Composition de la nouvelle Ceni : Kafougouna pris entre deux feux
C’est finalement sur le plateau de la télévision nationale que l’opposition et majorité maliennes se sont une fois de plus retrouvées pour discuter de la répartition des sièges de la nouvelle Commission électorale nationale indépendante, (Céni). A l’issue d’un débat animé, qui a duré près de 2heures, les téléspectateurs ont compris que le vrai problème entre majorité et opposition se résume à un dialogue de sourd qu’il suffira de balayer et mettre les deux parties autour de la table. De toute évidence, le ministre de l’administration territoriale et des collectivités locales semble être pris entre deux feux : se conformer au délai prescrit par les textes ou jouer la prolongation pour permettre aux camps adverses de s’entendre.
L’intérêt de ce numéro de « questions d’actualité » résidait dans la qualité du plateau que dirigeait le confrère Salif Sanogo. C’est ainsi qu’au compte du ministère de l’Administration territoriale et des collectivités locales (MATCL), il y avait le directeur national de l’intérieur, Bassidi Coulibaly ; le 1er vice-président de l’Adéma, Ibrahima N’Diaye alias Iba représentait la majorité ; alors que l’opposition était incarnée par un membre du parti Sadi, Mohamed Ag Akératane. Amadou Dadié Tékété de l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH) parlait au nom de la société civile tandis que Me Bréhima Koné représentait l’Union internationale des droits de l’homme (UIDL).
Pour le représentant du département, Bassidi Coulibaly, conformément à la loi électorale, le ministre de l’Administration territoriale et des collectivités, le général Kafougouna Koné a adressé une correspondance aux partis politiques pour leur demander la désignation de leurs représentants devant siéger dans la Commission électorale nationale indépendante (CENI) version 2011. Mais a-t-il ajouté, il est aujourd’hui au regret de constater depuis cette date la classe politique soit dans l’incapacité de trouver ses 10 représentants par la faute d’un désaccord entre opposition et majorité autour du concept « équitable ». Sans prendre position dans le débat, Bassidi Coulibaly, directeur national de l’intérieur a fait savoir que le blocage persiste alors que le temps presse et que si les deux parties ne venaient pas à accorder leur violon, le ministre se verra dans l’obligation d’installer la CENI sans l’une ou l’autre partie conformément à la loi. Toutefois, l’administration souhaite qu’il y ait consensus entre les deux parties.
Le représentant de l’opposition, Mohamed Ag Akératane a expliqué que la loi est claire par rapport au partage des dix sièges : il s’agit de couper la poire en deux, soit 5 pour la majorité et 5 pour l’opposition incarnée par des partis comme Sadi, Bara, l’UNPR, etc. Il a indiqué que le calcul ne devrait pas se faire en fonction de la représentation proportionnelle de députés à l’Assemblée nationale. Surtout quand on sait comment on acquiert les députés avec de l’argent lors des élections. Pour Mohamed Ag Akératane, la loi a établi le partage de la sorte pour permettre un équilibre entre les forces au sein de la commission, histoire d’éviter que la majorité dicte sa loi à l’opposition dans les prises de décisions. Le représentant du parti Sadi indique que équité peut signifier aussi impartialité. Il ajoutera que l’opposition ne s’est pas quand même inscrite dans cette logique du tout ou rien. Elle a toujours cherché à négocier avec la majorité pour trouver un consensus, mais a constaté un sentiment de mépris envers elle. Quoiqu’il en soit, rassure M. Akératane, il n’y aura pas question que l’opposition accepte le 9 contre 1 et si la majorité s’entête, ce sont les tribunaux qui en seront saisis. Il accusera même le département d’œuvrer à la création d’une nouvelle opposition, mais le représentant du ministre a rejeté cette accusation en signifiant qu’au lendemain de l’envoi de la correspondance à la classe politique pour la désignation de ses représentants, des partis politiques se sont constitués pour dire au ministre que ce sont eux les partis de l’opposition, mais le dossier semble resté là.
Le président de l’Union internationale des droits de l’homme, Me Bréhima Koné a abondé dans le même sens que l’opposition en soulignant que vu ce qu’il a vu ailleurs, il serait bon qu’on se soucie d’un équilibre des forces en présence pour permettre à l’opposition de pouvoir bien jouer son rôle au sein de la structure. Pour Me Koné, offrir les 9 sièges à la majorité ne garantira pas la transparence et qu’il serait mieux qu’on aille avec le schéma de 7 contre 3 en vu de permettre à l’opposition et la société civile de contrer les manœuvres de la majorité, laquelle pourra se résoudre à la défense de ses intérêts et de l’administration qui pourra jouer au favoritisme pour cette majorité.
Faux, a rétorqué le représentant de la majorité, Ibrahima N’Diaye dit Iba. Pour lui, la majorité ne va pas manœuvrer contre l’opposition, mais chaque parti essayera de veiller à ce que l’autre ne soit pas favorisé par l’administration. M. N’Diaye a expliqué qu’il est étonné de la réaction de l’opposition qui ne représente à l’Assemblée nationale que 2%. Selon le premier vice-président de l’Adéma/PASJ, à part la Céni nationale où on lui propose un siège, l’opposition se taillera 33% de postes dans les délégations locales, sans compter ses sièges au niveau des représentations diplomatiques. Ce qui n’est pas rien. Toutefois, selon Iba, les portes de la négociation ne sont pas fermées. La discussion peut toujours se poursuivre pour trouver un consensus.
C’est aussi ce consensus qu’a souhaité le représentant de la société civile, Amadou Dadié Tékété. Il a proposé l’aide de la société civile aux partis politiques pour les amener sur un terrain d’entente. Cependant, il a récusé la thèse d’Ibrahima N’Diaye selon laquelle chaque parti au sein de la Céni vient pour veiller à ce que tel ne soit pas favorisé par l’administration. Pour M. Tékété, lorsqu’on est membre de la Céni on est désormais au service du Mali tout entier et non à celui de sa seule chapelle politique.
La seule question qui reste sans réponse est de savoir à quel prix l’entente entre majorité et opposition est possible?
Abdoulaye Diakité
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