La désignation du Dr Cheick Modibo Diarra comme Premier Ministre au mois d’avril dernier avait donné espoir tant à ses mentors (CNRDRE) qu’à leurs alliés. Après plus de sept mois de gestion, de nos jours, force est de constater que le PM est contesté par la junte que par bon nombre de partis politiques et ou de regroupements. En réalité, si les seconds voient en sa désignation, un retour de GMT au pouvoir, les premiers se plaignent du fait que Dr Diarra « n’a pas été déloyal ». Votre journal a tenté de comprendre.
La nomination du Dr Diarra comme PM au mois d’avril dernier, avait suscité tant d’espoir mais de réprobation de la part de ceux-là mêmes qui ont dirigé le pays durant deux décennies avec le piètre résultat que nous savons.
Désigné par le CNRDRE à travers l’accord cadre du 06 avril dernier entre l’Armée et la CEDEAO, «
Un texte qui a été paraphé par la Cour Constitutionnelle et prend les allures de loi. Dr Diarra s’est mis au travail. Ce qui a permis de faire baisser la tension», remarque un proche.
La Formation du Premier gouvernement Diarra, a pris du temps du fait semble-t-il que la classe politique n’arrivait pas à accorder ses violons.
Après des mois de blocage, le PM Diarra était obligé de former son second gouvernement, ce qui a permis l’arrivée de nouvelles figures inconnues du public. Et son Premier discours a donné encore plus d’espoir au citoyen, explique-t-on ça et là.
Les caciques du régime ne baisseront pas les bras
Mais cet état de fait ne pouvait durer car, les caciques et autres complices du régime ATT ne baisseront pas le bras. Leurs pressions ainsi que celles de la CEDEAO tant sur la junte que sur le PM, verront le Président de la République par intérim agressé au palais de Koulouba et l’ouverture d’une période d’incertitude pour le Mali.
La composition d’un gouvernement dit de large ouverture sera composée. Le pays commence à se stabiliser mais, les nominations à certains postes d’anciens du régime ATT suscitent colère et indignation tant dans l’armée que chez ses alliés.
Le hic avec la junte
Selon nos sources, malgré la formation du gouvernement Diarra 2, il ressort que du côté de la junte, la déception est de mise. Et pour cause !
La désignation d’anciens Ministres du régime ATT à de David Sagara ou de Mme Maïga Sina Damba. Le cas du cadre du CNID augmentera la tension entre Kati et la primature où la junte exige au PM de revenir sur sa désignation sous peine d’être démis de ses fonctions. Au moment où nous bouclons cette édition, l’annulation de l’arrêté désignant Mme Maïga, est en cours d’étude.
Le PM, objet de tirs croisés…
« Mieux, le PM fait l’objet aussi de tirs croisés des gars du FDR appuyé par leur chef Pr Dioncounda Traoré », remarque un proche de la primature. « Sans compter la CDEAO qui en veut à Cheick Modibo Diarra qui n’a fait que travailler en fonction de la feuille de route qui lui a été confiée », poursuit notre interlocuteur. «
Lui qui n’est pas politique, en tout cas pas membre d’un quelconque parti politique dont la plupart sont comptables de la gestion du Mali de 1992 à 2012 », précise un proche.
Une rencontre de haut niveau chez GMT
Pour se faire et montrer leur détermination à exécuter leur menace de limoger le PM (qu’ils accusent de n’être pas loyal de sa désignation à ce jour) s’il ne corrigeait pas cette énième erreur, une rencontre de haut niveau avait eu lieu le week-end dernier à «
Djikoroni-Para » au domicile du beau-père du Dr Diarra, non moins Général Moussa Traoré entre une forte délégation de la junte et l’ancien Président de la République.
Après des heures d’échanges, les pendules ont été mises à l’heure. Il y a eu plus de peur que de mal. Il ressort de nos informations, que les deux parties se sont entendues sur l’essentiel : sauver le Mali, c'est-à-dire s’attaquer rapidement à la libération des régions nord occupées par des islamistes armés et aussi organiser des élections transparentes et justes. La communication et la franchise doivent demeurer leur boussole », a-t-on laisser entendre.
Incompréhensions
Une source proche du dossier parle d’incompréhensions survenues durant les sept mois écoulés entre la junte (mentor du PM) et l’enfant de Ségou. «
Mais tout est rentré dans l’ordre car les deux parties ont compris qu’elles ont intérêt à parler d’une même voix sous peine d’être la risée de leurs adversaires, prédateurs de la pire espèce que le Mali ait connu », nous confie un proche du dossier. «
Un nouveau départ vient d’être enclencher à moins que les ennemis ne mettent encore leurs pieds car une entente armée/ PM est une sérieuse menace pour leurs ambitions», explique un habitué du milieu.
Grosse faute de demander le départ du PM
Pour cet observateur avisé, le limogeage du PM à cette période de la crise sera fatal pour toutes les parties (junte et même la présidence avec ses supporters du FDR) puisque le moment ne se prête pas. «
Ce serait une grosse faute de la part de l’Armée de demander le départ du PM qu’elle a eu à désigner au mois d’avril dernier. C’est une manière pour la junte dans ce cas de se dédier face à un redoutable adversaire spécialiste des coups bas et des complotites», martèle Adama Diallo, cadre d’un parti de la place.
Dr Diarra le moindre mal…
«
Le PM Diarra est le moindre mal. Se débarrasser de lui à se stade de la crise, la junte étalera ses faiblesses et jouera le jeu de l’ennemi qui demeure toujours à l’affût », explique Chaka Traoré, professeur.
Dans ce cas, le tandem junte/Dr Diarra constituant «
un mariage de circonstance » devrait avoir les coudées franche, serrer les coudes pour que la révolution du 22 mars dernier, ne soit pas un non évènement.
Présentement, avec des manœuvres en cours tant du côté du FDR que de l’armée, on peut affirmer que le PM est dans l’œil du cyclone.
Il lui revient maintenant de tenir compte de toutes les appréhensions et remarques pour réajuster «
sa machine » afin de mener à bon port le bateau-Mali. Pleins pouvoirs obligent.
La question que se posent bien de gens, à qui va profiter le limogeage probable du PM Diarra ?
Bokari Dicko