécuritaire. Comment sécuriser le territoire, dont de vastes zones échappent aujourd’hui aux autorités étatiques pour y tenir des élections ? Comment organiser des scrutins justes et crédibles dans un contexte sécuritaire aussi préoccupant avec la menace terroriste quasi-permanente même jusque dans les capitales régionales comme Sikasso, Koulikoro et Kayes ? Il est donc illusoire de tabler sur la possibilité d’aller aux urnes quand les forces obscurantistes défient les forces armées maliennes et narguent même les gouverneurs et préfets sur certaines parties du territoire national.
En outre, comment peut-on tenir un référendum en octobre prochain, alors même qu’aucun Malien ne connaît encore les grandes lignes de la révision constitutionnelle attendue ? S’agira-t-il d’une nouvelle Constitution ou d’une relecture de la Constitution du 25 février 1992 ? Ce débat n’est pas encore tranché au sein de la classe politique, dont certains pans sont toujours sur le pied de guerre par rapport au manque d’inclusivité de la Transition. Le M5-RFP n’a-t-il pas annoncé une trêve pour ce mois de ramadan, avant d’éventuelles manifestations de dénonciation du caractère non concerté de la gestion de la Transition ? Quid de la fronde qui profile à l’horizon avec le collectif des partis politiques réclamant le paiement de leur financement public ?
Il semble que ce climat de méfiance et de suspicions pourrait inciter à des oppositions contre les réformes majeures attendues ? Sans compter que la question de l’organe unique de gestion des élections n’est pas définitivement tranchée, des partis politiques en faisant quasiment une question préjudicielle à la tenue des élections. Tout cela peut faire que certains partis politiques veuillent œuvrer à rejeter la réforme constitutionnelle. S’il n’y a pas adoption d’une nouvelle Constitution en octobre prochain, tout le reste du processus en souffrirait et le calendrier annoncé deviendra alors totalement illusoire.
L’autre grand défi est celui portant sur les moyens financiers pour organiser ces consultations électorales. Comment par ces temps de récession budgétaire due essentiellement aux effets collatéraux de la maladie à coronavirus, le Mali pourra se sortir d’affaire par des aides substantielles de ces partenaires en vue de tenir ces élections ? Même si des promesses d’appuis sont exprimées çà et là, il faut reconnaître que la tension de trésorerie est plus que réelle et les caisses de l’Etat pourraient avoir d’énormes difficultés pour répondre à toutes ces sollicitations.
Il est, en outre, probable que d’autres contraintes, par exemple le front social, des désaccords sociopolitiques sur les réformes poussent à les abandonner. Surtout que la Transition est censée ne durer que 18 mois et il nous reste moins de 11 mois. Il est donc évident que me chronogramme publié par le gouvernement est sujet à bien d’appréhensions, même s’il traduit la volonté des autorités de respecter le délai prévu pour cette Transition laborieuse.
Boubou SIDIBE/maliweb.net
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