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Les président Blaise Compaoré et Mahamadou Issoufou[/caption]
Aujourd’hui, le Mali est revenu au centre des sujets d’intérêt de tous les groupuscules ou réseaux mafieux et obscurs en raison principalement du succès des opérations militaires en cours dans la cadre de l’opération Serval conjointement menée jusqu’ici par les armées française et malienne. Certains pays et autres organisations de défense des droits de l’Homme retrouvent subitement la voix soit pour "condamner l’intervention de la France" soit pour "dénoncer des exactions contre des populations civiles" dont ils ne peuvent apporter aucune preuve tangible.
C’est le lieu de saluer la sortie médiatique courageuse de l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), de la Commission nationale des droits humains (CNDH) et de l’Union interafricaine des droits de l’Homme (UIDH), qui ont conjointement animé une conférence de presse le vendredi dernier.
Ces organisations de défense de droits de l’Homme ont unanimement apporté un démenti cinglant aux accusations d’exactions formulées contre les armées malienne et française et contenues dans le dernier rapport d’Amnesty International et relayé en boucle par certains groupes de lobby dont Human Rights Watch (HRW) et la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH).
De l’avis de ces organisations présentes effectivement sur le terrain depuis le début des opérations jusqu’à ce jour, elles n’ont eu connaissance d’aucune exaction commise à l’encontre de populations civiles par l’une de ces deux forces armées de façon avérée, qualifiant lesdites accusations "d’allégations mensongères et de fuite en avant".
A partir de l’ultime affront lancé à la figure de la communauté internationale par les groupes terroristes mis en confiance et encouragés par le comportement et les attitudes ambigües de certains partenaires du Mali (?) dans la gestion de cette crise depuis son éclatement le 17 janvier 2012, les armées française et malienne ont non seulement stoppé net la progression des salafistes vers le Sud du pays, mais la contre-offensive menée avec brio a permis aux deux forces de reconquérir, en un temps record, toutes les régions illégalement occupées par les ennemis intérieurs du Mali.
Nul besoin aujourd’hui de rappeler les complicités dont ont bénéficié les envahisseurs de notre territoire composés entre autres du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), d’Ançar Eddine, du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), de la secte Boko-Haram.
A part le MNLA et Ançar Eddine d’une certaine façon, tous ces autres groupuscules sont composés d’éléments non maliens. En effet, si l’aile politique du MNLA ou d’Ançar Eddine est essentiellement constituée de nationaux maliens, tel n’est visiblement pas le cas des combattants de ces deux mouvements qui sont pour la plupart des "Libyens", des Algériens, des Mauritaniens, des Pakistanais, des Egyptiens et autres.
Perceptions différentes de deux chefs d’Etat de la sous-région
La situation de guerre au Mali occupe l’essentielle de l’actualité africaine depuis le déclenchement de l’opération Serval le 11 janvier dernier.
C’est ainsi que profitant du plateau de l’émission "Internationales" sur RFI et TV5, le président nigérien, Mahamadou Issoufou, a trouvé les mots on ne peut plus justes pour décrire les causes réelles de la crise malienne. Selon Mahamadou Issoufou, "la situation au Mali est la conséquence directe ou indirecte d’une conjonction de facteurs mis à profit par des groupes malintentionnés pour mettre à mal la stabilité de la sous-région et l’intégrité territoriale du Mali".
En effet, pour Mahamadou Issoufou, "tout est parti du rejet vers le Sud du pays, qui constitue également le Nord du Mali, au début des années 1990, des résidus du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), mouvement fondamentaliste religieux vaincu par l’Algérie. Ces éléments venus ainsi d’Algérie sont progressivement incrustés dans toutes sortes de trafics au nord du Mali avant de transformer leur mouvement un peu plus tard en Aqmi".
Toujours selon le président nigérien, "l’état-major commun mis en place par les différents pays dits du Champ (Algérie, Mali, Mauritanie, Niger) pour juguler les menaces découlant de cette nouvelle donne n’a malheureusement jamais pu fonctionner normalement pour atteindre ses objectifs. Cette situation a été aggravée par la crise libyenne qui a occasionné le retour massif de combattants touaregs d’origine malienne vers le Mali".
A ce sujet, le président Mahamadou Issoufou apporte une précision de taille très souvent occultée par bon nombre de pseudo-spécialistes de la question touarègue ou du Nord du Mali. Il s’agit notamment du fait que la majorité de ces gens venus ou revenus (pour certains) de Libye, "ne partageait plus rien de commun avec la société malienne pour avoir été longtemps (20 à 30 ans) coupés des réalités socioéconomiques et culturelles de leur pays d’origine. Donc, à partir de cet instant, ils n’avaient pratiquement plus aucun sentiment d’appartenance à la nation malienne. D’où la tentation de se laisser facilement manipuler par des vendeurs d’illusions sécessionnistes".
Ce que le président nigérien a volontairement tu, c’est que la tâche leur a été facilitée par certains gouvernements de pays voisins ou non, qui ont naïvement cru "que le MNLA pouvait servir de barrière contre le terrorisme et au narcotrafic dans cette partie du territoire malien". Malheureusement, tous ceux qui étaient dans cette logique se sont rapidement rendus à l’évidence du contraire à travers l’infiltration et la récupération du mouvement ainsi mis en orbite par les jihadistes et leurs suppôts terroristes pour "assouvir leurs desseins machiavéliques et obscurantistes contre l’islam vrai et le monde civilisé".
Aujourd’hui comme hier, le président nigérien privilégie l’option militaire dans un premier temps pour le rétablissement de la souveraineté et de l’intégrité totale et entière du Mali sur l’ensemble de son territoire. Ensuite, il clame l’intangibilité des frontières issues de la colonisation ; le désarmement sans condition des groupes et mouvements rebelles, notamment le MNLA, qui, selon lui, "est loin d’être représentatif de la communauté touareg" et "l’approfondissement de la démocratie partout sur le continent en vue d’un développement harmonieux durable pour toutes les communautés nationales sans exclusive". Mahamadou Issoufou prône une approche globale conciliant renforcement démocratique à travers le libre choix des communautés dans la gestion des affaires de leurs localités et un développement transversal équitable pour tous.
Quant au président Blaise Compaoré du Burkina Faso, de surcroit "médiateur de la Cédéao dans la crise malienne", il considère que cette la crise est "la conséquence d’une mauvaise gouvernance de l’Etat central du Mali vis-à-vis des régions du Nord et une certaine mise à l’écart des populations touarègues".
Ces propos ont été tenus par le Médiateur de la Cédéao lors d’une conférence de presse animée en marge du 20e sommet de l’Union africaine récemment à Addis-Abeba. Heureusement que les statistiques existent en la matière pour rappeler au président burkinabé sa mauvaise foi et sa partialité flagrante à travers une présentation aussi erronée visant à justifier une guerre absurde et injuste imposée au peuple malien.
En effet, les données chiffrées relatives aux investissements publics (budget de l’Etat) et de l’apport des partenaires techniques et financiers (PTF) en faveur des régions du Nord sont sans commune mesure nulle part ailleurs sur le territoire national pendant les 20 dernières années. Ce sont en effet plusieurs centaines, voire des milliers de milliards de F CFA débloqués dans ce sens par l’Etat et ses partenaires.
Mais ce que Blaise feint d’ignorer c’est le fait que les soi-disant "notabilités" et autres "leaders autoproclamés" qui pullulent dans ces régions se sont très généralement accaparés de ces fonds en les utilisant à d’autres fins au détriment de leurs communautés et du développement de leurs localités. Comparaison n’est peut-être pas forcément raison. Mais, il est bon de rappeler à tous ceux qui font de tels raccourcis pour justifier l’injustifiable attaque contre le Mali et le peuple malien par des bandits armés, des narcotrafiquants, des terroristes et autres jihadistes ni foi ni loi, que partout ailleurs au Mali, le relatif développement constaté est le fruit d’efforts conjugués entre l’Etat central et les populations laborieuses des localités concernées.
Ainsi, aucun centre de santé, aucune mosquée, aucun puits à grand diamètre, aucune piste rurale, aucun pont, aucune école, aucun château d’eau, aucune action d’électrification ne se réalise ailleurs au Mali sans la forte implication et la contribution souvent plus élevée que la part de l’Etat des populations bénéficiaires.
Malheureusement, il n'en est pas ainsi partout et pour tous au Mali. De l’indépendance jusqu’à nos jours, malgré l’avènement d’un processus de décentralisation plus ou moins réussie, le Mali a continué de se poser en "Etat providence" pour certains de ses citoyens contre toutes logiques en la matière. Pis, ce sont toujours ceux-là, "les enfants gâtés de la République" qui ont de tout temps pris les armes contre l’Etat.
En 2012, combien de projets et programmes d’investissements étaient en cours ou en phase de démarrage dans les trois régions du Nord ? Là encore, c’est en centaines de milliards de F CFA qu’il faut raisonner. Depuis le 17 janvier 2012 tout a été arrêté. Pis, tous les biens et symboles de l’Etat ont été vandalisés, pillés ou simplement détruits par des fanatiques et autres apatrides.
Mais, au-delà des biens de l’Etat, comment justifier la profanation de lieux saints, de mosquées ou autres lieux de culte, les atrocités, les viols et autres souffrances gratuitement infligées à de paisibles populations ? Non, M. Blaise Compaoré, ce qui s’est passé ces 12 derniers mois au nord du Mali, n’est pas défendable et encore moins justifiable.
Faut-il croire que vos propos ont trahi votre pensée et votre intime conviction par rapport à la crise malienne ? Sinon, il devient à présent très aisé de comprendre comment et en quoi "une médiation" sous votre houlette ne pouvait aboutir à rien d’autre que l’exacerbation de l’arrogance et du mépris profond dont ont fait preuve tout au long de ce processus vos "interlocuteurs privilégiés", notamment MNLA et Ançar Eddine.
Pouvait-il en être autrement dès lors que vous trouvez "des excuses" ou "des raisons justifiées" aux comportements de ceux-là que vous devriez plutôt ramener à la raison ? En tous les cas, il importe de se demander au fait qui a été floué dans cette affaire ? Le Mali ? La Cédéao ? Ou tous les deux ? A chacun d’en tirer les leçons qu’il veut et d’apprécier comme il entend !
Pour notre part, nous demeurons convaincus que le Mali survivra à tous ses détracteurs et ennemis quels qu’ils soient !
Bréhima Sidibé