Cour d'Assises : Des coupeurs de routes acquittés

A cause d’une procédure, dit-on, mal montée et des incohérences dans les faits  tant au niveau de l’enquête préliminaire qu’à l’instruction, la Cour d’Assisses de Bamako vient d’acquitter des individus réputés dangereux pour  la société. C’était au cours de son audience d’hier mercredi 24 novembre 2011.
Ils étaient au nombre de quatre malfrats dont l’enfant d’une greffière près la Cour Suprême de Bamako,   à comparaitre devant la Cour d’Assisses pour répondre du crime d’association de malfaiteurs, vol qualifié et complicité.

Les faits
 En effet, dans la nuit du 28 au 29 janvier 2010, Binafou Dembélé formant un groupe  avec Amadou Didimide alias « tout petit », Djibril Diarra, Daouada  Tangara, Moriba Keita alias « P », Amadou Touré, se sont rendus à Faladiè  à bord d’une voiture de marque ‘’Peugeot 406 ‘’de couleur grise. Ils s’arrêtèrent devant le domicile d’Abdoulaye Touré. Deux individus descendirent du véhicule et pénétrèrent à l’intérieur de ladite maison. L’un d’entre eux en tee-shirt blanc pointa une arme sur le gardien et le second profita pour enlever une moto. Après avoir commis leur forfait, ils réussirent à s’enfuir tous. Cependant, sur dénonciation, une patrouille de la police localisa ledit véhicule qui refusa d’obtempérer aux injonctions des flics. Poursuivant leur patrouille, la police identifia l’homme en tee-shirt blanc qui se trouvait dans la voiture en compagnie d’une autre personne à pied et les appréhenda. Au lieu de l’interpellation de ces deux, les policiers remarquèrent des traces  de pneus qui les conduisirent dans une maison où ils trouvèrent le véhicule indiqué.

Les débats à l’audience 
A l’audience du jeudi 24 novembre, ils étaient 4 à comparaître devant les magistrats de la Cour d’Assises, alors que les autres, jouissant de la liberté provisoire, n’ont pas fait le déplacement. Interrogé sur les faits,  les inculpés, à l’unanimité, ont nié en bloc les faits qui leurs sont reprochés. Mais sur la question des déclarations enregistrées à la police et chez le magistrat instructeur, les prévenus ont affirmé avoir été torturés et violentés pour reconnaitre les faits qu’ils disent ne pas avoir commis. Le Ministère public a dans son réquisitoire, montré ses lacunes dans la maîtrise de ce dossier. Quant aux avocats de la défense, ils ont démontré par des preuves que le dossier a été très mal monté tant à l’enquête préliminaire que chez le juge d’instruction. Et pour preuve, le magistrat instructeur a, au départ, classé le dossier avant de requalifier les faits, qui en réalité, devraient être jugés au correctionnel. Mais curieusement il a atterri au Assises.  Pour les avocats, c’est la cupidité des policiers qui fait que beaucoup de délinquants  qui comparaissent devant le tribunal sont acquittés pour faute de preuve. Aussi, ils ont décrié l’absence de partie civile  à l’audience.

Au cours des débats l’on pouvait comprendre aisément que les inculpés cachaient bien quelque chose aux juges mais à cause des incohérences dans le dossier, le doute planait. Dans leur délibération, les magistrats ont déclaré non coupables les prévenus et les a purement et simplement acquittés.
Ben Dao