Sortie de crise pour ou contre la paix au Mali ? Tel pourrait être le titre de cet article. Mais la fibre polémiste a vite pris le dessus. Pour la première fois, le bloc sous-régional s'est penché sur les problèmes du pays. Mais le couac dans tout cela, c’est que ce père de famille tant choyé par la CEDEAO (le Capitaine Sanogo) joue à un double jeu avec d’une part les facilitateurs de la crise que traverse le pays et d’autre part avec son propre peuple. Pourquoi ?
[caption id="attachment_63535" align="alignleft" width="310" caption="Capitaine Sanogo Amadou Haya"]
![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/04/Capitaine-Sanogo-Amadou-Haya.jpg)
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Dans le communiqué final de cette « rencontre de la dernière chance », le Capitaine Sanogo a adhéré aux propositions de sortie de crise de la CEDEAO. Toute chose qui lui a valu d’obtenir le statut d’ancien Chef d’Etat avec tout ce que cela comporte comme avantages. Alors le peuple tout entier a enfin poussé un ouf de soulagement car la tempête tant annoncée n’aura pas lieu. Assurément, cette voie de sortie de crise était salutaire, surtout pour le Capitaine Sanogo qui, par son geste, venait de démontrer qu’il mettait le Mali au devant de tout. Mais au moment où l’on commençait à espérer sur cet accord de principe, une partie de la classe politique et de la société civile se rebelle contre ledit accord, allant jusqu’à s’en prendre à l’intégrité physique du Président de la République intérimaire, Dioncounda Traoré. Ainsi, l’espoir tant suscité a été de courte durée pour les Maliens. Malgré la grave crise politico-économique que vit le Mali, certains citoyens, conscients de la situation que traverse le pays, surtout avec la crise du Nord, ne sont pas prêts à lâcher prise et comptent déstabiliser le pays parce qu’ils ont de mal à concilier leur agenda respectif avec cette décision de la CEDEAO. Mais cela importe peu pour eux car ils veulent tout simplement s’inviter à la mangeoire.
C'est donc la qualité de l’accord conclu qui détermine le temps qu'on accorde à la sortie de crise, et non la gravité de la crise ou l'intransigeance des belligérants. Malgré les nombreuses souffrances «opportunistes» occasionnées par cette crise, et avec tous les avantages qui lui sont octroyés, le Capitaine Sanogo fait la politique de la politique en privilégiant des décisions qui ne sont pas du décisives pour les Maliens et la communauté ouest-africaine car son silence face à cette fameuse convention nationale qui le désigne Président intérimaire à la place de Dioncounda Traoré en dit long sur sa neutralité dans toute cette démarche. Le Mali n'est pas une « charogne que convoitent des hyènes de toutes races ».
Au regard de ces agissements de la COPAM et de l’agression du Président intérimaire, le moins qu'on puisse dire, c'est que le Capitaine Sanogo n’est pas étranger à tout cela. Jouerait-il donc à la ruse de la musaraigne qui souffle sur la peau avant de la ronger ? Voudrait-il se saisir de cette occasion fournie par la COPAM pour signifier à la CEDEAO que c’est le peuple qui l’a réclamé et qu’il doit donc respecter sa volonté ? Mais au fait, la COPAM représente-t-elle réellement le peuple malien? On en doute...En tout cas, le Capitaine est bien malin car si jamais cette convention de la COPAM tournait à l’échec, son nom ne sera cité ni de près ni de loin car ne s’étant prononcé officiellement, il sera difficile de l’indexer comme l’auteur de toutes ces manigances de la COPAM.
A notre avis, la composition du présidium de la convention nationale de la COPAM est comparable à cinq chevaux qui regardent dans cinq directions différentes. C'est la promesse de cinq lourdeurs qui entraînent, dans leur sillage, des contradictions parfois inconciliables. Au lieu d'ouvrir un véritable débat sur les enjeux actuels du pays, ces responsables de la COPAM complotent contre leur propre pays qu’ils disent pourtant aimer. C'est pourquoi les velléités de récusation de l’accord de la CEDEAO par les partisans du Capit aine Sanogo le condamnent derechef : ce qui ne fait pas très sérieux car qui mieux que lui connaît tous les menus détails de l'accord entre lui et la CEDEAO ?
Les Présidents Alassane Dramane Ouattara et Blaise Compaoré sont les principales personnes ressources aussi bien pour l'un et l'autre des antagonistes, y compris, le CNRDRE. Un père soucieux de l'éducation de son fils et qui décide de « recadrer » le comportement de ce dernier a-t-il nécessairement besoin de prendre l'avis de toutes ses épouses (représentées ici par les responsables de la COPAM) ? Tel est le défi qui se pose aujourd’hui au Capitaine Sanogo. !
Paul N’guessan