CNT : Et si l'on réfléchissait sur l'absence de l'honorable Moussa Diarra?
Le Conseil National de la Transition (CNT) a été mis en place le 05 décembre dernier. Mais force est de constater qu'il l'a été d'une façon absolument cavalière, qui a même foulé aux pieds le décret portant clé de répartition des membres entre les différentes couches de la société devant le constituer.
Qu'à cela ne tienne, les frustrations qu'elle a vite suscitées ont approfondi le malaise entre les militaires au pouvoir et l'ensemble de la société malienne. Il est revenu, en effet, au seul vice-président de la Transition de choisir selon son bon vouloir les 121 personnalités qui doivent parler et agir au nom de la vingtaine de millions de Maliens durant encore quatorze mois. Colonel Assimi Goïta a fait ses choix dans le mépris total à ceux-là mêmes qui ont cru devoir postuler suivant des critères déterminés par un décret présidentiel. Des chevaux de Troie et d'autres gens qui n'ont rien demandé, ont été vus à l'appel. Certains ont eu le courage de dénoncer avec véhémence le manque de respect dû aux citoyens en se retirant, d'autres ont fini par faire bon cur contre blessure d'amour propre.
Mais il y a un cas qui a surpris tout le monde et qui a constitué un baromètre fiable pour mesurer les intentions des militaires.
En effet, l'enfant de Sébénikoro et de la Commune IV du District de Bamako, l'honorable Moussa Diarra, est absent du nouvel organe législatif. On ne comprend le degré du désappointement des masses que lorsque l'on pointe la présence dans le CNT d'autres anciens députés comme Mamadou Diarassouba et Mamadou Hawa Gassama. Ces deux, pour ne citer qu'eux, du point de vue strictement engagement pour la patrie malienne, n'ont rien prouvé de mieux que l'honorable Moussa Diarra. Alors, les questions fusent.
Qu'est-ce qui peut justifier aux yeux des militaires au pouvoir l'écartement de Moussa Diarra du CNT après qu'il ait soutenu de toutes ses forces larmée malienne? Après qu'il ait dénoncé la mauvaise politique française et pointer du doigt, au péril de sa vie, la France comme responsable de toute cette tragédie infligée à notre pays?
Qui, mieux que lui, devait être dans ce Conseil National de la Transition après toutes les démarches qu'il a menées si concrètement avec lobjectif clair dapporter le changement ?
Assurément, le patriote Moussa Diarra, pour les Maliens avisés, n'a plus rien à justifier de son engagement pour la patrie malienne; sa place au CNT s'imposait tout simplement. Beaucoup dautres qui y sont aujourd'hui le sont à leur grand étonnement. C'est clair.
Sa simple présence au CNT aurait été, du reste, le premier signe du changement après les frasques de l'ère IBK. Mais il circule avec force la conviction que les militaires au pouvoir ne sont que les sous-fifres du Président déchu avec qui ils auraient négocié au prix fort, non seulement la fuite du général Moussa Diawara, patron des services de renseignements, mais en plus l'évasion de Karim Keïta.
Autant dire que le coup d'État du 18 août 2020 n'a pas encore livré tous ses secrets. Autant aussi croire que la démarche des militaires est pour le moins sur une ligne suspecte.
Zié Coulibaly
Source: Plume Libre
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