Coup de théâtre en Libye : Le CNT ne contrôle plus Benghazi - Les rebelles sollicitent l’Union Africaine - L’Occident embarrassé et divisé…

Août 5, 2011 - 18:30
Août 5, 2011 - 18:30
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Le meurtre du Général Fatah Younès, abattu le 28 juillet à Benghazi, bastion tenue par les rebelles a visiblement été un tournant décisif dans la guerre en Libye. Moins d’une semaine après cet assassinat, l’on assiste à un véritable revirement de situation. 

Il ressort de différentes sources que la tribu  du Général assassiné à savoir, les Obedei et leurs alliés, on juré de venger la mort de leur frère. Ils soupçonnent les membres du Conseil de Transition (CNT) d’être à l’origine du forfait au motif que ces derniers (les membres du CNT) soupçonnaient le Général Younès de vouloir récupérer la rébellion, leur rébellion.

Cette divergence suscita de violents affrontements au sein de la même  faction à Benghazi, faisant plusieurs tués en milieu de semaine dernière.  Il nous revient que c’est le groupe proche du Général défunt qui contrôle, en grande partie, la ville de Benghazi où un couvre-feu a été justement instauré. A l’heure actuelle, le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, ne serait que l’ombre de lui-même. Il resterait même caché selon de nombreuses sources.

Mais ces tribus proches du Général défunt soutiennent-elles Kadhafi ? Leur porte-parole a, en tout cas, laissé entendre que leur véritable motivation «est de chasser  les envahisseurs de l’Est de la Libye».

En parlant «d’envahisseurs» et  de «l’Est de la Libye», l’allusion ne peut se porter que sur l’OTAN et /ou les troupes d’Al Qaïda; l’armée de Kadhafi ayant déserté la zone depuis les premiers bombardements de l’OTAN au mois d’Avril, début des hostilités.

 

 

En tout état de cause, l’on retiendra que Benghazi n’est plus sous le contrôle du CNT et que l’avenir y est de plus en plus incertain pour l’OTAN,  allié inconditionnel du Conseil de Transition. 

 

Le désarroi des alliés

Aux dernières nouvelles, la Norvège a clairement retiré son aviation militaire du théâtre des opérations.  Elle avait cependant prévenu bien avant le dernier développement des événements, à savoir, l’assassinat du Général Abdel Fatah Younès.

Washington pour sa part, a cessé, depuis longtemps de croire à une hypothétique victoire des rebelles  sur Tripoli. Il l’a d’ailleurs fait savoir. Et les américains soupçonnent fortement  les insurgés  d’avoir éliminé le Général Abdel Fatah Younès au regard des contradictions au sein du CNT. Tantôt ses responsables imputent l’assassinat à un groupe d’Al Qaïda, tantôt à Kadhafi, tantôt à des erreurs stratégiques au cours des combats. Toutes choses qui dénotent, en outre, d’une certaine confusion et impréparation.

Etant, pour la plupart, confrontés à des questions d’ordre électoral, les pays de la coalition seront contraints à revoir leur copie en Libye.  C’est le cas de la France et de l’Italie, cette dernière étant réticence depuis l’origine.

Par ailleurs, on voit mal Angleterre, engluée dans un scandale d’écoute téléphonique avec ses répercussions dans la plus haute sphère politique, s’enfoncer davantage dans une guerre à l’issue incertaine, voire dans un bourbier certain… C’est dire que les prochains jours seront décisifs.

Un fait pour le moins anodin est d’ores et déjà de nature à éclairer quelque peu l’avenir.

Les rebelles sollicitent l’UA après l’avoir boudée et méprisée

 

Voici les faits tels que rapportés par les médias au cours des dernières  72 heures :

« Le CNT disposé enfin à examiner la feuille de route de l’UA… Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, également  président du haut comité ad-hoc de l’Union Africaine (UA), chargé de trouver une issue à la crise en Libye, a reçu en audience  mardi soir une délégation du Conseil National de Transition  conduite par Abdel Mejid Seif Nasr…».

Cette visite de l’émissaire du chef du CNT mardi dernier à un membre de la commission de médiation de l’Union Africaine, n’a évidemment d’autre but que de solliciter le continent en vue d’une sortie de crise.

Ce come-back des rebelles, vu sous le prisme des événements d’il y a juste trois mois, montre tout le désarroi qui s’empare en ce moment des insurgés.

Tenez : en avril dernier, c’est le même Conseil de la Tradition qui jugeait «dépassée» la feuille de route de l’Union africaine visant à mettre un terme aux hostilités. L’attitude des dirigeants africains a été alors considérée comme mercantiliste au motif que Kadhafi leur a offert beaucoup d’argent. Alors, faut-il croire que le CNT a lui aussi donné beaucoup d’argent à ces chefs d’Etats africains ?

En tout état de cause, les événements semblent désormais évolués à l’avantage de Tripoli. Ils risquent même de se précipiter…

 

B.S. Diarra


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