Le président de la CEDEAO qui se tournait les pouces avant son élection, a aujourd’hui du pain sur la planche. Après avoir tenté « d’assassiner » le peuple malien en lui imposant un embargo, Alassane Dramane Ouattara est encore confronté à un autre coup d’Etat : celui intervenu en Guinée Bissau.
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Comme un sort qui lui est lancé, des coups d’Etat et attentats surgissent de manière sporadique et simultanée : la vieille rébellion casamançaise, le Boko Haram au Nigeria, la rébellion touarègue qui était d’actualité avant même le coup d’Etat de la Guinée Bissau. Dans ce cadre, les ministres des Affaires étrangères de la CEDEAO se sont réunis le jeudi dernier à Abidjan pour plancher sur la question. Et coup de théâtre : ils apprennent que des militaires ont pris le pouvoir à Bissau. Et comme d’habitude, la Communauté se fend d’une simple déclaration de condamnation. « La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) condamne formellement et rigoureusement la tentative de coup d'Etat en Guinée-Bissau…Nous avons eu des informations difficiles sur la Guinée-Bissau, et ces informations nous indiquent qu'il y a un coup de force qui est en cours au niveau de la Guinée-Bissau…De même qu'il y a eu fermeté sur la question du Mali après le putsch du 22 mars à Bamako, il y aura fermeté sur le dossier de la Guinée-Bissau. La CEDEAO a suffisamment de capacité pour pouvoir intervenir sur les deux fronts », a déclaré jeudi soir à Abidjan le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan.
Fermeté : le mot est lâché. Ouattara et les Chefs d’Etat de la CEDEAO, qu’on dit « éternellement soumis à la France », pourront-ils résoudre le problème touareg quand on sait que la France est à la base de cette sécession ? De sources diplomatiques, il ressort que la France avait signé un « gentleman agreement » avec les Touaregs pour qu’ils cessent de soutenir Kadhafi en Libye. Et en retour, la France leur facilitera la création et la sécession de leur Etat. Que peut alors faire une « marionnette de la France » comme Ouattara dans un problème de sécession touarègue où ses maîtres sont auteurs, coauteurs directs ou indirects ? Que peut faire Ouattara dans ce bourbier de la Guinée Bissau dont l'histoire est jalonnée de putschs, tentatives de coups d'Etat militaires et de violences politiques depuis son indépendance en 1974, d’autant plus pour accéder au pouvoir, lui-même avait du être aidé par la France de Sarkozy. Pour rappel, suite à un coup d'État militaire en 2003, la Côte d’Ivoire avait entrepris une phase de normalisation démocratique avec des élections législatives en 2004 et une élection présidentielle le 24 juillet 2005. Le 1er mars 2009, le Chef d'état-major des forces armées, le Général Tagmé Na Waié, est tué dans un attentat à la bombe. Le Président João Bernardo Vieira, que certains militaires tiennent pour responsable de l’attentat, est assassiné à son tour, le 2 mars 2009, par des hommes armés. En avril 2010, un coup d'État (qui voit le retour de Bubo Na Tchuto au premier plan) est fomenté par les militaires contre le Premier ministre Carlos Gomes Junior. Ce dernier est relâché le lendemain, mais il reste en résidence surveillée, tandis qu'Antonio Njai se présente comme le nouvel homme fort de l'armée. Le 12 avril 2012, il prend le pouvoir…Une équation bien difficile pour le bloc sous-régional. Aussi attendons-nous de voir de quoi sont vraiment capables les dirigeants ouest-africains.
Paul N’guessan