La Dépêche : Bonjour Cheik ! Depuis un certain temps, le nord est devenu le théâtre d’une série d’attaques contre les forces de la MINUSMA et même des forces armées du Mali. Qu’en savez-vous ?
Cheik Haoussa : J’ai entendu, moi aussi comme tout le monde qu’un véhicule de la MINUSMA a sauté sur une mine. Quand ça se passait, j’étais à Anéfif. Je regrette les blessés et je leur souhaite prompt rétablissement. Mais, c’est
comme d’habitude. Ce sont des terroristes qui, à chaque fois posent des mines. Nous n’avons rien à voir avec ces gens. Nous sommes nous-mêmes des victimes comme tout le monde. Kidal c’est chez nous. Nous ne souhaitons pas que notre localité soit une zone stigmatisée en termes d’insécurité.
A votre avis, qui peut être derrière ces attentats ?
Ce n’est pas caché, toutes ces actions sont perpétrées par des enfants d’AQMI.
Quels sont, justement vos rapports avec AQMI aujourd’hui ? Vous avez combattu pour eux un moment
Je n’ai aucun rapport avec AQMI. Je condamne AQMI et ses actions. Nous avons des problèmes entre nous Maliens, nous avons les moyens de les surmonter. Ces gens d’AQMI appartiennent à une mafia internationale que tout le monde connait aujourd’hui.
Comment instaurer la paix et la sécurité aujourd’hui à Kidal à votre avis ?
Il faut que les autorités maliennes comprennent que personne, mieux que les ressortissants de Kidal ne peut assurer la paix et la sécurité ici. Il faut que la sécurité de Kidal soit assurée par ses propres ressortissants
C'est-à-dire ?
C'est-à-dire par les mouvements armés qui sont à Kidal.
Il y a combien de mouvements actuellement à Kidal ?
Ils sont trois
Lesquels ?
Le HCUA, le MNLA et la MAA
Vous êtes dans quel mouvement actuellement ?
Le HCUA.
Actuellement, quels sont les moyens dont dispose le HCUA pour assurer la sécurité des personnes et des biens à Kidal ?
Notre maitrise et notre connaissance de la zone, par rapport aux autres mouvements, constituent pour nous un atout majeur. Le reste est moins important.
Est ce qu’on peut lier ces attentats aux accords de paix qui sont en discussion actuellement à Alger ?
A ma connaissance ça n’a pas de lien, parce que le problème des mouvements c’est à part et le problème d’AQMI aussi c’est une autre chose.
Est-ce qu’aujourd’hui, en tant que notable de Kidal, vous êtes dans la dynamique des accords d’Alger ?
Bien sûre, je suis dans la logique de paix et de réconciliation.
Qu’est ce que vous attendez de ces pourparlers ?
A mon avis, la solution est purement malienne. C’est une question de Sud et de Nord. Donc c’est entre ces deux qu’on doit voir la réalité et chercher à avoir un accord qui doit être définitif au lieu de nous empêtrer dans crises absurdes. Tout le monde connait la réalité. Il faut que les Maliens acceptent de se parler et de se dire la vérité.
Si vous étiez à Alger, et détenteur de propositions d’accord, à quoi devrait on s’attendre ?
Je ne suis pas à Alger, ce n’est pas mon rôle. Maintenant si on lui dit de faire une proposition de solution, quelle sera, lui sa proposition ?
Une équipe est chargée des négociations, ce sont eux qui sont chargés de proposer ces solutions et de les donner.
Êtes-vous prêts à vous rendre prochainement à Bamako ?
Oui, pourquoi pas ? D’ailleurs, c’est prévu. Le programme est déjà fixé avec les autres membres de la délégation dans l’optique de renforcer le climat de confiance entre Bamako et nous.
On sait quand-même qu’à un moment vous avez été le bras droit d’Iyad Ag AGALY, quels sont vos rapports aujourd’hui ?
Présentement chacun a pris son chemin. Iyad a pris son chemin et j’ai pris le mien.
C'est-à-dire ?
Rire… Non sérieusement, je suis dans la logique de la paix. Kidal est ma ville et je la veux plus tranquille et épanouie. Pour cela, je suis prêt à accompagner les autorités de Bamako.
Vous avez un message pour ceux qui ne sont pas dans la même dynamique de paix ?
Ce qu’il faut retenir, c’est que nous on a rien à voir avec ceux qui sèment la pagaille. Ils ont leur propre opinion. C’est une organisation internationale. Et quant à nous, on est chez nous. On est dans notre localité et on n’a pas les mêmes objectifs. Donc on n’a pas de lien.
Propos recueillis par Abdoulaye Niangaly