Crise au nord : Des réfugiées maliennes racontent leur calvaire

Déc 10, 2012 - 07:57
Déc 10, 2012 - 08:16
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[caption id="attachment_96604" align="alignleft" width="400"] L'ONU a lancé un appel pour 3 milliards d'euros.[/caption] Des maliennes déplacées racontent leurs poignantes histoires de fuite après que le cours de leur vie normale se soit arrêté et que leurs libertés aient été confisquées par les islamistes armés. Des milliers de Maliens ont trouvé refuge en Mauritanie pour échapper à un conflit de plusieurs mois. Mais si les premiers contingents de réfugiés fuyaient les combats et la guerre civile, les plus récents ont des motifs différents. « Les populations du Nord du Mali ne voulaient pas quitter leurs terres. Mais les pratiques très dures imposées par Ançardine et Al-Qaïda les ont contraintes à s'enfuir », explique le militant touareg Boubakar Ansaru. « Les plus vulnérables sont les femmes », indique Abdul Rahman Ag Atay, membre du comité de coordination de la jeunesse touarègue, dans le camp de réfugiés de M'Berra, proche de la ville de Bassiknou, dans le Sud-est de la Mauritanie. Mais il ajoute : «Elles sont quotidiennement soumises à des flagellations, à des agressions et à l'imposition du code vestimentaire islamique». Et Ag Atay, d’ajouter : « Alors que les hommes sont partis pour le front ou ont déjà fui à pied, les femmes, du fait de leur situation, restent dans les villes, en particulier à Tombouctou ». Et Mariama Walet Mohamed, une réfugiée âgée de 28 ans, de déclarer : «Lorsqu'Al-Qaïda et ses affiliés au Maghreb islamique ont chassé le MNLA de Tombouctou, cette ville a changé au-delà de ce qui est imaginable. Je suis née ici et j'y ai passé toute ma vie, totalement libre. Je portais les vêtements que je voulais et je me déplaçais librement où bon me semblait. Mais la prise de contrôle de la ville par les groupes de militants a totalement bouleversé ma vie. J'ai commencé à m'apercevoir que tout ce que j'avais appris sur l'Islam tolérant et la manière dont je vivais étaient considérés comme mauvais par les nouveaux maîtres de la ville». Et Mariama Walet Mohamed, de poursuivre : «Depuis, lorsque je sortais habillée comme j'avais l'habitude de le faire, j'étais agressée et battue parce qu'une partie de mon corps était exposée.  Au départ, nous avons tenté en tant que filles de résister à ces principes très stricts imposés par les djihadistes. Mais nous avons été battues à coups de bâton et jetées en prison». Lorsque cette brutalité est devenue trop difficile à supporter, Mariama Walet a passé un accord avec le chauffeur d'une société de transport public pour partir avec lui pendant la nuit. « Le reste de ma famille a emmené tout notre bétail en-dehors de la ville sous le prétexte de l'emmener en pâture. J'ai rejoint toute ma famille 24 heures plus tard dans le camp de M'Berra. Je remercie Dieu de m'avoir permis d'arriver saine et sauve et d'avoir échappé à la prison qui nous était imposée par les djihadistes islamistes ». Selon la réfugiée Fadimetou Walet Bibi, 50 ans, la pire des souffrances qu'elle a endurées était le fait que ces violences aient été perpétrées au nom de l'Islam. « J'ai connu la guerre des années 1990 contre l'armée malienne qui a fait de nombreuses victimes. Mais le traitement infligé par ces militants a été pire parce que la torture et la restriction des libertés peuvent être plus sévères que la mort. Je suis venue dans ce camp de réfugiés lors des récents affrontements entre le MNLA et le MUJAO, en compagnie de mes quatre filles. Mes filles et moi avons été battues à plusieurs reprises par les djihadistes à Tombouctou alors que nous allions au marché. La raison en était toujours la manière de nous habiller qu'ils considéraient comme non islamique. L'une de mes filles souffre encore de fortes douleurs au dos et aux jambes après avoir été battue par ds jeunes partisans d'Ançardine», explique Walet Bibi avant d'ajouter : «Le plus étrange, c'est que ces jeunes qui n'ont aucune expérience de la vie se voient conférer une autorité totale pour diriger la population et appliquer la charia». Jean Pierre James

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