Concertation initiée par le PARENA sur la cession des terres agricoles : «Notre souci n’est pas d’embêter qui que ce soit »

Juin 1, 2011 - 18:30
Juin 1, 2011 - 18:30
 0  10

C’est ce qu’a déclaré le président du Parti pour la renaissance nationale (PARENA), à l’entame de ses propos, au cours de la concertation que son parti a initiée à la faveur d’un atelier sur le thème «La cession des terres agricoles du Mali aux investisseurs nationaux et étrangers et la question de la sécurité / souveraineté alimentaire». C’était hier, mercredi 1er juin, au CRES de Badalabougou, en présence du représentant du Premier ministre, Bakary Kanté et du Directeur de l’aménagement et de la gestion foncière de l’Office du Niger. Des représentants des organisations paysannes étaient aussi  de la partie.

Dans ses propos introductifs, le président du PARENA a d’abord campé le décor. «Notre souci n’est pas d’embêter qui que ce soit, mais de nous prononcer sur des sujets d’intérêt national. Le PARENA ne met nullement en cause les investisseurs nationaux ou étrangers. Nous voulons attirer l’attention du gouvernement sur l’accaparement des terres sans maître», a-t-il expliqué. Le président du PARENA dit avoir compris le souci du gouvernement d’attirer les investisseurs, dans le but d’assurer l’autosuffisance alimentaire. Aux dires du président du parti du bélier blanc, des centaines d’hectares sont cédées aux nationaux et étrangers dans des conditions suscitent des interrogations. Parmi ces cessions suscitant interrogations et incompréhensions figurent celles de 100 000 hectares cédés respectivement à la Libye et à l'entreprise Huicoma.

L'Office du Niger est unique en son genre en Afrique de l'Ouest. Il devrait permettre au Mali d'assurer son autosuffisance alimentaire, voire d’exporter un excédent de produits agricoles. Il est triste de constater qu'il n'a pas atteint cet objectif, pour de multiples raisons, liées, entre autres, à la taille insuffisante de la majorité des exploitations familiales. En effet, 54 % des paysans installés à l'Office n'arrivent pas à couvrir les besoins alimentaires de leurs familles pendant toute l'année. Et l'Office n'arrive pas à produire assez pour couvrir les besoins de consommation des Maliens.

Malgré tout son potentiel hydro‑agricole, le Mali a du mal à nourrir sa population, estimée en 2010 à 15 millions d'âmes. L'autosuffisance alimentaire reste un objectif à atteindre. Bon an, mal an, nous importons des centaines de milliers de tonnes de riz, de produits laitiers et d'autres produits vivriers. En 2009, nous avons importé plus 278 000 tonnes de riz, selon les statistiques officielles. Depuis 2003, une cinquantaine de conventions ont été signées avec des sociétés ou institutions maliennes ou étrangères, pour près de 800 000 hectares de terres. De nombreuses sociétés nationales et internationales participent à la ruée vers les terres agricoles du Mali. Au total, quatre cent soixante-douze mille hectares (472 000ha) ont déjà été acquis par des investisseurs étrangers. Les privés nationaux sont bénéficiaires de plus de deux cent trente-trois mille hectares (233 000ha). Selon des informations plus de vingt-six mille hectares (26 000ha) ont été attribués à une dizaine de particuliers maliens.

C’est pour toutes ces raisons que le PARENA a jugé utile d’instaurer un débat autour de la question, pour mieux la cerner. Dans ce sens déjà, le 7 février dernier, le PARENA avait adressé au Président de la République un Mémorandum sur la cession des terres de l'Office du Niger aux investisseurs nationaux et étrangers, demandant la publication de la liste des bénéficiaires et les superficies correspondantes allouées. Au cours de ces concertations, les participants doivent faire l’état des lieux des terres agricoles au Mali. Que disent les contrats, comment encadrer les investisseurs privés pour mieux servir l’intérêt national? Faut-il renégocier les contrats? Ils doivent également répondre à toutes ces interrogations dans un premier panel. Avant d’aborder les alternatives pour produire plus et assurer la sécurité alimentaire, la taille critique des exploitations familiales, la sécurité foncière pour les paysans et la protection du fleuve et l’environnement dans un second panel.
Youssouf Diallo

Quelle est votre réaction ?

like

dislike

love

funny

angry

sad

wow